À partir de 14 ans.
- Une pièce de jeunesse démesurée
Anna, veuve endettée, retrouve ses amis de jeunesse le temps d’un dîner. Ce qui devait être un simple moment de fête vire au bilan existentiel.
Face aux frustrations, regrets et déceptions semés par le temps, les personnages imaginés par Anton Tchekhov basculent progressivement dans la remise en question de leur vie, des voies empruntées et de celles qu’ils ont préféré éviter. Fidèle à l’œuvre originale et à l’épreuve critique qu’elle requiert de ses protagonistes, Lorraine de Sagazan impose dans le même temps l’ancrage contemporain de ces jeunes trentenaires tiraillés entre la responsabilité individuelle et le poids des conditionnements sociaux. Sur scène, les aveux de doute portés par les personnages se confondent avec ceux des acteurs bien réels, dans une approche presque documentaire. Et la fiction d’hier rejoint la complexité du monde d’aujourd’hui.
Après Démons (Lars Noren) et Une maison de Poupée (Henrik Ibsen), L’Absence de père est le troisième volet d’ « un cycle abordant des textes fondateurs en poussant les limites du cadre de représentation et en se faisant les interprètes de notre époque ». Lorraine de Sagazan et la compagnie La Brèche s’emparent ici de Platonov (ou L’Absence de Père), pièce de jeunesse démesurée et inachevée, commencée en 1878 par Anton Tchekhov. Il a alors dix-huit ans. Esprit critique, Platonov se livre à toutes sortes de provocations ; ruiné, devenu instituteur et marié plutôt par ennui, il incarne la révolte contre l’enlisement, le conformisme, la pesanteur des pères.
De quoi avons-nous hérité et sur quels mensonges vivons-nous ? Sur fond de fracture sociale, la pièce visionnaire de Tchekhov résonne profondément. Elle devient, pour Lorraine de Sagazan, « un moyen de réfléchir collectivement aux âges de la vie et à ce concept un peu flou de génération. Celle qui est la nôtre. »
« Du grand art » Télérama sortir TT
1 avis