Flandrin, acteur

J’ai écrit cette pièce en 1992. Daniel Mesguich l’a mise en scène… C’était très beau. À mon tour je souhaite la monter.

Flandrin, acteur spécialisé dans les rôles de folie (il répète Le Roi Lear), devient fou pour de vrai à cause de l'état de la planète. Quand il s’évade de l'asile, errant dans la forêt comme Lear, il décide de faire pleurer les pierres en leur racontant le xxe siècle : les guerres auront fait 215 millions de morts.

Où est cette civilisation dont nous parlons ?

La règle du jeu de l'écriture : quand c'est du théâtre, c'est en prose, quand c'est la vie réelle, c'est en vers…

Voici les propos de Flandrin mourant :

Il en faudrait si peu pour créer du bonheur.
Avoir quelques instants un petit peu moins peur.
Que l’intuition de quelques-uns soit par nature
Un projet politique ; et que chaque aventure
Où ils feraient semblant de se rompre le cou
Fasse Alceste plus sage et Philinte plus fou
Et grandisse l’éclat des petites semaines
Et grandisse l’amour au cœur de Célimène.

La pièce est également l’histoire d’amour de Flandrin pour Camille, sa fiancée martiniquaise formidablement attentive aux êtres et aux événements… et aussi celle d’une troupe de théâtre, avec toutes les fascinations qui l’accompagnent : répertoires, publics, relations avec les acteurs…

Flandrin se croyait capable de tous les simulacres : il est rattrapé par la réalité.

Je suis heureux de jouer cette pièce. De me consacrer un peu à cette vie artistique qui me fait vivre l’âme.

Pierre Debauche