Kiss me quick

du 15 septembre au 17 octobre 2008
1h30

Kiss me quick

Kiss Me Quick entrelace les destinées de trois femmes de générations différentes faisant métier de (montrer) leur corps dans l’Amérique des sixties. Bruno Geslin creuse l’infinie question du désir – vibrant moteur autant que puissant révélateur de la vie des hommes. Dans le cadre du Festival d'automne à Paris.

Le strip-tease
Trois récits intimes entrelacés
Interview de Bruno Geslin

  • Le strip-tease

« Strip-tease » : Dévêtement progressif d'une dame dont la savante lenteur excite sournoisement les sens. (Le dictionnaire surréaliste)

Le strip-tease apparaît peu à peu au crépuscule du XIXe siècle. La France de la Belle Epoque voit fleurir bon nombre de cabarets (Folies Bergères, Divan Japonais) où se pratique un nouveau type de spectacle : l'effeuillage. En traversant l'Atlantique, cette nouvelle mode se transforme pour devenir un spectacle profondément américain : « le burlesque », une alternance de gags grivois et de parades de jambes. Le terme « strip-tease » voit le jour en 1931. A la même époque, les premiers clubs apparaissent à New York et se multiplient rapidement, essaimant à travers une Amérique en crise dont ils remontent le moral à grands renforts de jeunes femmes dénudées.

L'âge d'or ne dure guère puisque le burlesque est formellement interdit en 1939 et devient la cible des ligues de vertu. Le strip-tease se déplace dans les boîtes de nuit où les danseuses en rajoutent dans la provocation, exploitant au maximum les figures de la femme fatale ou de la garce. Les plaintes se multiplient jusqu'en 1955 où un sénateur maccarthiste déclarera que : « Le strip-tease est un art purement américain et une noble institution ».

Dans les années 60, il est considéré comme le 9ème Art. Avènement de courte durée, avec l'arrivée en 1970 du cinéma pornographique et de l'industrie du sexe, le burlesque disparaît peu à peu.

« Le night-club, son nom c'était : une nuit de plus sur la terre. »

Richard Morgiève

  • Trois récits intimes entrelacés

Kiss me quick est le destin croisé de trois femmes strip-teaseuses, de trois générations différentes dans l'Amérique des années soixante. Trois biographies imaginaires, trois récits intimes entrelacés qui témoignent chacun à sa façon de la disparition d'un monde et de l'avènement d'un autre, celui des années soixante-dix.

L'érotisme, à cette période aux Etats-Unis, subit une profonde mutation, le corps devient une marchandise de consommation comme une autre, la brutalité des rapports et des attentes encourage une surenchère permanente de la part des danseuses. L'arrivée du cinéma pornographique et des peep shows met un terme définitif à l'utopie vaguement poétique et décalée du strip-tease burlesque. Fini donc les « Rita Renoir », « Gypsy Rose Lee », « Debra Dante » (présentées comme la pire chose qui soit arrivée depuis le grand incendie de Chicago), désormais, les strip-teaseuses se dépersonnalisent, les corps se fragmentent, s'offrent, se louent aux services d'une société paradoxalement toujours plus pudibonde et chrétienne, mais qui s'extirpe de sa culpabilité par une recherche d'expériences de plus en plus extrêmes. L'imagination ne suffit plus, désormais il faut voir, tout voir. Le regard devient féroce, inquisiteur et la confrontation entre le public habillé et le corps nu de la strip-teaseuse prend des allures de mise à mort.

C'est dans cette période de transition que s'inscrit Kiss me quick. Les voix de ces trois femmes comme une archéologie intime et fictionnelle révèlent les derniers soubresauts d'un monde finissant. Dernières confessions de ce trio inconsolable ballotté entre ses propres histoires et celle d'une Amérique toujours plus triomphante. La scénographie travaille sur l'opposition de l'espace privé (loge du cabaret) et de l'espace de représentation (scène où se déroulent les numéros).

