L’illusion comique

du 11 novembre au 31 décembre 2004
1H30

L’illusion comique

CLASSIQUE Terminé

Chef d'œuvre du théâtre baroque, cette comédie est ici revisitée par le dynamisme et la folie de Viva La Commedia. Pridamant, un père désespéré est à la recherche de son fils, Clindor. Le grand mage Alcandre va lui montrer sous la forme d'une illusion les aventures extraordinaires de celui-ci. Ce spectacle détonnant mêle la puissance des vers de Corneille aux techniques de la Commedia dell'arte : masques, pantomime, musique, bruitages, combats à l'épée et au katana.

L'histoire
L'oeuvre
Note d’intention

Un père désespéré, Pridamant, est depuis dix ans la recherche de son fils disparu : Clindor. Après avoir parcouru l’Europe entière, un ami l’amène au fin fond d’une forêt de Touraine dans une grotte, pour rencontrer Alcandre, un puissant mage qui est sa dernière chance de retrouver Clindor.

Le mage accepte d’expliquer à Pridamant ce qui s’est passé depuis la disparition de son fils. Il le fait entrer dans sa grotte et fait alors apparaître une illusion : des spectres s’animent, et Pridamant voit tous les événements de la vie de son fils depuis que celui-ci a disparu. Apparaissent alors tous les personnages et les masques de la Commedia dell’Arte : Matamore, un gascon fanfaron dont son fils est valet, Isabelle, l’amante de Clindor, Adraste, son rival, Pantalone, le père d’Isabelle, Lyse, sa servante tous se mettent jouer les moments les plus trépidants de la vie de Clindor.

Nous voilà transportés dans les péripéties de Clindor, passant tour tour de la comédie à la tragi-comédie, de la tragédie à la farce. Celui-ci se bat en duel pour Isabelle, tue son rival, se retrouve condamné mort, s’évade, devient premier homme de la cour, mari d’Isabelle, amant de la Princesse du Japon jusqu’au dénouement, coup de théâtre final, dans lequel Corneille nous fait une démonstration éblouissante de son génie de dramaturge et de poète qui fait de l’Illusion Comique la plus "Shakespearienne" des pièces françaises.

Et comme il le dit lui même dans une lettre à une mystérieuse inconnue (Mademoiselle M.F.D.R.) : "Voici un étrange monstre que je vous dédie. Le premier Acte n’est qu’un Prologue, les trois suivants font une Comédie imparfaite, le dernier est une Tragédie, et tout cela cousu ensemble fait une Comédie. Qu’on en nomme l’invention bizarre et extravagante tant qu’on voudra, elle est nouvelle, et son succès ne m’a point fait de honte sur le Théâtre."

Par la compagnie Viva la Commedia.

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Corneille, inventeur de la comédie. Pourquoi la tradition littéraire nous a-t-elle laissée l'image quelque peu figée d'un Corneille exclusivement tragédien ? N'oublions pas qu'il est un des plus grands auteurs de comédie baroque de son temps. On peut même dire qu'il en a été en France l'inventeur ! A tel point qu'une controverse existe toujours sur l'éventualité que Corneille aurait écrit certaines pièces de Molière…

Quand Corneille écrit l'Illusion Comique en 1636 (à 29 ans), la comédie est effectivement considérée comme "un genre bas". Les italiens, depuis le 16ème siècle déjà, on pris de l'avance en inventant la codification de la Commedia dell'Arte. Toute l'originalité de Corneille sera d'écarter du genre comique les lourdeurs de la farce et les propos réducteurs de la pastorale. Il donnera à la comédie, entre autre, la beauté du texte en vers, la subtilité de l'intrigue, et le poids psychologique des personnages. Le personnage de Matamore en est un exemple significatif : droitement inspiré des farces de Plaute, Corneille lui donne une force nouvelle par le brio de ses paroles. L'exotisme, l'héroïsme et la galanterie font de lui une personnalité à part entière.

Avec l'Illusion Comique, Corneille donne donc au divertissement ses lettres de noblesses ; ce qui marque en soi le début d'une révolution dans le théâtre français. C'est: le chef d'œuvre du théâtre baroque. Coup de théâtre, situations rocambolesques, drames amoureux, dans l'Illusion Comique, Corneille joue sur toute la gamme du spectaculaire, et c'est en filigrane un vrai hommage à la scène ainsi qu'à la magie de l'art théâtral qui est représenté. D'ailleurs, l'Illusion Comique est à entendre dans le sens d'illusion théâtrale, la comédie au 17ème siècle étant synonyme de théâtre et pas seulement de pièce comique.

Pourquoi l'Illusion Comique reste t'elle la plus baroque des pièces de Corneille ? Sûrement parce que c'est celle où le procédé du théâtre dans le théâtre y est volontairement le plus poussé. Corneille non seulement renoue avec le jeu des apparences, comme Shakespeare ou Calderon l'on fait, ou encore Scudery dans sa Comédie des comédiens, mais il en fait la substance même de sa pièce. Dans le dernier acte, le spectateur croit au dénouement d'une action mais il est en fait pris pour dupe : les personnages se mettent eux-mêmes…à jouer !!

