Fugaces

Paris 18e
du 15 novembre au 19 décembre 2004

Fugaces

Petite soirée entre amis, bourgeoise, un peu convenue, sans souci : premier acte. Un homme, un médecin, quitte les convives et va rejoindre sa fille qui part en voyage le lendemain. La mise en scène d'Hervé Petit ne vise pas tant à faire de Fugaces le lieu d'une " transgression " acceptable que celui d'une relation extrême, source de mystère, de réflexion plus que de dégoût.

La pièce
Notes d’intention
Une pièce, deux temps, trois espaces

Des amis sont réunis pour passer une soirée ensemble. C’est le début de l’été. Il y a un peu d’électricité dans l’air : une anxiété particulière chez chacun, quelques frictions passagères, des soucis que l’on se confie. Avant de dîner, la maîtresse de maison invite ses hôtes à faire tourner la table, jeu familier pour eux. Le hasard ou autre chose font que l’un d’eux, le médecin, devient la cible des questions posées à la table, dont la dernière réponse, inquiétante, crée un malaise. Le malaise est vite dissipé. Les soucis s’évanouissent.

Comme prévu, le médecin n’est pas resté dîner. Il est allé rejoindre sa fille qui part demain en voyage. Le cadre (ils sont dehors, il fait nuit, les étoiles brillent), l’amour qu’ils se portent, le tout prochain départ de la jeune fille les incitent aux confidences, aux révélations… aux actes. La voûte étoilée du ciel deviendra linceul pour eux deux.

Les amis, toujours réunis, ont dîné. Chacun, maintenant détendu, parle, livre aux autres son sens de la vie, sa recette du bonheur, ignorant du drame qui dans le même temps se déroule.

Une pièce en trois actes, en trois temps contrastés. Un sujet grave, terrible, traité sans complaisance ni distance affectée, d’une forte et progressive intensité dramatique. L’écriture, de grande tenue, à la fois simple et vive, précise, s’élargit au deuxième acte à la mesure de la tragédie amoureuse qui s’y révèle. Tous les personnages, ils sont sept, existent à part entière.

Par la Compagnie La traverse.

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D’abord l’alerte et ample premier acte. Ses déambulations domestiques et vaudevillesques. Son allure de comédie. Benet insiste sur ce point. Peut-être par pudeur. Car si les personnages nous retiennent, c’est qu’ils sonnent juste : leur chaude cordialité, leur fébrilité plus ou moins exprimée, leurs petites confessions, leur humour aussi. L’espace : un curieux couloir-salon-vestibule d’allées et venues qui fragmente l’acte en courtes scènes glissant de l’une à l’autre au gré de la circulation des personnages, de leurs humeurs, de leurs confidences, pour finalement, l’air de rien, concentrer l’intrigue autour de la grande scène de la table, laquelle passe au premier plan. Tout cela très allègre et en même temps intrigant, justement.

Alors le basculement du deuxième acte. Avec soudain l’espace ouvert de la nuit étoilée, qui nous extrait du confinement domestique et social du premier acte, comme si l’ampleur du drame à venir ne pouvait se manifester que dans un tel cadre. L’intimité, même encore retenue, est là, tout de suite, et dès le départ un peu clandestine. Seuls sous la voûte étoilée. L’écriture a bougé, devient plus vibrante, lyrique. Dans le passage du catalan au français, garder la juste mesure de ces paroles passionnées qui se cherchent. Ni les « trivialiser », ni les gonfler. En préserver la vérité dramatique, même si des ombres demeurent (comment pourrait-il en être autrement ?) dans le mouvement même de cet échange amoureux et batailleur sous les étoiles, doux, heurté, violent, avec ces irruptions de tirades / confidences.

Comment, après cela, faire entendre les propos apaisés, sereins, sincères de chacun des amis au troisième acte, alors que nous, public, nous venons d’être témoins de la tragédie qui se déroule quelque part ailleurs au même moment ? Le décalage est énorme. Il le faudrait pourtant. Des échos de sentiments, de réflexions circulent d’ailleurs, de façon contradictoire, entre le deuxième et le troisième acte. J’aime ce que disent ces amis sur le bonheur, sur le sens de la vie. A posteriori j’en ai voulu au docteur de foutre en l’air tout cela.

J’ai confié mon sentiment à Benet i Jornet. Il m’a amicalement répondu : « Ça me plaît ta sensibilité devant le troisième acte (…) Tout le monde a trouvé là, à la fin, son équilibre, oui, dans cette nuit d’été (…) Je trouve très bonne ta décision de ne pas te laisser aller à un possible éblouissement pour le deuxième acte. Seulement… je te demande pitié pour le docteur. Pas compréhension, pas justification, si tu veux. Mais, à la fin, un petit morceau de pitié pour le monstre. »

Par rapport au premier acte, l’espace du trois lui aussi a bougé.

Hervé Petit

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Premier acte
Un intérieur ordinairement plutôt délaissé, au mobilier rare, hétéroclite, indifférent. Une pièce parmi d’autres, plus négligée que d’autres, dans cette grande maison. Ce négligé renvoie d’ailleurs à une certaine aisance. Ce sont les personnages qui réchaufferont le lieu, le réveilleront (on y apporte, y déplace des meubles, on s’y installe).
C’est un espace carrefour, où les circulations sont fluides et ludiques. Il peut être de guingois.
La table, objet dramatique du milieu de l’acte, doit tourner, vraiment !
En fin d’acte la maîtresse de maison initie un mouvement d’ouverture sur la nuit installée du dehors et ainsi nous fait glisser vers ce qui va devenir le cadre du deuxième acte.

Deuxième acte
La nuit est tombée. L’espace du 1er acte s’est grand ouvert, suffisamment modifié pour éprouver le changement de lieu du 2. Nous sommes sous les étoiles, proches de la nature (il reste des fragments du 1, un pan de mur intérieur devenant pan coupé extérieur).
Ne pas magnifier, sur-dimensionner ce nouvel espace. Contrarier la tentation d’en faire le lieu emblématique d’une « tragédie sous les étoiles » en lui accordant, certes, sa part de beauté, mais en ancrant les deux personnages dans un univers concret, relatif, sonore (proximité d’une route, d’une ligne de chemin de fer), visuel (les lumières d’une ville ou d’un village proche). Ce concret, paradoxalement, participera à l’étrangeté certaine de la pièce.

Troisième acte
Il se déroule dans le même temps que le 2ème acte dont l’espace peut rester plus ou moins présent (ce qui s’est passé le restera terriblement dans la tête des spectateurs) : par exemple, par transparence (la même vaste couleur de la nuit toujours présente ; des vestiges du 2 laissés sur le plateau du 3 ?). L’intérieur du 3ème acte, pourtant dans l’histoire le même qu’au 1er acte, s’est élargi, dilaté vers l’extérieur.

Caroline Mexme

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Spectacle terminé depuis le dimanche 19 décembre 2004

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