Le Monte-plats, Célébration

du 23 au 28 octobre 2007
1h30

Le Monte-plats, Célébration

Harold Pinter fait fusionner deux mondes, celui de la situation quotidienne, consciente, de la réalité de surface, dont chacun se sert faute de mieux dans sa hâte de se guider d’après les apparences les plus grossières, et celui de la réalité cachée, de la réactivité intrapsychique, qui contredit l’autre, l’altère et donne toute l’épaisseur psychologique à ses personnages.

"Au lieu d’une incapacité quelconque à communiquer, il y a en chacun de nous un mouvement intérieur qui cherche délibérément à esquiver la communication." Harold Pinter

  • Note du metteur en scène

Ben et Gus, tueurs à gages déguisés en serveur attendent le client, Le temps qui passe, lentement, trop lentement… devient gênant. Apparaît alors un étrange monte-plats venu d’ailleurs qui se met à réclamer des plats cuisinés qui leur sont impossibles de préparer.

Malgré la mise en garde de Ben, Gus s’interroge. Mais il y a certaines des questions qu’il est dangereux de poser.…. Il l’apprendra à ses dépens. Quelques mètres plus haut et quarante ans plus tard le monte-plats est en fait chez lui dans Célébration.

Remontés des profondeurs, nous sommes maintenant dans un restaurant de luxe où un jeune homme (Le serveur ) amène des plats cuisinés à trois couples qui boivent, fument et se dévorent. Il tente de communiquer avec eux, mais ses efforts et ses espoirs restent vains. Il est contraint alors à déformer le réel afin d ‘essayer de le comprendre, de l’exprimer, de le fuir peut être, de trouver une issue : La poésie ? La mort ? Le monte-plats ?

Harold Pinter fait fusionner deux mondes, celui de la situation quotidienne, consciente, de la réalité de surface, dont chacun se sert faute de mieux dans sa hâte de se guider d’après les apparences les plus grossières, et celui de la réalité cachée, de la réactivité intrapsychique, qui contredit l’autre, l’altère et donne toute l’épaisseur psychologique à ses personnages. Il exprime ainsi le dialogue intérieur guettant l’instant où la vérité les envahit comme une révélation, démasquant alors la contradiction totale entre ce qui est dit et ce qui est ressenti.

Il s’agit donc pour nous d’exposer les choses non pas telles que nous croyons les voir mais telles qu‘elles sont vraiment c’est-à-dire transposées à travers le prisme de notre imagination, comme à travers un miroir déformant.

Afin de construire cet univers difforme, Je travaille comme à l’intérieur d’un cadre où je décide de ce qui doit être exalté selon la séquence. Chaque élément visible doit avoir une force en soi se rajoutant à l’ensemble. Ce qui conduit à une direction d’acteur extrêmement précise du plus petit mot au moindre clignement d’oeil afin de rendre visible ce qui d’ordinaire est noyé dans une agitation générale.

La difficulté pour l’acteur réside en ce qu’il ne doit pas, malgré une forme très contraignante, perdre une vérité dans le jeu mais au contraire profiter du dessin et du temps parfois dilaté, pour aller chercher au plus profond de lui la résonance intérieure.

Nous tentons ainsi de regrouper différentes forces de plusieurs arts. La peinture par exemple, non pas en mettant un tableau sur scène mais en l’utilisant par ce qui nous touche en elle : l’équilibre des formes et des couleurs, l’arrêt du temps. La danse, c’est-à-dire la maîtrise du corps, le sens du rythme. Et enfin la photographie pour la puissance d’une image, d’un regard, d’un angle de vue.

Tout ce qui peut transcender le sens doit être utilisé pour essayer de découvrir des formes nouvelles. En s’attaquant au subconscient, Pinter va directement à l’essentiel ; il heurte les préjugés profonds, à la fois moraux et esthétiques. Donnant des hommes une image gênante, ses pièces acquièrent un pouvoir subversif, contribuent à ébranler les stéréotypes, encouragent la suspicion à l’égard des discours aliénants, favorisent une écoute différente.

Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes soumis à une oppression politique, sociale et morale qui érode nos libertés fondamentales. Ainsi nous refoulons certains de nos besoins vitaux au plus profond de nous-mêmes. Ce comportement apparemment anodin nous permet de nous intégrer au sein de la société, et conduira inévitablement à notre perte. Le pire c’est que nous ne pouvons jamais nous en apercevoir, vivre toute une vie dans un mensonge absolu pour les autres et pour nousmêmes et finir par oublier ce que nous sommes réellement, ce que nous voulons vraiment, pour ne plus être que de simples marionnettes que nous manipulons nous-mêmes formant une société artificielle, construite sur un mensonge perpétuel.

L’art n’est à la hauteur que s’il ouvre sur une critique et une remise en question des modèles établis.


Alexandre Zeff

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Informations pratiques

Théâtre 13 - Glacière

103A, bd Auguste Blanqui 75013 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Restaurant
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  • Bus : Glacière - Auguste Blanqui à 121 m
  • Accès : par le mail au 103A, bvd Auguste Blanqui ou par la dalle piétonne face au 100, rue de la Glacière

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Plan d’accès

Théâtre 13 - Glacière
103A, bd Auguste Blanqui 75013 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 28 octobre 2007

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