Le Médecin malgré lui

Nanterre (92)
du 9 mars au 7 avril 2007

Le Médecin malgré lui

Sans doute la farce la plus réussie de Molière, à la fois aboutissement d’un genre et cri du cœur d’un auteur qui en faisant rire des autres, riait aussi de lui-même. Avec Eric Elmosnino et Alain Pralon.

L'aboutissement de la farce
Extrait
Note d’intention
Molière (1622 – 1673)

  • L'aboutissement de la farce

Une comédie en trois actes, en prose. Une farce dont le thème rappelle Le Médecin volant, et qui creuse la veine inaugurée par L’Amour médecin, et poursuivie jusqu’au Malade imaginaire.

Sganarelle bat sa femme. Celle-ci accepte d’être battue, mais ne s’en venge pas moins en disant à deux domestiques en quête d’un médecin habile, que Sganarelle est le plus habile qui soit, mais n’en conviendra que si on le bat. Battu, Sganarelle s’avoue médecin et est amené devant Lucinde, qui fait la muette parce que Géronte son père veut la marier à un autre que Léandre…

Le Médecin malgré lui est sans doute la farce la plus réussie de Molière, à la fois aboutissement d’un genre et cri du cœur d’un auteur qui en faisant rire des autres, riait aussi de lui-même.

Le texte de la pièce est publié aux éditions Gallimard.

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  • Extrait

Je suis d’avis de m’en tenir toute ma vie à la médecine. Je trouve que c’est le métier le meilleur de tous ; car, soit qu’on fasse bien ou soit qu’on fasse mal, on est toujours payé de même sorte : la méchante besogne ne retombe jamais sur notre dos ; et nous taillons comme il nous plaît, sur l’étoffe où nous travaillons. Un cordonnier, en faisant ses souliers, ne saurait gâter un morceau de cuir qu’il n’en paie les pots cassés ; mais ici l’on peut gâter un homme sans qu’il en coûte rien. Les bévues ne sont point pour nous ; et c’est toujours la faute de celui qui meurt. Enfin, le bon de cette profession est qu’il y a parmi les morts une honnêteté, une discrétion la plus grande du monde ; et jamais on n’en voit se plaindre du médecin qui l’a tué.

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  • Note d’intention

La maxime du spectacle pour moi est : « l’habit fait le moine ! » Ou comment Sganarelle, malheureux alcoolique va se faire piéger par sa femme qu’il tabasse devant ses enfants en bas âge. Il se retrouvera projeté à grands coups de bâtons dans une riche maison, à devoir faire le médecin. A peine lui a-t-on passé la blouse blanche adéquate, que le regard des autres change.

Pour arriver à des scènes inouïes, où un faux médecin tente de soigner une fausse malade, et qui la guérira en lui faisant cracher sa vérité… en la soûlant ! Là aussi chez Lucinde on se retrouve dans une famille en crise, où la mère est absente (peut-être morte ?), et où l’ado tombe littéralement sur son père complètement dépassé par les événements. Et dire qu’il lui voulait du bien ! L’éternel malentendu entre le désir de caser sa fille avec un garçon bien et celui d’une jeune fille qui veut s’affirmer, et se dit amoureuse.

Parmi mes références, pour les ambiances, je peux citer pour le premier acte certains films néo-réalistes italiens (jusqu’à Le Pigeon de Monicelli), et certains lazzi directement issus de la commedia dell’arte (quand Martine et Sganarelle « tuent » M. Robert, quand Valère et Lucas rossent Sganarelle à coups de roues de vélo…) Je pense qu’il faut donner à voir et entendre en toile de fond la crudité du drame social un peu glauque que vivent Martine et Sganarelle qui rament dans leur caravane au bord d’une «voie rapide», et toute la violence engendrée par ce gâchis…

Pour les deux actes suivants, je suis dans La Règle du jeu de Renoir : Sganarelle pourrait être le braconnier Marceau joué par Carette, Lucas le garde forestier Schumacher, la bonne sa femme Lisette que joue Paulette Dubost, Marcel Dalio pourrait être un Géronte non convenu et hyper convaincant. Cela m’amuse beaucoup de penser à la pièce à travers ce film de Renoir. Et puis il y a cette sublime scène, pour moi capitale, où Sganarelle raquette le vieux paysan Thibaut : sa femme est en train de mourir, ce médecin Sganarelle est son dernier espoir : après avoir rançonné de tout son argent, il donnera comme remède au vieux et à son fils qui l’accompagnait un morceau de « fromage », un reste de croûte de tomme restant sur la table désormais achalandée du faux médecin.

