La guerre

Paris 5e
du 23 novembre 2006 au 13 janvier 2007
2 heures

La guerre

C’est la guerre. Au camp, les officiers tentent d’oublier les combats le temps d’un jeu de hasard ou dans les bras des femmes. Donna Florida et le jeune officier Don Faustino sont épris l’un de l’autre. Mais cette captive est la fille du gouverneur de la place assiégée. Elle est prise entre sa passion et son amour filial. Ses larmes couleront quelle que soit la victoire. Mais qui pourrait donc arrêter la guerre ? Une comédie affreusement drôle.

« Ah ! La guerre est une bien belle chose ! Moi, j’en dirai toujours du bien, et il n’y a pas de danger que mon coeur fasse le voeu que la paix revienne. À m’entendre, on pourrait dire : tu pries pour ton métier comme la femme de ce bourreau qui priait le ciel pour que les affaires de son mari augmentent. Et alors ? »

Comédie guerrière
La Guerre et Goldoni
Note de mise en scène

  • Comédie guerrière

C’est la guerre. Au camp, les officiers tentent d’oublier les combats le temps d’un jeu de hasard ou dans les bras des femmes. Donna Florida et le jeune officier Don Faustino sontépris l’un de l’autre. Mais cette captive est la fille du gouverneur de la place assiégée. Elle est prise entre sa passion et son amour filial. Ses larmes couleront quelle que soit la victoire.

Le siège d’une place forte sert ainsi de fil conducteur à une magistrale dramaturgie de la violence, de la souffrance et de la bestialité. Le titre de la pièce tient lieu de programme. Mais de la bataille, on n’entendra que les bruits, car le carnage se prolonge bien au-delà des combats ! Dans les corps qui rentrent mutilés, dans des esprits qui perdent pied face au spectacle de la barbarie. C’est toute la société qui se trouve gangrenée.

Comme son coeur est dans chaque camp, Donna Florida est la seule à voir la guerre pour ce qu’elle est : une horreur qui transforme les hommes en bêtes. Aussi voit-elle défiler toute une galerie de portraits de la société en guerre : les officiers héroïques jusqu’à la bêtise, les milites gloriosi tout droit sortis de Plaute, les vieux généraux beaux parleurs, les profiteurs, les mères maquerelles, filles faciles et filles abusées, soudards. Ils sont tous là.

Entre assaut et trêve, diplomatie et canonnade, la guerre défile sous les yeux de Florida au rythme de la comédie la plus drôle et la plus grinçante, probablement, de toute l’oeuvre de Goldoni. À travers elle, le regard tendre et mélancolique du maître scrute les hommes dans leurs petitesses et leurs grandeurs. Qui pourra arrêter la guerre ?

Traduction de Marie-France Sidet.

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  • La Guerre et Goldoni

Créée à Venise lors du carnaval de 1760, La Guerre est une oeuvre tardive de Goldoni. On est alors au coeur de la bataille qui l’oppose à son rival réactionnaire Carlo Gozzi. En effet, depuis Arlequin serviteur de deux maîtres, quinze ans plus tôt, Goldoni mène un combat pour réformer le théâtre italien, qu’il estime englué dans la commedia dell’arte décadente. Même si Goldoni n’oublie jamais sa dette envers ce genre, La Guerre prend des accents réalistes qui évoquent le drame bourgeois. Dans ce contexte tendu, La Guerre est une bombe.

La pièce traite en effet de la guerre alors que Venise chercheà l’éviter sur tous les fronts. Goldoni se fait vraisemblablement beaucoup d’ennemis en abordant un thème politique brûlant. Ces difficultés s’ajoutant aux tracasseries de ses adversaires littéraires, il quitte définitivement Venise pour Paris deux ans plus tard.

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  • Note de mise en scène

Voici un texte de Goldoni qui rompt avec ses comédies vénitiennes. Avait-il lu Mère Courage avant l’heure ? J’entends donc « faire La Guerre » loin de tout historicisme, dans les décors et les costumes comme dans la conception dramaturgique. Goldoni à la lumière de Brecht.

