Homme pour Homme

Brecht n'avait pas trente ans quand il écrivit cette première version d'Homme pour Homme, le même âge que Laurent Laffargue. Avec sa fougueuse troupe du Soleil Bleu, Laurent Laffargue aime se confronter à des textes écrits au même âge que lui, ce qu'il fit pour Sauvés, d'Edward Bond ou Le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare.

Ces textes recèlent le bouillonnement de la jeunesse, ses contradictions, son mystère. Ils ne théorisent pas, ils livrent crûment les sentiments, les émotions, les questionnements. “Là où il n'y a pas de mystère, il n'y a pas de vérité“, écrivait Brecht dans son journal.

Comment un homme ordinaire, Galy Gay, cet homme qui ne sait pas dire non et qui aurait pu vivre une vie paisible, va devenir un autre homme, une “bête immonde“, un soldat sanguinaire, telle est la question à laquelle s'attaque Homme pour Homme. Il n'y a pas de réponse univoque, l'homme n'est pas noir ou blanc, il est en perpétuel mouvement, et ce qui le caractérise au mieux, c'est la contradiction.

Laurent Laffargue prend à bras le corps cette contradiction, le mystère de ce que nous sommes, pour créer une farce tragi-comique pour dix comédiens, deux musiciens et trois machinos, qui suscite en nous autant le rire que l'effroi.