
Après Cyrano de Bergerac, et le Portrait de Dorian Gray, voici la 3ᵉ grosse mise en scène théâtrale de Janguy Lizin.
L’émotion sera d’autant plus forte qu’il a choisi un des classiques du répertoire, une fable intime et universelle : Le Roi se meurt, (d’Eugène Ionesco). Emblématique du mouvement du théâtre de l’absurde, cette tragi-comédie créée en 1962 à Paris raconte en direct et en temps réel, l’agonie du Roi Bérenger.
Eugène Ionesco n’était pas à une pirouette près, Janguy Lizin non plus.
Il offre ainsi aux spectateurs un excellent moment de théâtre. Une adaptation aux dialogues modernisés, tout en gardant la trame de l’auteur. Il mêle la tragédie, le cynisme, le désespoir, l’espoir, en n’oubliant pas de dédramatiser par l’humour. Dès le début, les cartes sont abattues : le roi va mourir. Et après tout, il a assez vécu ce vieux monarque égoïste, égocentré et tyrannique, qui pendant son règne, a davantage pensé à lui et au court-terme plutôt qu’à son royaume. Cette chronique d’une mort annoncée mixe allègrement la terreur quand s’annonce la grande faucheuse et l’infinie espérance malgré tout du goût de vivre.
Une mise en scène originale, pleine de panache avec des mouvements dynamiques autour du trône. Sans oublier des éléments originaux, s’ajoutant avec finesse au sens de l’histoire.
C’est délicieux, tendre, touchant, drôle et dynamique.
Une bien belle comédie, à voir absolument !
« Je suis parti de l’image d’un royaume réduit à une unique salle du Trône, d’un pouvoir qui se délite comme un appareil ménager fatigué. Mon ambition n’était pas de moderniser Ionesco au sens technologique, mais de creuser la part de tendresse et de cruauté qui habite chaque réplique. Le texte garde sa force comique ; je veux que le rire devienne le moyen d’approcher la peur primitive de la fin. »
Janguy Lizin
17 boulevard de Strasbourg 75010 Paris