La Mer

Pour la première fois à la Comédie-Française, la pièce d'Edward Bond, dans une mise en scène d'Alain Françon.
Entrée au répertoire attendue de la pièce romanesque d'Edward Bond, figure majeure du théâtre contemporain, dans une très belle mise en scène d'Alain Françon. Une distribution impeccable, avec en tête une Cécile Brune flamboyante, et une somptueuse scénographie font de cette Mer un spectacle à découvrir de toute urgence.
  • Première à la Comédie-Française

Figure majeure du théâtre contemporain, Edward Bond a toujours revendiqué le caractère salutaire de ses mises en scène violentes, explorant sans relâche les pouvoirs du théâtre à examiner des situations extrêmes, à revisiter les moments, les lieux où l’humanité a été niée. « La vie perd son sens lorsque vous cessez d’agir sur la chose qui vous importe le plus : votre engagement moral dans la société. L’indifférence et le cynisme, une pseudo-philosophie (nous sommes tous des animaux), une pseudo-psychologie (nous sommes tous fondamentalement égoïstes) et une pseudoscience (nous avons tous en nous un peu d’agressivité), cela donne en fin de compte cette pseudo-profondeur : la vie est absurde. S’il me fallait donner un nom à mon théâtre je l’appellerais le Théâtre Rationnel. »

Créée en 1973, La Mer, inscrite au répertoire de la Comédie-Française depuis 2011 sans y avoir jamais été donnée, est une clef d’entrée pour aborder l’oeuvre de l’auteur dans laquelle elle occupe une place à part, relevant d'un registre plus romanesque. Défricheur d’Edward Bond, Alain Françon a parcouru ses textes avec constance, du Théâtre national de la Colline pour Café, Le Crime du xxie siècle ou Naître, au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis pour Les Gens, en passant par le Festival d’Avignon pour Chaise. Il poursuit avec La Mer son chemin avec la Troupe qu’il retrouve ici pour la septième fois.

  • La presse

« Edward Bond pouvait être heureux quand il est venu saluer, à la fin de la première du lundi 7 mars : c’est un très beau spectacle que signe Alain Françon ; un des plus beaux sans doute d’un metteur en scène qui au fil des ans, est devenu un classique au meilleur sens du terme (...) Alors la déferlante Bond vous emporte, d’autant plus que le réalisme abstrait d’Alain Françon atteint ici une forme de quintessence poétique. » Fabienne Darge, Le Monde, 9 mars 2016

« Entre tragédie et comique cette fable sociale est une œuvre romanesque avec des scènes burlesques tordantes. (...) C’est une très belle pièce humaniste. » Stéphane Capron, Sceneweb, 9 mars 2016

  • L'histoire (toute l'histoire)

1907. Une petite ville du Suffolk, au bord de la mer du Nord, est suspendue à la remontée du corps de Colin, un jeune homme admiré de tous, qui a péri dans une tempête phénoménale. Son ami Willy a été recraché par les eaux sur une plage où Hatch, le marchand de tissu et garde-côte volontaire a refusé de lui venir en aide l’ayant pris pour un envahisseur de l’espace. Obsédé par cette idée délirante il embrigade le prolétariat local et notamment Hollarcut, un jeune homme vif et éveillé.

Contraint de rester en ville le temps de l’enquête, Willy fait la connaissance des figures locales à commencer par Mrs Rafi, une grande dame qui mène toute la communauté à la baguette, Evens, un vieil ermite vivant dans une cabane sur la plage d’où il profère de grands discours nihilistes et enfin Rose, la fiancée du disparu Colin, qu’il rencontre lors d’une répétition du spectacle amateur sur Orphée que monte Mrs Rafi avec les dames de la bourgeoisie locale. Voyant Rose s’enfermer dans le rôle morbide de la jeune veuve éplorée, Willy s’attachera à lui faire choisir la vie.

Lorsque Mrs Rafi apprend que Hatch a refusé d’aider les naufragés, elle décide de le rappeler à son devoir de garde-côte en résiliant l’importante commande de tissu qu’elle lui avait passée, signifiant ainsi la ruine de la petite boutique de mode. Submergé par le désespoir, Hatch met en pièces sa précieuse marchandise avant d’agresser physiquement Mrs Rafi. Dans sa fuite, il découvre le cadavre de Colin qui vient d’échouer sur la plage. Croyant qu’il s’agit de Willy endormi, il le poignarde sauvagement.

Pour disperser les cendres du noyé, Mrs Rafi organise une cérémonie au sommet d’une falaise mais la situation lui échappe totalement : Mrs Tilehouse, sa dame de compagnie, lui vole la vedette, Hatch, délirant, sème le trouble tandis que Hollarcut la provoque publiquement.

Après avoir rétabli l’ordre, Mrs Rafi confesse sa lassitude de sa vie et de l’autorité qu’elle incarne et convainc Willy et Rose de partir faire leur vie ensemble loin de là.Avant de partir, Willy retourne sur la plage où il voit Hollarcut revendiquer son droit à la dignité et Evens qui lui expose sa vision du futur, sombre mais où le renouvellement est toujours possible. Willy lui adresse une phrase qui restera inachevée.

