Hippolyte

Paris 13e
du 18 octobre au 8 novembre 2000

Hippolyte

CLASSIQUE Terminé

  • De : Euripide, Philippe Asselin
  • Mise en scène : Nathalie Le Corre
  • Avec : Aloual, Philippe Asselin, Sylvie Goussé, Valérie Lanciaux, Xavier Mailleux, Daniel Michiels, Valérie Plouchart
C’est encore d’amour qu’il s’agit dans Hippolyte, du rapport homme/femme/dieux.

L’argument de la pièce
Phèdre révoltée contre la fatalité rompt avec la tragédie des femmes
J'ai choisi de porter à la scène Hippolyte de Philippe Asselin
Interview d’Aloual, acteur associé du Théâtre du Lierre
Le Collectif Théâtral du Hainaut-Jeune Théâtre International
Principales créations du Collectif Théâtral du Hainaut-Jeune Théâtre International

L’argument de la pièce

Phèdre la Crétoise, épouse de Thésée, Roi d'Athènes, est envahie par une étrange maladie. Elle s'enferme dans un mutisme absolu, refuse toute nourriture. Pourtant, après maintes tentatives de sa nourrice pour la faire parler, elle finit par avouer le mal qui la ronge : elle aime Hippolyte. Sa passion la rend malade à en mourir, parce qu’elle lutte honnêtement contre cette passion illégitime. Bien que scandalisée dans un premier temps, la nourrice élabore des projets pour sauver sa maîtresse, qui s’en remet à elle en la suppliant de ne pas en parler à Hippolyte, craignant que sa passion ne la déshonore.

La nourrice se transforme en entremetteuse et va parler au jeune homme, auquel elle a fait jurer qu’il ne révélerait rien. Hippolyte vomit sa haine des femmes avant de s’enfuir en attendant le retour de son père ; il promet cependant de ne rien dire. Phèdre qui a tout entendu maudit sa servante et choisit de mourir ; mais pour ne pas être déshonorée même morte, elle annonce qu’elle associera Hippolyte dans son malheur. Elle laisse une lettre accusant son beau-fils d’avoir attenté à sa pudeur.

A son retour au palais Thésée découvre le corps mort de sa femme. Il croit aveuglément le mensonge écrit sur la tablette. Après un long débat avec son fils, Thésée bannit son fils. Ce dernier fidèle à son serment refuse de se justifier ; il quitte Trézène. Un messager apporte à Thésée la nouvelle de la mort d’Hippolyte. On amène au palais le corps d’Hippolyte à moitié mort. Artémis révèle à Thésée la calomnie de Phèdre, elle assiste à l’agonie d’Hippolyte dans les bras de son père.

Hippolyte porte-couronne est la deuxième tragédie qu’Euripide écrit en 428 av. JC à partir de la légende de Phèdre et Hippolyte. La première, Hippolyte voilé, avait choqué le public parce que Phèdre y avouait directement sa passion à Hippolyte.

Phèdre révoltée contre la fatalité rompt avec la tragédie des femmes

D'abord agonisante puis cadavre embarrassant, mais oh ! combien puissant (le mort aurait-il plus de pouvoir que le vivant ?) corps catalyseur de la tragédie, cette Phèdre-ci ne supplie pas d'être pénétrée.

Phèdre aime Hippolyte non pour son sexe mais pour son corps libre de tous carcans, pour sa fougue et son exubérance. Comme lui, elle voudrait "se coucher sur la terre", "courir dans la forêt traquant la bête, armée d'un javelot", "dompter les jeunes chevaux". Elle voudrait vivre, exploser son carcan : carcan de fille de…, épouse de…, carcan de reine de…, carcan de femme.

Jeune fille, elle fut témoin de la tragédie des femmes, celle vécue par sa mère et sa sœur : l'une accouche du Minotaure, l'autre est responsable de la mort de son frère monstrueux en donnant le fil salvateur à l'ennemi dont elle est amoureuse, et qui l'abandonne. Phèdre devient l'épouse de cet ennemi, héros grec par excellence, justicier et guerrier invincible, roi d'Athènes : Thésée. La sœur cadette remplace la sœur aînée dans le lit du héros.

Arrachée à sa terre natale, la Crète, contaminée par le monstre "amour" qui la ronge chaque jour un peu plus, héritage d'une famille marquée par le sceau de l'amour, Phèdre décide d'en finir avec la fatalité de sa lignée. Elle refuse cet affreux héritage. Elle veut cesser de subir. Elle veut rompre cette culture de la femme séduite, de celle qui succombe. Elle y parvient par le suicide, le seul geste qui lui appartienne en totalité. Par son acte, Phèdre transforme le monde tel qu'il va : elle coupe le fil qu'Ariane avait amoureusement tendu à Thésée.

