De profundis

Paris 6e
du 21 mars au 15 avril 2012
1h10

De profundis

Le De Profundis est une longue lettre que Wilde écrivit lors de son incarcération. Il y relate les circonstances qui ont précédé sa chute, ses conditions de détention, et les espoirs qu’il nourrit pour sa libération. C’est le cri d’amour et de tolérance qu’il lance dans le silence pour rester un homme.
  • Les faits

En 1891, Oscar Wilde aide un étudiant d’Oxford, (Bosie), le fils du marquis de Queensberry. Deux ans plus tard, il entame une relation avec lui. Le père, membre de la chambre des Lords, désireux de voir son nom réapparaître dans les journaux se pose en défenseur de la pureté et de la moralité, et cherche à provoquer un scandale public en harcelant Wilde. Il va même jusqu’à tenter d’interrompre une représentation de L’importance d’être Constant afin de ruiner l’auteur.

C’en est trop pour Wilde. Il riposte et attaque en justice le marquis de Queensberry pour diffamation... Et perd le procès. La loi anglaise, à cette époque, ne badinant pas avec l’homosexualité, le condamne à deux ans de travaux forcés. Durant cette période, il est déclaré publiquement en faillite, sa mère meurt, sa femme divorce, ses enfants lui sont retirés par décision de justice... Il a tout perdu, même son nom, puisqu’il est le prisonnier C 33.

Ce qui permettra à Wilde de survivre à cette épreuve, c’est le sentiment d’humanité qu’il découvre en prison et une longue lettre qu’il écrit à Bosie : le De Profundis, un cri d’amour et de tolérance qu’il lance dans le silence pour rester un homme.

  • Le spectacle

Au début était un prisonnier assis sur un tabouret au centre d’un carré de poussières... C’est un homme qui à tout perdu, iI se définit lui même comme « bouffon de la douleur, un clown au coeur brisé », quelque chose de fragile et émouvant. Alors, pour échapper à la folie, à l’isolement et au silence, Wilde écrit cette longue lettre adressée à « Bosie » qui ne lui a pourtant donné aucune nouvelle pendant deux ans.

Dans un terrible bilan sur sa vie, il relate les circonstances qui ont précédé et suivi sa chute, l’acharnement d’une société moralisante quand elle décide de faire un exemple, ses conditions de détention, les événements qui marquent sa vie d’homme, et les espoirs qu’il nourrit pour sa libération. Dans ce spectacle sur l’amour, la réparation, la capacité d’aimer au-delà de la souffrance et de la trahison, Wilde nous transmet un message d’espoir et de tendresse.

Il nous parle d'humanité de compassion, opposées à la morale ou au succès matériel. C’est la lutte farouche d’un homme qui veut maintenir à tout prix l’amour dans son coeur et qui découvre que le bien le plus précieux d’un homme est son Humilité.

  • La mise en scène

J’ai découvert le De Profundis dans une période particulièrement compliquée de ma vie et ce texte est entré en forte résonance avec mon histoire. Tous, nous avons vécu une trahison, ou une rupture. Quand on a vraiment tout perdu, comment alors peut-on se reconstruire, ne pas rester dans la colère et garder une ouverture à l’autre ... Le De Profundis apporte des réponses et c’est, je crois, l’un des plus beaux textes, du XIX et du XXème siècle. Il a pour moi la grandeur et la force de Shakespeare, ou de La Première épître aux Corinthiens, de St Paul.

C’est à la fois une lettre d’amour, de tolérance, et un questionnement sur les moyens de retrouver sa grandeur, sa dignité, et sur la nature de l’homme au delà de toutes ses souffrances. Afin de ne pas enfermer le message intemporel de ce texte, j’ai refusé tout parti pris réaliste pour choisir la sobriété, la métonymie, l’évocation, via un espace allégorique et fragile symbolisant à la fois la cellule de Wilde et son univers intérieur. La mise en espace devient une épure et décline un univers poétique : un mouchoir devient une fleur dans le désert, la couverture du prisonnier devient la cape du « Roi De L’art, » un carré de poussière, les murs d’une cellule ou les vestiges d’une vie ruinée.

Et la mise en scène s’enrichit de références iconographiques au Christ en majesté, à Saint Sébastien et aux autoportraits d’Egon Schiele, qui se déclineront tout au long du spectacle, comme un contrepoint visuel des leitmotivs textuels. Le jeu est intérieur, pudique contenu, naturellement porté par le souffle. C’est le retour sur luimême d’un homme qui n’a plus de contact avec le monde extérieur, excepté quelques sons étouffés par les murs de la prison et le souvenir des mélodies irlandaises de son enfance.

En synthèse, la mise en scène est construite comme l’écriture de Wilde, en jeux de boucles et de miroirs, afin de laisser au personnage tout l’espace pour évoquer les infinies modulations de la souffrance, de l’amour, et toutes les subtilités de la pensée du grand homme.

G. Couette-Jourdain

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Spectacle terminé depuis le dimanche 15 avril 2012

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