Corps de femme

Montigny-le-Bretonneux (78)
du 22 au 23 mars 2013
50mn/Intégrale 4h

Corps de femme

En suivant le parcours de sportives de quatre pays de l’Union Européenne, Corps de femme explore les différentes perceptions du corps de la femme et les critères de féminité. Le spectacle tend à interroger et à combattre un certain nombre d’idées reçues, de comportements figés et de pratiques encore taboues. Quelle est la situation de la femme dans l’Union Européenne, à l’heure où celle-ci revendique comme principe fondateur de son programme politique l’égalité hommes femmes ?

Programme
Intention
Une quadrilogie
Développements possibles autour du corps et de la féminité

  • Programme

Jeudi 17 janvier 2013 à 20h30 : Le Marteau

Vendredi 18 janvier 2013 à 20h30 : L’haltérophilie

Samedi 19 janvier 2013 à 20h30 : Le ballon ovale

Dimanche 20 janvier 2013 de 14h à 18h30 : Intégrale.

  • Intention

Dans l’histoire du sport, la morphologie et les résultats des sportives ont très tôt éveillé des soupçons quant à leur excès de virilité. Quand leurs performances ont menacé les records masculins, certaines ont été suspectées d’être des hommes. En 1948, les sportives, disputant des compétitions internationales, sont tenues de fournir un certificat médical attestant de l’authenticité de leur sexe. En 1964, elles doivent subir un examen gynécologique avant les épreuves. En 1967, l’examen gynécologique est remis en cause et remplacé par le test de Barr qui met en évidence les chromosomes X des sportives à partir d’un prélèvement buccal. Les athlètes qui réussissent le test se voient délivrer un certificat de féminité. En 1992, un nouveau test consistant à repérer la présence du chromosome Y le remplace. En 1999, le Comité International Olympique suspend les tests de féminité, mais de nombreuses fédérations continuent à les appliquer. Aux jeux olympiques de Pékin, un laboratoire de détermination du sexe contrôle les sportives à la morphologie suspecte et, en 2009, Caster Semenya, jeune coureuse de 18 ans, a dû subir, à son corps défendant, des tests pour éliminer les soupçons qui pesaient sur sa personne suite à sa performance sur 800 m aux Championnats du monde. Une absence de poitrine, une voix grave, des biceps plutôt avantageux et des chronomètres étonnants ont suffi à mettre en émoi le monde de l’athlétisme. Aucun test de masculinité n’a été à ce jour envisagé, mais plus la femme s’émancipe, plus elle doit prouver qu’elle reste une femme authentique et adopter les marqueurs obligés de la « féminité ».

En suivant le parcours de sportives de quatre pays de l’Union Européenne, Corps de femme explore les différentes perceptions du corps de la femme et les critères de féminité. Le spectacle tend à interroger et à combattre un certain nombre d’idées reçues, de comportements figés et de pratiques encore taboues. Quelle est la situation de la femme dans l’Union Européenne, à l’heure où celle-ci revendique comme principe fondateur de son programme politique l’égalité hommes femmes ? Sous forme de spectacle évolutif, multimédia et multilingue, Corps de femme, plonge au coeur de cette thématique par le prisme du monde sportif, observatoire privilégié de l’inégalité des sexes et de la question du genre.

Le projet se tourne volontairement vers des sportives qui s’adonnent à des sports considérés comme physiques et masculins (lancers, lutte, haltérophilie, rugby..), car de par la nature des disciplines qu’elles pratiquent, ces athlètes présentent traditionnellement une musculature surdéveloppée. L’image qu’on a d’elles est celle de femmes trop fortes, disproportionnées, masculines, disgracieuses, non désirables, proches des phénomènes de foire. Quelle relation ces sportives entretiennent-elles avec leur corps et leur féminité, comment vivent-elles le regard des autres, la question du désir, à quels sacrifices sont-elles prêtes pour pratiquer leur sport, comment vivent-elles leur vie de femme ? Quelle est la place de ces sportives, rarement considérées à juste titre ? Les médias les délaissent. Les sportives ne deviennent des vedettes qu’au jour de leur victoire ou d’un record, eu égard aux enjeux nationaux que représente une médaille ou un titre mondial.

