Le neveu de Wittgenstein

du 27 septembre au 26 octobre 2007

Le neveu de Wittgenstein

Dans Le Neveu de Wittgenstein, Thomas Bernhard évoque son amitié avec Paul Wittgenstein, neveu du philosophe Ludwig Wittgenstein. Cette amitié essentielle et vitale rapproche deux hommes en conflit avec le monde. C’est dans la mise à l’écart du monde par la maladie que Thomas Bernhard prend conscience de la valeur et du caractère unique du lien qui l’unit à son ami Paul.

Une amitié
Note d'intention
Le Neveu de Wittgenstein, extrait

  • Une amitié

« Paul jetait continuellement par la fenêtre les trésors de son esprit », écrit Thomas Bernhard au sujet de son ami Paul Wittgenstein, le neveu du célèbre philosophe Ludwig Wittgenstein. Récit aussi drôle que puissant, Le Neveu de Wittgenstein trace non seulement le portrait d’un original irréductible, mais c’est aussi une très émouvante histoire d’amitié.

Le livre est d’autant plus touchant, peut-être, que Thomas Bernhard s’y met en scène alors qu’il se retrouve avec Paul Wittgenstein dans le même hôpital viennois. Seulement, Bernhard est au pavillon pneumologie, tandis que Paul est au pavillon psychiatrie. Usant abondamment des parallèles et des aller-retour, comme aime tant les pratiquer son auteur, le livre mêle des considérations de toutes sortes sur la vie, la mort, la maladie en dosant habilement sarcasmes et réflexions profondes.

Pour faire entendre ce texte avec tout son humour et ses nuances, le metteur en scène Bernard Levy a fait appel à Serge Merlin. Cet immense comédien, athlète du monologue, a depuis longtemps prouvé, notamment par ses interprétations de Samuel Beckett et aussi de Thomas Bernhard (il était le Réformateur mis en scène par André Engel) qu’il savait comme personne moduler et respirer un texte.

« Pendant un siècle, les Wittgenstein ont produit des armes et des machines, puis, pour couronner le tout, ils ont fini par produire Ludwig et Paul », écrit Bernhard avec ce ton mi-sérieux mi-goguenard qui lui permet de faire passer les vérités parfois les plus terribles comme s’il s’agissait d’une simple boutade. Alors, il se souvient du temps où Paul aimait boire « du champagne par bouteilles entières, dès le matin ». Paul qui, écrit-il, « savait jouir comme personne des choses de la vie ».

La seule personne en qui Bernhard disait sentir « un vrai ami qui comprenait jusqu’aux escapades les plus folles de mon esprit ». Ami dont il se souvient dans ce récit, lui qui n’a pas voulu assister à son enterrement et encore moins lire un discours devant sa tombe, comme de « cet être, le seul homme avec qui j’ai pu avoir une conversation qui me convienne, trouver un sujet commun, peu importe lequel, et même le plus ardu, et le développer librement ».

Hugues Le Tanneur

  • Note d’intention

Dans Le Neveu de Wittgenstein, Thomas Bernhard évoque son amitié avec Paul Wittgenstein, neveu du philosophe Ludwig Wittgenstein. Il s’agit d’une amitié essentielle et vitale qui rapproche deux hommes en conflit avec le monde, deux hommes qui se retrouvent dans un hôpital viennois. C’est dans cette mise à l’écart du monde par la maladie que Thomas Bernhard prend conscience de la valeur et du caractère unique du lien qui l’unit à son ami Paul.

Lorsque j’ai lu la première fois ce roman, j’ai été étonné de l’immense tendresse et de l’émotion qui s’en dégagent. Je connaissais surtout le théâtre de Thomas Bernhard, sa férocité descriptive de la société autrichienne, la violence obsessionnelle de sa langue. Le Neveu de Wittgenstein m’a révélé sa fragilité et sa profonde humanité que je percevais déjà, mais que je n’avais jamais aussi directement ressenties.