  • Le tragique et le comique

La Mer articule le tragique et le comique. Dans la vie, les deux ne sont jamais séparés de plus de quelques heures. Les êtres humains sont une multitude complexe de choses en conflit – physiques, mais aussi mentales, dépendantes de la raison, mais aussi de l’émotion, isolées, mais intégrées à une communauté. Les différences s’étendent jusqu’à l’horizon. Contrairement à toutes les autres espèces, nous devons articuler toutes ces choses pour en faire une culture vivante si nous entendons vivre en paix. C’est à cause de cela que nous sommes l’espèce qui fait du théâtre.

La Mer est une comédie qui commence dans la tragédie et de temps en temps la tragédie revient. Au cours de la pièce, les gens de cette ville répètent leur propre pièce de théâtre amateur. C’est leur tentative inconsciente pour articuler les complexités que j’ai mentionnées en une seule et même chose, pour donner du sens à leurs vies et à leur société. Mais parce que leur société est injuste, la répétition devient ridicule et la réalité finit par interrompre la répétition et y mettre un terme. C’est pourtant cette ridicule pièce de théâtre amateur qui finit par surmonter la tragédie et qui permet à La Mer de se terminer sur une note d’espoir. Ces complexités, inhérentes au fait d’être humain, font que, paradoxalement, la forme théâtrale est le seul moyen que nous ayons pour définir la justice et de rendre la signification de celle-ci concrète. C’est seulement quand la forme théâtrale permet au tragique et au comique de ne faire qu’un que la politique et la culture peuvent ne faire qu’un dans la réalité. Si ce n’était pas le cas, nous ne naîtrions pas libres, mais en prison. C’est, à gros traits, la signification de la Révolution française.

Les réactionnaires disent que la Révolution française fut un échec. Et pourtant elle a changé le monde. Elle a changé pour toujours les significations, les possibilités et les responsabilités liées au fait d’être humain. Elle n’a épargné aucun gouvernement ni aucune définition de la société. Cette révolution continue d’accomplir son œuvre. Et parce qu’elle a changé la signification de ce que nous avons d’humain, elle a changé la signification de la culture. Elle a conduit à un siècle de gloire pour la culture française qui a changé la culture du monde. Certes, toutes sortes d’artistes ont afflué vers la France, mais ce que je veux dire c’est que cela a changé jusqu’à l’expression du visage humain. Depuis lors, tout art qui ne cherche pas, explicitement ou implicitement, à poursuivre ses buts nie notre obligation à créer ce que nous avons d’humain. Pour en donner seulement un petit exemple : les peintres anglais peignaient des chevaliers médiévaux et des jouvencelles comme si cela était la signification secrète de l’ère des machines.

Nous sommes l’espèce qui fait du théâtre et tous les arts humains sont des formes de théâtre – c’est de cette façon que nous créons ce que nous avons d’humain, le schéma de la société et même notre véritable conscience. L’imagination ne vient pas de soi, mais des choses à l’extérieur de soi. Si ce n’était pas le cas, notre intelligence serait devenue intégralement sinistre depuis bien longtemps et nous aurait détruits. Mais cela est peut-être en train de changer. L’imagination n’est plus désormais dominée par notre besoin de rechercher ce que nous avons d’humain, mais par le besoin qu’ont les films et la télévision de gagner de l’argent. Cela introduit parmi les complexités humaines que j’ai mentionnées, cet acier froid qu’est le besoin de produire tout pour le mettre immédiatement en vente. Tel était le credo de Margaret Thatcher. Mais cela réduit la culture à de l’infantilisme. Si, comme elle l’a dit, « la société, cela n’existe pas », alors, ce que nous avons d’humain ne peut pas exister, parce que cela est créé par la société. Margaret Thatcher voyait le monde à travers son propre masque mortuaire.

La Mer finit sur une note d’espoir, mais quelques années plus tard, les jeunes gens de la pièce partiront en France pour mourir dans ce qu’on appelle, non sans ironie, le théâtre des opérations. Auraient-ils survécu, quel monde auraient-ils connu  ? Le siècle le plus mauvais et le plus destructeur depuis que le monde a commencé. La guerre a laissé l’empreinte de ses griffes dans le sol de l’Europe et le fascisme a poussé dans les sillons ainsi tracés.

Nous sommes de nouveau en guerre. L’ ennemi le sait, mais nous ne le savons pas encore parce qu’il n’y a pas de déclaration officielle. C’est comme si le passé avait fait irruption dans le présent. Alors, notre époque se prête-t-elle à faire du théâtre ? – elle se prête par-dessus tout à cela. Le sujet de La Mer est trop sérieux, trop réel, trop drôle, pour que la pièce ne soit qu’un pur divertissement.