J'ai choisi de porter à la scène Hippolyte de Philippe Asselin

 J'ai choisi de porter à la scène Hippolyte de Philippe Asselin à partir de l'œuvre d'Euripide plutôt que Phèdre de Racine parce que je ne veux plus voir la femme suppliante, découvrant son sein aux pieds d'un jeune homme dépourvu et terrifié par tant d'hystérie.

 Je ne supporte plus de voir au théâtre la femme traîtresse, la femme jalouse, la femme qui succombe, la femme victime de ses instincts, manœuvrière du mal. Quand donc en aura-t-on fini avec la femme sorcière ?

"Qu'on lui couse le sexe et la bouche qu'enfin je retrouve la paix et le silence!"

Cette terrible phrase d'Hippolyte qui clôt ce passage reconnu comme étant le plus misogyne du théâtre occidental, loin de scandaliser la femme que je suis, m'a fait comprendre le drame d'une société qui vit depuis des siècles dans l'image de la femme. Ce n'est pas la femme que rejette Hippolyte mais l'image de la femme. Que connaît-il de la femme, ce jeune homme d'à peine vingt ans, encore vierge, et qui passe ses journées à chasser en forêt en compagnie de ses amis ? Ce qu'il en dit est ce qu'il en a entendu. Leçons inculquées ? Réflexes du jeune homme qui défend déjà son sexe ?

Nathalie Le Corre

Interview d’Aloual, acteur associé du Théâtre du Lierre

Vous jouez dans "Le Sang des Labdacides" de Farid Paya et "Hippolyte " mis en scène par Nathalie Le Corre, qu’est-ce qui vous lie à la tragédie ?
La tragédie grecque m’intéresse comme acteur, comme sujet de réflexion et je pense qu’elle a une place très importante dans l’histoire du théâtre. Mon premier voyage en Grèce a été une révélation artistique. Je pense que les origines de la culture occidentale se trouvent dans le théâtre grec. En 1980, je rejoignais l’équipe du Théâtre du Lierre sur un monologue de "Dionysos", prologue des "Bacchantes", puis en 1991, je montais "les Dionysiennes" d’Euripide avec le Théâtre Vollard de la Réunion. Ce projet me tenait à cœur depuis longtemps. Le livre "Dionysos" de Jeanmaire m’a profondément marqué et tout ce qui concerne la tragédie grecque me passionne depuis très longtemps.

A quelle occasion avez vous rencontré le Collectif Théâtral du Hainaut - Jeune Théâtre International ?
J’ai rencontré l’équipe à l’occasion de "Prométhée enchaîné" au Théâtre du Lierre en automne 1998. Au Collectif Théâtral du Hainaut - Jeune Théâtre International comme au Théâtre du Lierre, la notion d’équipe est très présente, les deux compagnies travaillent depuis longtemps avec les mêmes équipes d’acteurs. Avec la création d’"Hippolyte", l’équipe éclate, ils désiraient faire une tentative d’ouverture en prenant des artistes extérieurs comme Sylvie Goussé ou moi-même qui sommes des artistes associés du Théâtre du Lierre.

Quelles sont les particularités du travail de Philippe Asselin ?
Philippe Assselin confie la traduction à Ghislaine Gwizdek, qui le fait d’une façon scientifique, pour aller au bout du sens. Philippe Asselin a la particularité de faire des traductions adaptées, Nathalie Le Corre, elle, s’intéresse aux personnages, et à partir de là Philippe Asselin réécrit le texte. Le Collectif Théâtral du Hainaut ne reprend jamais un travail sans proposer différentes versions du même spectacle. Ainsi, quatre ou cinq versions de "Prométhée enchaîné" ont été montées, dont une sans parole. Dans son écriture, Philippe Asselin utilise très peu de noms de dieux, les personnages portent les noms de ce qu’ils représentent (la nourrice, l’oiseau de mauvais augure). De plus, le chœur prend une place essentielle dans sa conception de la tragédie.

Que signifie le chœur dans la tragédie grecque ?
Le chœur est une des composante de la tragédie. Il émane d’une confrérie : les Thiases, citoyens qui se rassemblaient pour former une "chorale". La problématique du chœur s’est toujours posée à moi.

Pouvez -vous nous parler de votre rencontre avec Philippe Asselin et le Collectif Théâtral du Hainaut - Jeune Théâtre International ?
Dans un premier temps, Philippe Asselin m’a demandé de réfléchir sur les chœurs. Pour la création d’"Hippolyte", nous avons travaillé le chœur avec Philippe Asselin, Nathalie Le Corre et Valérie Plouchart. Dans ce spectacle, la gestion du chœur est très intéressante puisqu’il est interprété par deux jeunes femmes. En ce qui concerne les chœurs, Philippe Asselin a tenu à garder leur essence même, leur rythme. Le chœur représente un "socle" autour duquel les personnages viennent se greffer. Il y a une dimension philosophique des chœurs chez Euripide.