Si le récit de l’amitié entre les deux hommes est une réflexion sur la solitude, la folie et la mort, il retrace aussi l’histoire de leur complicité par le biais d’anecdotes d’une drôlerie extraordinaire. C’est ce constant aller et retour qui me touche et me donne envie de faire entendre cette voix.

J’ai découvert ce texte par l’intermédiaire de René Gonzalez et Serge Merlin et je perçois une réelle continuité entre ce projet et mon précédent travail sur l’œuvre de Samuel Beckett. Ces deux auteurs aux styles apparemment opposés ont des points communs flagrants : au-delà de leur humour féroce et de leur absence de complaisance envers le genre humain, je perçois chez eux une extrême sensibilité dont toute la singularité est de s’inscrire dans une recherche minutieuse et parfois obsessionnelle du mot juste pour décrire l’indicible fragilité de l’être.

Dès lors, ce qui pourrait nous paraître violent et quelque peu morbide n’est pas l’effet d’une rage froide et gratuite, mais l’expression d’un désarroi profondément humain, comme quelqu’un qui, après une crise, s’abandonnerait et nous laisserait entrevoir une autre part de lui-même.

Bernard Levy, Jean-Luc Vincent – mars 2007

  • Le Neveu de Wittgenstein, extrait

En mille neuf cent soixante-sept, au pavillon Hermann de la Baumgartnerhöhe, une des infatigables religieuses qui y faisaient office d’infirmières a posé sur mon lit ma Perturbation, qui venait de paraître, et que j’avais écrite un an plus tôt à Bruxelles, 60 rue de la Croix, mais je n’ai pas eu le force de prendre le livre dans mes mains, parce que je venais, quelques minutes auparavant, de me réveiller d’une anesthésie générale de plusieurs heures, où m’avaient plongé ces mêmes médecins qui m’avaient incisé le cou pour pouvoir m’extraire du thorax une tumeur grosse comme le poing.

Je me rappelle, c’était pendant la Guerre des Six Jours, et, à la suite du traitement intensif à la cortisone auquel on m’avait soumis, ma face de lune se développait comme les médecins le souhaitaient ; pendant la visite, ils commentaient cette face de lune dans leur style facétieux qui me forçait à rire, moi qui, à leur propre dire, n’avait plus quequelques semaines, au mieux quelques mois à vivre.

Au pavillon Hermann, il n’y avait au rez-de-chaussée que sept chambres et, dans ces chambres, treize ou quatorze patients qui n’avaient rien d’autre à attendre que la mort. Dans leur robe de chambre de l’établissement, ils traînaient d’un pas mal assuré dans le couloir, et, un beau jour, ils disparaissaient pour toujours. Une fois par semaine, le célèbre professeur Salzer, l’as de la chirurgie des poumons, faisait irruption au pavillon Hermann, toujours en gants blancs et avec une allure qui inspirait terriblement le respect, et cet homme très grand et très élégant était escorté presque en silence jusqu’à la salle d’opération par un essaim affairé de sœurs infirmières.

Ce fameux professeur Salzer, par qui les patients de première classe se faisaient opérer, parce qu’ils misaient sur sa célébrité (moi-même je m’étais fait opérer par le médecin chef de service, un fils de paysan trapu, originaire du Waldviertel) était un oncle de mon ami Paul, également neveu du philosophe dont tout le monde savant et, plus encore, le monde faussement savant, connaît maintenant le Tractatus logico-philosophicus, et, juste pendant que je séjournais au pavillon Hermann, mon ami Paul séjournait, à quelque deux cents mètres de là, au pavillon Ludwig, qui, il est vrai, ne faisait pas, comme le pavillon Hermann, partie du service de pneumo-phtisiologie, et donc de ce qu’on appelle la Baumgartnerhöhe, mais de l’hôpital psychiatrique de Steinhof.

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