Le More cruel

Tragédie française d'un More cruel envers son seigneur nommé Riviery, gentilhomme espagnol, sa Damoiselle et ses enfants.

• Tragédie française

Le Théâtre des Amandiers accueille la tragédie du More cruel, au programme d’une série d’événements proposés par l’université de Paris X-Nanterre, à l’occasion d’un colloque en octobre 2009 sur « La violence au théâtre et dans les arts aux XVIe et XVIIe siècles ».

Depuis quelques années, le théâtre français redécouvre des textes décrivant directement ou à travers des références antiques et historiques, l’extrême violence de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle.

L’intrigue de la pièce est résumée par son long titre : un esclave maure, longtemps battu par Riviery, son maître, décide de s’en venger : Riviery aura beau affranchir son esclave, la vengeance ira jusqu’à son terme. Profitant du départ de son maître, le More s’enferme dans le château et viole la femme de Riviery, la Damoiselle, sous les yeux de ses enfants. Et lorsque le maître revient, il l’oblige par chantage à se couper le nez, puis tue les enfants et égorge la Damoiselle avant de jeter les corps du haut des créneaux. Ses forfaits accomplis, il se jette à son tour par-dessus les murailles, échappant ainsi à toute rétorsion et laissant dans les douves de terribles cadavres que Riviery, en père défiguré et en veuf éploré, atterré, contemple.

Mettre en scène Le More cruel, c’est mettre en scène une série d’humiliations, un échange de violences, un flot de crimes, une vengeance terrible dont la légitimité est ostensiblement figurée, exposée, examinée sur scène. Bourreau et maître de cérémonie machiavélique, le More dirige toute l’intrigue, rusant et se jouant de son ancien tortionnaire repenti pour mieux l’anéantir.

Tragédie de l’action, tragédie juridique problématique, cette pièce culmine dans l’effroi. Acta est fabula : la pièce, la fable, est jouée.