Ces soldats qui venaient de leur petite ville côtière anglaise et laissèrent leurs os dans le sol français étaient là en hommage à la culture de la France, à son combat pour la liberté et à sa révolution. Il existe un lien étrange entre ces soldats et cette pièce. Je suis anglais, mais le metteur en scène de La Mer et les acteurs seront français et ils joueront la pièce sur la scène de la Salle Richelieu. Pour moi, cette scène est un site – certains diront un autel – de la Révolution française. Pour moi, cela fait de la représentation de la pièce un acte de respect à l’égard de cette révolution et des Français.

Edward Bond, traduction David Tuaillon, janvier 2016

Sélection d’avis du public

Le 5 juin 2016 à 08h46

Niveau des acteurs inegal, ce qui est rare à la CF. La traduction française est bourrée de "faux amis" qui font sourire. Décevant, car j'attendais plus de cette version.

Par Laurence F. - 31 mai 2016 à 15h46

Malgré un sujet qui semblait très sérieux (et dont le fond du message échappe un peu), pièce de théâtre très drôle, Hervé Pierre est excellent

La mer Par Ghislaine D. - 27 mai 2016 à 18h04

Nous réjouissions d'aller a la comédie Francaise et avons été Tres tres déçus par ce texte qui traite de l'absurde et qui nous a beaucoup ennuyé . Les décors sont par contre magnifiques ainsi que la mise en scène parfaite .La diction est très bonne mais Cecile Brune a du mal à se faire entendre au 2ème balcon Pourquoi faire jouer au Français des auteurs étrangers si ennuyeux !!

Le 11 mai 2016 à 08h19

Une philosophie intéressante , une mise en scène créative réussie, une troupe soudée mais la pièce longue comporte des faiblesses

Synthèse des avis du public

2,3 / 5

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Le 5 juin 2016 à 08h46

Niveau des acteurs inegal, ce qui est rare à la CF. La traduction française est bourrée de "faux amis" qui font sourire. Décevant, car j'attendais plus de cette version.

Par Laurence F. (1 avis) - 31 mai 2016 à 15h46

Malgré un sujet qui semblait très sérieux (et dont le fond du message échappe un peu), pièce de théâtre très drôle, Hervé Pierre est excellent

La mer Par Ghislaine D. (3 avis) - 27 mai 2016 à 18h04

Nous réjouissions d'aller a la comédie Francaise et avons été Tres tres déçus par ce texte qui traite de l'absurde et qui nous a beaucoup ennuyé . Les décors sont par contre magnifiques ainsi que la mise en scène parfaite .La diction est très bonne mais Cecile Brune a du mal à se faire entendre au 2ème balcon Pourquoi faire jouer au Français des auteurs étrangers si ennuyeux !!

Le 11 mai 2016 à 08h19

Une philosophie intéressante , une mise en scène créative réussie, une troupe soudée mais la pièce longue comporte des faiblesses

Le 14 avril 2016 à 09h13

Tres bonne interprétation, jolis décors, mais le fond du message échappe un peu, des lourdeurs (la pièce dans la pièce) et ce n'est ni vraiment tragique ni vraiment comique, on s'ennuie un peu.

Remarquable Par Joseph P. (1 avis) - 12 mars 2016 à 17h46

Un spectacle profond et drôle ! Joué à la perfection ! Une scénographie magnifique ! Une découverte pour moi ! Courrez y !

Le 11 mars 2016 à 11h42

Un début très fort, puis ensuite des faiblesses . Il aurait fallu plus de burlesque dans la pièce d'Orphée et moins de développement philosophique dans la scène finale ( le texte anglais aurait-t-il été traduit trop littéralement?)

En demi teinte Le 11 mars 2016 à 10h10

Un peu déçu par cette pièce, dont je ne connaissais pas le texte, mais qui semble avoir perdu de sa saveur tant par la traduction en français que par la mise en scène. Difficile en la découvrant pour la première fois, de dire précisément ce qui maqnue : mais probablement un brin de folie, un peu plus d'humour absurde (notamment pendant la petite représentation d'orphée), des décors moins grandiloquents, qui viendraient alléger le propos et le sortir d'un premier degré qui ne fait pas très anglais, justement.

Informations pratiques

Comédie-Française - Salle Richelieu

Place Colette 75001 Paris

À l'italienne Accès handicapé (sous conditions) Librairie/boutique Palais Royal Salle climatisée
  • Métro : Palais Royal - Musée du Louvre à 138 m, Pyramides à 271 m
  • Bus : Palais Royal - Comédie Française à 41 m, Palais Royal - Musée du Louvre à 83 m, Bibliothèque Nationale à 395 m
  • Attention Plan Vigipirate en vigueur. Nous vous invitons à vérifier les conditions d'accueil du lieu, surtout si vous prévoyez de venir avec un gros sac.

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Plan d’accès

Comédie-Française - Salle Richelieu
Place Colette 75001 Paris
Spectacle terminé depuis le mercredi 15 juin 2016

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