La frontière entre ce que l'on montre et ce que l'on dissimule, ce que l'on aperçoit et ce que l'on imagine se redéfinit constamment tout au long du spectacle. Elle a aussi vocation à accompagner "physiquement", par une mise à nu, la trajectoire de la disparition.

Dramaturgie et texte de Ishem Bailey à partir d’entretiens réalisés par Susan Meiselas.

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  • Interview de Bruno Geslin

Les années 70 ont changé le rapport au désir. Comment l'idée de ce spectacle est-elle née ?
Je voulais faire le portrait de trois femmes de générations différentes et croiser leurs paroles sur le plateau. Je souhaitais qu'on entende ces héroïnes du quotidien, en lutte pour vivre, survivre, construire leur vie malgré tout, avec sincérité et courage.

Pourquoi trois strip-teaseuses ?
Pour ce passage fragile entre les états habillé et nu. Cependant, la nudité la plus bouleversante est celle de l'âme des trois héroïnes. Je voulais aussi raconter la fin d'un monde, dans les années 70, en Amérique, cette charnière qui va changer le rapport au corps, à la sexualité, au désir, devenu marchand et brutal.

Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
Jusqu'aux années 70, l'effeuillage, le strip-tease est associé à des numéros burlesques dans les cabarets. Il connaît son âge d'or dans les années 30. Il est interdit en 1939 à la demande des ligues de vertu, pour revenir en force dans les années 60. Sa chute vient dix ans plus tard avec la naissance des foires de strip-tease, des sex-shops et de l'industrie pornographique. C'est une autre manière de voir le corps de la femme, de vivre le désir. Tout est alors basé sur la performance, génératrice de frustrations, donc de violence. Cela dure toujours d'ailleurs avec la découverte fréquente, aujourd'hui, de la sexualité par les films pornos chez les adolescents. Pourtant, la sexualité est un vrai chemin de découverte et de connaissance de soi et de l'autre. Je ne fais pas de morale, au contraire : je suis pour que l'on donne la possibilité à chacun d'inventer sa sexualité.

Votre pièce n'a rien alors d'un spectacle coquin ?
Elle en est le contre-pied. Le strip-tease fait partie de l'écriture dramaturgique, comme la lumière ou la vidéo. Nous avons bénéficié des conseils d'une danseuse qui a passé quarante ans au Crazy Horse, pour les chorégraphies, le travail du corps, mais la pièce brasse surtout de l'humanité.

Vous avez présenté Mes jambes si vous saviez, quelle fumée… et Je porte malheur aux femmes mais je ne porte pas bonheur aux chiens, où le rêve se mélange à la réalité. Cette fois aussi ?
Je ne suis jamais totalement dans la réalité. Il y a dans ce spectacle, aux côtés des trois comédiennes formidables, un jeune homme tout en douceur, chanteur et musicien, d'une présence fantomatique mais capitale. Kiss me quick fait référence à la chanson d'Elvis Presley qui dit  « Embrasse-moi vite avant que tout finisse ». J'aime cette ambiguïté entre la légèreté et l'ombre tragique de la fin toute proche. Que verra-t-on à mi-parcours de la création ? Une étape de travail. C'est un risque pour moi car rien n'est arrêté. Le langage est en train de se construire sur le plateau et il passe par le silence ou les secrets.

Entretien réalisé par Muriel Plantier en avril 2008.

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  • La presse

"Elles sont sur la piste, dans leur loge, elles se racontent dans la pénombre. (...) l’image est souveraine, en projections sophistiquées et jeux d’ombre… on chuchote, on chantonne, on se vêt plus qu’on ne se dévêt, on écoute la musique. Il y a quelque chose d’un autre temps dans ce moment murmuré. Quelque chose d’un univers dans lequel on pénétrerait comme par enchantement, comme si l’on franchissait d’invisibles portes, des portes de nacre, comme celles qui nous séparent des songes…" Armelle Héliot,16 septembre 2008, Le figaro

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76, rue de la Roquette 75011 Paris

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Théâtre de la Bastille
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Spectacle terminé depuis le vendredi 17 octobre 2008

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