En dialoguant avec ces femmes, en les filmant sur leur lieu d’entraînement et dans leur vie quotidienne, il s’agit d’explorer l’intime, le dit et le non-dit, voire l’indicible, d’interroger la question du genre et de la bicatégorisation des sexes : qu’est-ce que c’est qu’être femme aujourd’hui, peut-on réduire le féminin à une notion absolue ? Nos corps de femmes sont-ils modelés par des normes ? Une interprète (actrice ou danseuse) restitue la parole de ces femmes, en miroir de leur portrait vidéo.

  • Une quadrilogie

Chaque étape du projet prend en compte le contexte socioculturel de chaque pays.

En Pologne, j’ai suivi Kamila Skolimovska, première championne olympique du marteau féminin, discipline homologuée en 2000 aux JO de Sydney. “Carte de visite de masculinité”, le lancer du marteau était strictement réservé aux hommes jusqu’à dans les années 90, car considéré comme la discipline athlétique la plus physique après le saut à la perche. Kamila est morte le 18 février 2009 à l’âge de 26 ans d’une embolie pulmonaire, 4 mois après la création du spectacle...

En France, je m’attache à un sport collectif comme le rugby, pratique amateur, dans un portrait à multifacettes afin de comprendre quels sont les enjeux qui poussent aujourd’hui les femmes à pratiquer ce type de sport et quel est le rapport qu’elles entretiennent avec leur corps. Comment leur féminité et leur pratique sont-elles perçues dans la société française d’aujourd’hui ? A partir de plusieurs équipes de différents niveaux, je vais reconstituer ma propre équipe qui réunira des profils variés de joueuses, de la petite fille à l’ancienne joueuse, de la joueuse de troisième division à celle de l’équipe nationale de France.

En Turquie, je vais m’intéresser à une haltérophile ou à une lutteuse de haut niveau, issue d’un milieu défavorisé. Dans une société, où la situation de la femme oscille entre féodalisme et émancipation (zones rurales/grandes villes), comment une femme plus forte qu’un homme se perçoit et quel est le regard que la société porte sur elle quand elle en devient le porte-drapeau ?

En Allemagne, je désire me consacrer à une sportive de l’ex-RDA qui a fait partie du programme médical de la STASI, principalement orienté vers la performance des sportives, en tant qu’enjeu politique sur la scène internationale. Traitées à leur insu aux anabolisants et aux hormones masculines, dépossédées de leur corps et de leur féminité, ces femmes ont encore du mal à se faire entendre.

Chaque portrait fait l’objet d’un spectacle avec sa vidéo et son propos propres, tout en tenant compte et en intégrant des éléments de l’étape précédente (présence des autres interprètes, vidéo, voix...). Le travail se décline en trois temps :
1/ constitution d’une équipe artistique locale (recherche d’un lieu partenaire, d’une interprète, d’un(e) assistant(e), d’un(e) vidéaste)
2/ réalisation d’un portrait d’une sportive locale
3/ répétitions et création dans le pays concerné

La vidéo sculpte les corps, isole des détails, plonge dans la chair et le mouvement (caméra embarquée). Projetée sur plusieurs écrans de tailles différentes, elle se prolonge d’une surface de projection à l’autre, donne à voir les sportives, restitue leurs gestes pendant l’effort, mais aussi leurs avants et leurs après...

La musique suit les mouvements structurels de chaque sport et ses spécificités, reprenant à son compte les sons captés lors des reportages et enrichis de sons créés à partir d’un Serge (SMMS, synthétiseur analogique). Présente tout au long des spectacles, elle agit à la manière de réminiscences ou de contrepoints.

Les quatre étapes de la quadrilogie sont autonomes, mais elles finissent par fusionner dans un seul et même cinquième spectacle où les quatre parcours des quatre sportives se croisent, se heurtent, dialoguent. Les langues se superposent, se mélangent, se répondent, telle une composition sonore qui s’écrirait à partir des musicalités spécifiques à toutes les langues rassemblées sur le plateau. Les différentes vidéos se font écho les unes aux autres comme dans une grande partition d’ensemble où les quatre interprètes ne forment plus qu’un seul corps.

