Le livre de Damas et des prophéties

du 6 au 12 décembre 2012

Le livre de Damas et des prophéties

Dans Le Livre de Damas et des prophéties se croisent Farouk, Fadwa, Maïr, Isaac, Rachel…, gens du pouvoir et du peuple, syriens et israéliens : un conte flamboyant pour tenter, une fois encore, de construire sa propre humanité en reconnaissant celle de l’autre, d’imaginer une histoire commune là où la force et la « politique du bras tordu » ont lamentablement échoué.
  • Un conte flamboyant

Grand dramaturge syrien, Saadallah Wannous (1941-1997) est un des très rares intellectuels arabes à avoir dénoncé l’instrumentalisation politique du soi-disant éternel conflit israélo-palestinien, pour asservir et aveugler autant les peuples arabes que celui d’Israël.

Dans Le Livre de Damas et des prophéties se croisent Farouk, Fadwa, Maïr, Isaac, Rachel…, gens du pouvoir et du peuple, syriens et israéliens : un conte flamboyant pour tenter, une fois encore, de construire sa propre humanité en reconnaissant celle de l’autre, d’imaginer une histoire commune là où la force et la « politique du bras tordu » ont lamentablement échoué.

D’après Un jour de notre temps et Le Viol de Saadallah Wannous.

  • Note d'intention

Quand je parlais de Saadallah Wannous je parlais de moi ; avant lui Camus : depuis l’âge de 18 ans je me suis, sans savoir comment, identifié à Camus, au point d’être sûr que j’allais mourir d’un accident de voiture.

Cinq, six ans plus tard, j’étais convaincu que ce serait d’un cancer que j’allais mourir et, sans le savoir, je m’étais identifié à Saadallah Wannous. Je pensais que lui c’était moi jusqu’au jour où j’ai lu sa dernière phrase, dans Une mort éphémère. Le sens de la phrase était, car je traduis vite de l’arabe, « Job pouvait blâmer son dieu, mais moi qui blâmerai-je ? Du néant je suis venu et dans le noir je vais ». Qu’est-ce que j’étais soulagé de ne plus devoir mourir d’un cancer.

J’ai dit : « Saadallah ! C’est fini entre nous, comment ça t’es athée et tu meurs athée ! Non il n’y a plus rien entre nous », car j’ai oublié de dire que j’étais croyant, musulman, pratiquant et que j’avais frôlé à plusieurs reprises le fanatisme et l’extrémisme religieux. Je continuais à feuilleter ses oeuvres tout de même et j’ai fait une mise en scène à Paris : Le roi c’est le roi. Mais un questionnement me poursuivait : pourquoi quelqu’un comme Saadallah (et d’autres penseurs éclairés, engagés, progressistes et intègres) devait-il pourrir éternellement en enfer ? C’est précisément cette question qui a déclenché en moi cette quête du vrai ou du faux, du spirituel ou du religieux, de l’ombre et de la lumière, de l’apparence et de la vérité et enfin du degré littéral ou du symbolique dans le sacré.

Si on rajoutait à tout cela le choc énorme du 11 septembre 2001, la rencontre de la voie soufie et enfin Rituels pour des signes et des métamorphoses, on comprendrait comment j’ai pu accéder au rang des vivants et me libérer de ma mort certaine (l’immobilisme). D’un voyageur immobile, je suis devenu un voyageur. Merci Saadallah Wannous.

Pour être complet sur ce sujet : à ceux qui me posent la question pourquoi ce texte ? Et pourquoi maintenant ? Je donnerai la même réponse qu’a donnée Wannous à la même question : « Si je devais préciser exactement les motifs, les influences et les idées qui m’ont amené à faire ce travail, je devrais écrire une autobiographie des dix dernières années. Et comme cette autobiographie n’est ni nécessaire, ni importante, je me contente de dire que des métamorphoses se sont produites au plus profond de mon être, et qu’elles m’ont amené à ce que j’appelle : la contemplation active de l'histoire ».

Fida Mohissen

  • La forme

Pour éviter aux textes de Wannous un traitement naturaliste qui risque de les rendre anecdotiques, redondants ou exotiques, j’ai, depuis mon travail sur Rituels pour des signes et des métamorphoses, puisé dans les tréfonds de ses textes et de son esthétique théâtrale. Saadallah Wannous est un conteur et nous sommes également un peuple de conteurs, de culture orale.

Ces histoires écrites sous forme de pièces de théâtre, je choisis de les raconter, mais vraiment raconter, par des comédiens qui, à chaque instant, cultivent la distance avec leurs personnages, en évitant l’incarnation, en ne jouant pas qu’un seul rôle, mais en racontant plusieurs vies.

À travers cette proposition artistique, je tiens à affirmer la dimension du conte. Mon souci, mon obsession, c’est de pouvoir dépasser les mots, d’accéder au niveau « du dit ».

Par ce choix, j’aimerais remettre l’Homme au centre des préoccupations. Porter le regard sur l’être humain, car notre civilisation postmoderne s’efforce d’effacer l’Homme et s’évertue à valoriser l’artifice, devenu essentiel, au détriment de l’individu. Remettre également la parole au centre en prenant soin de freiner l’invasion de l’image dans nos espaces. La parole a la vertu de laisser le temps au propos. Elle permet d’instaurer une distance et de laisser la place à l’analyse, tout en ayant la capacité d’aller droit au coeur et d’éveiller des émotions.

Cette sobriété, cet épurement, se veut acte de résistance. Je souhaite apporter un espace de méditation sur notre condition face au déchaînement et à l’extrême agitation qui nous entraîne, impuissants et anesthésiés, vers un précipice, au mieux vers une impasse. Cette résistance est pacifique, mais combat une idéologie dogmatique se voulant dominante, écrasante, appauvrissante et ayant pour but de couper l’homme de son humanité, de son Être. Le priver ainsi de sa capacité de jugement, d’analyse, brouiller sa boussole intérieure, faire de lui un consommateur acharné, un monstre. Cette volonté est un grain de sable sur la route du tragique, une tentative de l’empêcher d’aller jusqu’à son terme, d’empêcher l’inévitable de se produire.

Tous les projecteurs sont aujourd’hui braqués sur une seule facette de l’Homme : son apparence. Sur sa capacité à avoir, à consommer, à grossir, à s’étendre, à avaler, engloutir, englober… Ce qui m’importe est de creuser dans ces contrées invisibles de notre être, de partir à la conquête de ce qui fait de l’Homme un héritier des dieux, de ce qui compose sa transcendance, sa richesse.

Fida Mohissen

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Spectacle terminé depuis le mercredi 12 décembre 2012

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