Goldoni a été témoin de la guerre sans y participer. Ma génération est un peu dans le même cas. Cette position permet à Goldoni d’envisager le conflit d’un point de vue social en rupture avec la tradition aristocratique qui héroïsait la violence. Observons comment la guerre distille du néant entre les hommes. De ce point de vue, il n’y a ni bons ni méchants.

La guerre entraîne les combattants. Pères de familles, commerçants, banquiers, chacun voit son statut, sa fonction sociale pervertis. L’intendant des armées n’est pas un mauvais bougre, et il n’y a pas de mal à gagner de l’argent… mais pas sur le dos des soldats qui tombent au front. La pièce ne s’appuie pas sur un conflit réel. Elle n’évoque ni la nationalité des belligérants, ni leurs motifs. Tous parlent la même langue et s’accolent amicalement lors des trêves.

Grâce à cette distance, tous sont mis sur le même plan pour interroger la nature humaine dans la guerre. Il ne s’agit pas d’une guerre, mais de la guerre, de ce qu’elle détruit entre les hommes. D’ailleurs Goldoni ne montre pas la bataille : elle n’est pas objet de comédie. Ce sont les discours sur la guerre qui peuvent faire rire aux larmes.

Dans le discours, chacun s’accommode de la guerre comme il peut : le commissaire aux armées l’aime car elle lui rapporte, sa fille apprécie d’y multiplier les aventures sans lendemain, les officiers idéalisent bon gré mal gré leur destin de cadet voué aux armes. Goldoni croque avec tendresse ses personnages, aux prises avec l’enfer sur terre. Au milieu de cette pauvre humanité tragique et suicidaire, Goldoni place une figure qui résume son propos. Donna Florida, héroïne cornélienne, a le coeur de part et d’autre de la ligne de front. Pour elle, la guerre est une absurdité qui fait des hommes des cadavres en sursis. Pour Goldoni, la situation de Florida est tragique, mais son discours peut néanmoins être comique. C’est affreusement drôle.

Ce qui m’intéresse, c’est de trouver le même regard humaniste qui ne pose pas la question de la justice de la guerre : peut-être y a-t-il des guerres justes, mais il n’y pas de guerre propre.

La dramaturgie de Goldoni, il le dit lui-même, puise dans deux grands livres : le théâtre et le monde. Paradoxalement, plus la pièce s’empare de la guerre, de l’irreprésentable, plus elle appelle une hyperthéâtralité. C’est ainsi que le comique de la pièce repose sur le tragique de la situation, que l’exubérance des personnages s’appuie sur l’absolue sincérité des comédiens. A contrario, le fait qu’un vieux général soit aussi ridicule qu’un vieux Pantalon sorti de cette commedia dell’arte décadente et réformée par Goldoni n’empêche pas que sa résistance opiniâtre et stupide soit sublime. Il faut faire théâtre des discours, les transposer sur le « théâtre des opérations ». Je veux donc créer une guerre de théâtre où la paix ne peut d’ailleurs être apportée que par Goldoni lui-même, actualisant ainsi le topos du messager. Seul l’auteur peut arrêter la guerre.

Henri Dalem

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Sélection d’avis du public

La guerre Le 6 décembre 2006 à 15h45

Deux heures d'excellent spectacle. Une mise en scene de grande qualité, des acteurs qui assurent bien, qui tiennenent le rytme du début à la fin...Bref, la guerre est délicieuse !

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La guerre Le 6 décembre 2006 à 15h45

Deux heures d'excellent spectacle. Une mise en scene de grande qualité, des acteurs qui assurent bien, qui tiennenent le rytme du début à la fin...Bref, la guerre est délicieuse !

Informations pratiques

Mouffetard

73, rue Mouffetard 75005 Paris

Spectacle terminé depuis le samedi 13 janvier 2007

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Spectacle terminé depuis le samedi 13 janvier 2007