Il n’y a pas de morale. Il n’y a pas de pitié. Il n’y a pas de compassion. A travers les ruses dont Sganarelle usera pour profiter un maximum du système, Molière ne perd jamais de vue le fond de l’histoire : une certaine douleur, morale et physique, la maladie, la mort, et finalement il décrit une microsociété qui ne repose que sur l’inégalité, et sur cette règle : écrase, écrabouille l’autre pour t’en sortir toi-même. Je pense qu’on rit beaucoup, mais je veux trouver ce ton en demi-teinte, où le grinçant n’est jamais loin, et où l’humour (plutôt que le grotesque) devient un moyen de survie, l’arme des faibles.

Jean Liermier

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  • Molière (1622 – 1673)

« Molière est un de ces illustres témoins ; bien qu’il n’ait pleinement embrassé que le côté comique, les discordances de l’homme, vices, laideurs ou travers, et que le côté pathétique n’ait été qu’à peine entamé par lui et comme un rapide accessoire, il ne le cède à personne parmi les plus complets, tant il a excellé dans son genre et y est allé en tous sens depuis la libre fantaisie jusqu’à l’observation la plus grave, tant il a occupé en roi toutes les régions du monde qu’il s’est choisi, et qui est la moitié de l’homme, la moitié la plus fréquente et la plus activement en jeu dans la société. (…)

Molière est du siècle où il a vécu, par la peinture de certains travers particuliers et dans l’emploi des costumes, mais il est plutôt encore de tous les temps, il est l’homme de la nature humaine. Rien ne vaut mieux, pour se donner dès l’abord la mesure de son génie, que de voir avec quelle facilité il se rattache à son siècle, et comment il s’en détache aussi ; combien il s’y attache exactement, et combien il en ressort avec grandeur. (…)

Molière, qu’aurait opprimé, je le crois, cette autorité religieuse de plus en plus dominante, et qui mourut à propos pour y échapper, Molière, qui appartient comme Boileau et Racine (bien que plus âgé qu’eux), à la première époque, en est pourtant beaucoup plus indépendant, en même temps qu’il l’a peinte au naturel plus que personne. Il ajoute à l’éclat de cette forme majestueuse du grand siècle ; il n’en n’est ni marqué, ni particularisé, ni rétréci ; il s’y proportionne, il ne s’y enferme pas. »

Sainte-Beuve, Portraits littéraires II, Paris, Garnier-Frères, 1862

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Informations pratiques

Nanterre - Amandiers

7, av. Pablo Picasso 92000 Nanterre

Accès handicapé (sous conditions) Bar Grand Paris Hauts-de-Seine Librairie/boutique Restaurant Vestiaire
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  • Bus : Théâtre des Amandiers à 7 m, Joliot-Curie - Courbevoie à 132 m, Liberté à 203 m, Balzac - Zola à 278 m
  • Voiture : Accès par la RN 13, place de la Boule, puis itinéraire fléché.
    Accès par la A 86, direction La Défense, sortie Nanterre Centre, puis itinéraire fléché.
    Depuis Paris Porte Maillot, prendre l'avenue Charles-de-Gaulle jusqu'au pont de Neuilly, après le pont, prendre à droite le boulevard circulaire direction Nanterre, suivre Nanterre Centre, puis itinéraire fléché.

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Plan d’accès

Nanterre - Amandiers
7, av. Pablo Picasso 92000 Nanterre
Spectacle terminé depuis le samedi 7 avril 2007

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