- Car, vous voudrez bien en convenir, n’est-ce pas : rien n’est plus inutile qu’un corps de médecin ! (Sacha Guitry)
- Alors, faut-il ne se confier qu’aux machines ? (Jean Paul Escande)
Sacha Guitry est malade. Très malade. Il est au lit. Mais, même s’il est anéanti par sa pneumonie, malgré lui, son oeil de critique à l’ironie féroce enregistre tout ce qu’il y a de curieux, de ridicule, de drôle, de pathétique même, dans les durs moments qu’il vit. Il note tout cela dans un gros cahier, en faisant des ratures, en revenant au besoin sur ses impressions premières. C’est un petit chef d’oeuvre.
Il était tentant pour un médecin d’aujourd’hui de sélectionner quelques scènes, de mettre en valeur quelques jugements pour se poser cette question : les médecins, la médecine, les malades ont-ils beaucoup changé leurs rapports depuis ces temps héroïques ? La médecine, les médecins, vus par Molière, Sacha Guitry ou Woody Allen, ou le simple usager, est-ce que ça suscite des réactions très différentes ? Ou, au fond, toujours les mêmes ? Et que doit en conclure la médecine ? Le Professeur Jean Paul Escande a là-dessus son idée. Pour nous faire rire et réfléchir.
La grande affaire de la médecine, du point de vue de Jean Paul Escande, c’est de donner aux usagers une véritable capacité à juger de la médecine et des médecins. C’est pour cela qu’il développe son « École populaire de Médecine ». C’est une entreprise considérable en apparence, mais finalement pas plus compliquée que de faire apprendre aux supporteurs sportifs, les règles du jeu et le nom et la carrière des joueurs. C’est bien d’encourager les usagers à comprendre leur propre cas en allant sur Internet mais c’est insuffisant. Il faut aussi connaître les coulisses du métier. Pour que le cotisant de la Sécu et des assurances domine ses investissements et se donne un poids politique, il faut lui donner la possibilité de se former. Après, il pourra juger. Et tout cela se fera d’autant mieux qu’on aura dédramatisé l’affaire. Le rire est le meilleur support d’un apprentissage réussi. Et la scène du théâtre est le lieu privilégié du « rire pédagogique ». Le médecin est fatalement « comédien, malgré lui ».
D’après La maladie, ouvrage de notes de Sacha Guitry.
73, rue Mouffetard 75005 Paris