  • Développements possibles autour du corps et de la féminité

Plusieurs actions sont à envisager autour du spectacle, permettant de conférer au spectacle un ancrage plus fort, notamment dans sa perspective européenne, celle de favoriser un espace commun de coopération culturelle et artistique. Voici plusieurs propositions (la liste n’est pas exhaustive).

A/Le corps performant entre sport, danse et théâtre
En quoi la pratique du sport et celle de la danse contemporaine ou du théâtre diffèrent ou coïncident ? Quel rapport au corps, quelle technicité, quelle maîtrise et quelles connaissances chacune de ces pratiques développe et peut apporter à l’autre ? La notion de performance est-elle la même et se situe-t-elle au même endroit chez les sportives et chez les danseuses et actrices ? Comment les unes et les autres contraignent et ressentent-elles leur corps ? Un corps féminin ? Cette investigation prendra la forme de workshops d’échanges de pratiques et de ressentis sensibles et anatomiques entre sportives, danseuses et actrices. L’accent sera mis sur les jeunes sportives et un travail de sensibilisation sera plus particulièrement effectué en direction des clubs ou centres sportifs de jeunes femmes athlètes ou d’élèves d’écoles de sport. Ces stages seront conduits conjointement par des sportives et par des chorégraphes issus de la danse contemporaine et/ou des metteurs en scène pratiquant le documentaire choisis en concertation avec les associations coorganisatrices ou partenaires. Un suivi vidéo et scientifique, réalisé lors des stages, permettra d‘établir un bilan théorique et en images des différentes rencontres.

B/Le corps sexué dans le sport
Les pratiques sportives restent des territoires irrémédiablement sexués avec des disciplines « féminines » et d‘autres « masculines », entretenant la discrimination par le genre. Pendant de nombreuses années, les femmes étaient soumises à un test de féminité leur octroyant ou non, le droit de participer à des compétitions internationales. En 2009, le cas de Caster Semenya montre que les questions sont toujours les mêmes. Les sportives demeurent négligées par les médias qui les jugent d’abord sur des critères esthétiques et non pas sur leurs résultats performatifs, ne leur accordant de véritable attention qu’à l’aune d’une victoire, d’un record ou d’un scandale. De nombreux sports, quand ils sont pratiqués par des femmes, sont considérés comme mineurs ou inexistants. Le sport est considéré par les chercheurs en sciences humaines comme un observatoire privilégié de l’inégalité des sexes et de la construction du genre, un prisme sociétal extrêmement révélateur de l’évolution de la parité dans les mentalités et de l’inégalité inscrite dans les corps. Ce domaine sera exploré au cours d’un séminaire itinérant entre chercheurs, médecins, sportives des pays partenaires. Les différents instituts organisateurs, tour à tour, proposeront un angle d’étude en lien avec le contexte géopolitique de chaque pays. La somme de ces communications et de ces réflexions donnera lieu à une publication collective.

C/Le corps socioprofessionnel
Chaque catégorie socioprofessionnelle engendre un type de corps et de rapport à celui-ci. L’uniforme et la fonction induisent dans l’inconscient collectif une incarnation sexuée. L’uniforme de l’infirmière est-il irrémédiablement associé au « féminin » et celui du policier au « masculin » ? En est-il de même en Pologne, France, Turquie et Allemagne ? Dans une Europe qui prône l’égalité des sexes et la parité, comment les jeunes Européennes pensent la féminité ? La pensent-elles toutes de la même façon ? Ces interrogations feront l’objet d’un film vidéo documentaire, réalisé dans l’ensemble des pays partenaires, sur des jeunes femmes issues de catégories socioprofessionnelles où le corps est spécifiquement mis en jeu. Elles seront interrogées sur leur définition de la féminité et sur la façon dont elles se perçoivent en tant que « femme ». Composé d’une série de vignettes, toutes scénarisées à l’identique, le film est destiné à être diffusé dans les quatre pays, afin de mettre en évidence la singularité socioculturelle de chacun d’entre eux et de dresser un état des lieux de la parité.

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Place Georges Pompidou 78054 Montigny-le-Bretonneux

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  • Transilien : Saint-Quentin en Yvelines - Montigny-le-Bretonneux à 426 m
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Place Georges Pompidou 78054 Montigny-le-Bretonneux
Spectacle terminé depuis le samedi 23 mars 2013

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