Le Collectif Théâtral du Hainaut-Jeune Théâtre International

Créé en 1983 à Valenciennes (59) sur l’initiative d’un poète, Philippe Asselin, le Collectif Théâtral du Hainaut-Jeune Théâtre International, est devenu en quelques années une structure théâtrale professionnelle dont l’implantation en Région Nord/Pas-de-Calais est bien souvent érigée en modèle. Depuis son origine le Collectif Théâtral du Hainaut-Jeune Théâtre International est soutenu par la Région Nord Pas de Calais, le Département du Nord et la Préfecture du Nord dans le cadre du contrat de plan Etat-Région.

Le Collectif Théâtral du Hainaut-Jeune Théâtre International se définit par :

Son implantation : le Collectif Théâtral du Hainaut-Jeune Théâtre International est implanté dans huit municipalités du sud du Département du Nord.

Son travail de terrain, avec la création d’une méthode de "sensibilisation " à l’art théâtral en milieu scolaire. Chaque année, plus de sept cents enfants, de 6 à 17 ans sont initiés, dans leur école, au geste de l’acteur.

Un partenariat harmonieux avec l’Education Nationale. Chaque année entre trente et quarante enseignants coopèrent avec le CTH-JTI.

Un festival de théâtre d’enfants, Le Jeune Mai du Théâtre qui réunit chaque année 700 enfants et 7 000 spectateurs.

Un lieu de créations l’Espace Pier Paolo Pasolini, situé au centre de Valenciennes et inauguré en décembre 1991.

Un public riche de par sa diversité, un public qui s’élargit et se fidélise.

Vingt trois créations parmi lesquelles La Double Inconstance de Marivaux, qui a ému la région, Une Fleur Coupée en Thermidor, prix Jean Vilar en 1989 à Montpellier, Prométhée Enchaîné d’après Eschyle salué par la critique.

En 1987, quatre années après sa naissance, le travail du Jeune Théâtre International, son implantation dans plusieurs municipalités, la confiance accordée par l’Education Nationale, et ses vingt trois productions, lui amènent la reconnaissance des collectivités territoriales.

Principales créations du Collectif Théâtral du Hainaut-Jeune Théâtre International

1981 : La Sorcière d'après Michelet Antigone de Sophocle
1982 : Adolescences de Philippe Asselin
Oraison d'Arrabal
Antigone de Brecht
1983 : Les Cloches de Bâle ou le Rendez-Vous de Bruxelles d'après Louis Aragon *
Première création "professionnelle"
1984 : Trilogie Germinal
- Oratorio pour Zola de Philippe Asselin
- Germinal II
- Les noces dans la Terre de Philippe Asselin
Co-mise en scène : Jean-Louis Martin-Barbaz et Philippe Asselin
1985 : La Double Inconstance de Marivaux
Le Combat des Dragons d'après un conte tibétain *
Prométhée, Homme Nouveau d'après Prométhée Enchaîné d'Eschyle
1986 : Don Juan ou la Naissance des Larmes de Philippe Asselin
Le Chant d'Halewyn d'après un conte des Flandres *
1987 : I Passi della Guida (Dans les Pas du Guide) de Philippe Asselin
1988 : Vittoria de Pier Paolo Pasolini
1989 : Une Fleur coupée en Thermidor Discours de Maximilien Robespierre à la Convention Nationale, le 8 Thermidor An II.
1990 : La Langue d'Exil d'Armand Robin
1991 : La Balzacrie d'après Un Drame au bord de la Mer d'Honoré de Balzac
D'une Barbe, les Fragments Bleus d'après le conte Barbe Bleue *
1993 : Iphigénie en Tauride d'Euripide
Odyssée d'après Homère *
1994 : La Place Royale de Pierre Corneille Création Jeunes Comédiens
1995 : Prométhée Enchaîné d'après Eschyle *
1997 : La Hurle-Vie d'après Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire La mise en scène de chacune de ces créations est signée Philippe Asselin.

* L'adaptation à la scène est de Philippe Asselin.

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Informations pratiques

Lierre

22, rue du Chevaleret 75013 Paris

  • RER : Bibliothèque François Mitterrand à 283 m
  • Tram : Avenue de France à 219 m
  • Bus : Porte de France à 173 m, Regnault à 242 m, Porte de Vitry à 289 m, Bibliothèque François Mitterrand à 320 m
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Plan d’accès

Lierre
22, rue du Chevaleret 75013 Paris
Spectacle terminé depuis le mercredi 8 novembre 2000

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Spectacle terminé depuis le mercredi 8 novembre 2000