Une telle structure de la pièce qui organise un spectacle dans le spectacle met aussi l'utilité du théâtre et de ses vertus. Ce formidable outil du spectaculaire ne serait-t-il pas aussi une arme ?

En ce sens, l'Illusion Comique est plus qu'un simple divertissement ; elle est le reflet direct du discours d'un auteur reconnu qui légitime une activité fortement condamné par l'Eglise. Quel autre état d'esprit que celui du baroque pouvait mieux exprimer ce plaidoyer par l'apologie qu'il fait de la liberté d'écriture, du mouvement, et de la vie ?

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Un an s’est écoulé depuis la création de Viva la Commedia et ce fut une année riche. Riche en expériences artistiques et en découvertes, mais aussi une véritable aventure humaine. Notre spectacle, La Princesse Folle mis en scène en collaboration avec Carlo Boso, aura su trouver son public et ses amis. Malgré un festival d’Avignon mouvementé, nous avons eu la joie d’y avoir rencontré un réel succès et de créer des liens solides avec nos pairs.

Cette réussite est due d’une part l’unité et la force de sa jeune équipe pleine de fougue et de talent mais aussi la confiance que nous ont accordé ceux sans qui ce projet n’aurait pas vu le jour ; je pense notamment l’Adami, au Festival du Mois Molière de Versailles, aux villes d’Urbino (Italie), de Fontenay-sous-bois, du Creusot, aux Studios Albatros dirigés par Lucien Chemla et aussi, et bien sûr au Centre Culturel de la ville de Courbevoie et ses dirigeants. C’est grâce à eux que la Princesse Folle a devant elle une belle et longue vie.

Alors, lorsque que vint le moment de savoir quelle serait la nouvelle création de la compagnie, c’est chargé de toutes ces forces que je me suis dit que le moment était venu.

Oui, après près de dix ans consacrés "l’improvviso", le moment était venu de recréer ce pont entre la Commedia "a canevaccio" et le texte. Le moment était venu d’apporter au texte la folie, le comique et l’insouciance de la Commedia dell’Arte ; et d’apporter la Commedia ce que ses détracteurs les plus farouches considèrent comme son écueil : la puissance, la précision et la profondeur du poète : le texte.

C’est ma bibliothèque qui fut ravie, et qui se retrouva retournée en quelques jours. Je me retrouvais au milieu du théâtre des 16, 17 et 18ème siècles, plongeant sans relâche dans les Molière, Shakespeare, Marlowe et autres Goldoni ou Gozzi.

Oh, les chefs d’oeuvres ne manquaient pas. Mais je n’étais pas satisfait, comme si je sentais que je tournais autour d’un texte sans jamais le trouver. Et c’est par hasard, en feuilletant une rétrospective sur le Festival d’Avignon, pendant les journées de grèves dans la Cité des Papes, que je tombai sur une photo de Georges Wilson vêtu du costume de Matamore, dans l’Illusion Comique qu’il monta en 1965 avec le TNP lorsque Vilar décida de ne plus se consacrer qu’Avignon.

Machinalement, j’avais mis l’écart Corneille m’arrêtant l’idée idiote et préconçue que l’on s’en fait de l’auteur de tragédies ampoulées et du Cid. Et c’est un peu reculons que j’entamais la lecture de l’Illusion, dont il ne me restait qu’un vague souvenir.

Mais bon, Matamore était là, il y avait peut-être un espoir. Et là, ce fut le coup de foudre. Dès les premiers vers j’ai su. Un père désespéré recherche son fils qui est parti sans prévenir, emportant avec lui une jolie somme d’argent. Et en désespoir de cause ce père, Pridamant, s’en remet Alcandre, un démiurge qui vit au fond d’une grotte dans la forêt pour retrouver son fils, Clindor.

Le mage fait alors apparaître des spectres, qui jaillissent de la grotte et se mettent jouer sous les yeux ébahis de Pridamant et les nôtres, les dernières années de la vie de Clindor et de ses compagnons de fortune : un capitaine, un Pantalone, une jeune première, une servante tous les personnages de la Comédie Italienne sont là. Nous sommes en plein milieu d’un canevas de Commedia dell’Arte dont les dialogues sont écrits par Corneille.

Tous les ingrédients sont là : une intrigue riche en rebondissement, des duels, des scènes d’amour, des tromperies, des moments de pure tragédie, du mystère, de la magie, du rire toutes les scènes et pour couronner le tout, un tour de passe-passe que nous livre Corneille au cinquième acte qui fait de l’Illusion Comique le plus bel éloge au théâtre jamais écrit.

Une pièce que nous lègue un jeune auteur de 29 ans qui sera la renaissance de la comédie en Europe et qui est considéré depuis comme le chef d’ oeuvre du théâtre baroque.

J’avais trouvé. Notre prochain spectacle sera l’Illusion Comique de Pierre Corneille avec qui nous crierons encore une fois et plus que jamais : Viva la Commedia !!!

Anthony Magnier

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