- Au croisement du comique burlesque et de la métaphysique
L'Homme de plein vent fut créé en 1996 au Festival d’Avignon. Vingt-six ans plus tard, Pierre Meunier et Hervé Pierre remontent leurs manches sous le regard de l'artiste Marguerite Bordat. Malgré le poids des années, l'inénarrable duo métaphysique Leopold Von Fligenstein et Kutsch reprend de l'altitude pour savourer des gouttes d'air et causer gravitation. Mais la paix en suspension est fragile et les voilà bientôt de retour sur le plancher des vaches, où il leur faut composer avec la folie des boulets, se faufiler à travers un ballet de tuyaux, prendre garde aux caillasses en chute libre ou dompter un gigantesque ressort mangeur de boulons.
Un spectacle plein d'humour dans lequel deux magnifiques poètes s'épuisent à libérer la matière et nos corps de la lourdeur qui les cloue au sol.
Christophe Pineau
Ils sont deux, comme Don Quichotte et Sancho Pança. L’un, Léopold (Pierre Meunier), révolté par la dictature de l’inertie et la pensée terre-à-terre, met toute son énergie dans l’envol : question de ténacité, pense-t-il ! Pour l’autre, Kutsch (Hervé Pierre), vérificateur des poids et mesures défroqué, notre masse va de soi, mais il emboîte le pas à son camarade — sait-on jamais ? se dit-il.
Dans un décor de poulies, de cordes, de barres horizontales et de contrepoids, les deux gaillards font tout pour se hisser au-dessus du plancher des vaches, joignant le geste à la parole. L’écrivain, acteur et metteur en scène Pierre Meunier remet au plateau, sous le regard de Marguerite Bordat, ce spectacle créé en 1996. Léopold et Kutsch ont donc vingt-quatre ans de plus — et l’assument — mais ils sont plus déterminés que jamais à ne pas lâcher le morceau contre la pesanteur du monde.
Au croisement du comique burlesque et de la métaphysique, L’Homme de plein vent « version 2020 » encourage à remonter ses manches pour s’extirper de tout ce qui nous rabaisse, nous cloue au sol, nous étouffe.
Réjouissant et salutaire.
3 avis