Dans la jungle des villes

du 4 mai au 7 juin 2012
2 heures

Dans la jungle des villes

Brecht raconte ici une mue, celle d’un homme qu’un combat sans pitié révèle à lui-même pour le meilleur et pour le pire. Pour le jeune metteur en scène suisse-allemand Roger Vontobel, cet affrontement sauvage est un tremblement de terre qui secoue les fondements d’une société.
  • Un corps à corps matériel et spirituel entre deux hommes

Une ville ordinaire, un jour ordinaire, dans un monde d’argent : le bruit, la boue, des gens au travail ou sans. Qu’ils vendent du poisson, du sexe ou leur misère, ce sont d’autres qui en touchent les fruits.

Dans cette jungle implacable, deux hommes engagent un combat énigmatique. Shlink s’est hissé du bas de l’échelle au sommet, il a tout - mais peut-être pas ? Garga, lui, n’a jamais rien tenté. Avec une arme nommée « humiliation », Shlink l’éveilleur le provoque. La pièce suit le corps à corps matériel et spirituel des deux hommes jusqu’à son issue. Que faire face à quelqu’un qui ouvre un combat contre soi ?

C’est une mue que raconte Brecht dans La jungle des villes, celle d’un homme qu’un combat sans pitié révèle à lui-même pour le meilleur et pour le pire… Une renaissance à une lucidité nouvelle.

Pour Roger Vontobel, cet affrontement sauvage et superbe est un tremblement de terre qui secoue les fondements d’une société. Et nous, de quel séisme avons-nous besoin pour réveiller nos consciences endormies ?

Les questions de la fierté et de la dignité sont au centre de la première création française de ce jeune metteur en scène suisse-allemand, qui s’est fait connaître sur la scène allemande par ses relectures radicales de grandes œuvres du répertoire.

Traduction de l’allemand Stéphane Braunschweig.

  • Note d'intention

Mesdames et Messieurs, je vous salue d’un endroit qui pourrait se trouver partout où il y a des hommes. Quelque chose d’épouvantable s’est produit, ici même, et c’est le début d’une histoire grandiose dont nous ne connaissons pas à l’heure actuelle la suite. C’est l’histoire d’un combat, messieurs et mesdames. Le combat vient juste de commencer, ici dans cette librairie. Certes, c’est un endroit étrange pour la première manche d’une altercation cruelle, mais ce n’est pas celui qui convient le moins.

Les livres parlent généralement des hommes et de leurs intrigues. Alors, une librairie est un bon endroit pour le début d’une histoire qui traitera apparemment de cela : des hommes et de leurs intrigues. C’est macabre, mais poignant. La vie, mesdames et messieurs.

Il s’agira de la vie, la vie toute nue. Et voilà que nous sommes déjà au coeur de ce qui vient de se passer ici, à l’instant. Un homme sans vêtements a quitté la librairie, il y a deux secondes. Sans vêtements, sans chaussures, il a tout vendu, il ne lui reste rien d’autre que sa coiffure, que s’il en avait eu besoin, il aurait vendue.

L’homme s’appelle George Garga, il travaille dans cette librairie, ou plus exactement, il a travaillé ici. Maintenant il a perdu son travail. Un chômeur de plus pour les statistiques mais ce n’est pas le pire : non seulement George Garga n’était pas un très bon vendeur, mais il n’était pas très fiable, souvent il arrivait en retard
au travail et parfois il ne venait pas du tout. Souvent il avait bu, les clients lui importaient peu. Il aimait bien lire, mais plus par ennui que par intérêt. Un loser ce George Garga, sa fiancée boit aussi, ses parents vivent des allocations sociales et du peu d’argent que Garga ramène à la maison quand il ne l’a pas déjà dépensé pour boire
ou gaspillé d’une autre manière judicieuse.

Maintenant il marche tout nu dans les rues et a tout perdu : son travail, ses vêtements et une chose qu’il croyait que personne ne pouvait lui ôter. George Garga, mesdames et messieurs, a perdu sa fierté. Vendue, tout comme ses vêtements, pour trois fois rien.

Et qui est l’heureux propriétaire des vêtements et de la fierté de Garga ? Un homme étrange, il faut le dire. Rien que son nom est étrange. Il s’appelle Shlink, cela rappelle le mot anglais slink, qui veut dire se faufiler, ou glisser, marcher à pas feutrés, le mot anglais slick qui signifie lisse comme une anguille. Par ailleurs,
slick veut dire vif.

Un nom étrange, un homme étrange. Shlink, l’étranger, est venu ici il y a quelques minutes dans cette librairie, dans son costume fait sur mesure hors de prix, il s’est posté devant Garga et a dit : « En cette matinée, qui n’est pas comme une autre, j’engage le combat contre vous. Et je commence par faire trembler votre socle. »

Mesdames et messieurs, que feriez-vous, si un homme inconnu venait vous trouver une matinée tout à fait normale et ouvrait le combat ? S’il vous disait qu’il fait trembler votre socle et s’il entendait par socle, votre vie, votre famille, votre métier, votre quotidien avec toutes ses petites normalités. Vous sauriez tout d’un coup que plus rien n’est comme avant, parce que vous comprendriez que l’homme est sérieux. Du reste, Shlink a dit la phrase très calmement à George Garga, et puis, il lui a acheté ses vêtements, avec de l’argent.

La fierté, il l’a prise avec la monnaie qu’on utilise pour l’acheter : le mépris. De l’argent, il en a beaucoup, Shlink. Il n’est pas seulement un homme étrange, il est aussi un homme riche. Un homme d’affaires, il fait du commerce qui rapporte. Des actions peut-être, ou des drogues. Cela pourrait être aussi du bois. Personne ne le sait très bien, il y a des rumeurs. Mais il est sûr que Shlink n’a pas besoin de se lier à quelqu’un comme Garga : ni pour discuter, encore moins pour combattre.

Mais il l’a fait, il a ouvert le combat, et maintenant, se pose la question : pourquoi ?

Roger Vontobel

  • La presse en parle

« La beauté sale de la mise en scène, l'ambition d'exploser un monde impossible et cynique boostée par l'énergie des comédiens, tout cela entraîne le spectateur sur des chemins passionnants. » Rue du théâtre

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Spectacle terminé depuis le jeudi 7 juin 2012

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