Brekekex Coax

Au grand désespoir de tous, le pote Eschyle est aux enfers ! Les grenouilles coassent et les jeunes de la Cité crachent leurs histoires de vie. Après Paris, Savigny, Pantin, 11 jeunes « déboutés de toute part » continuent la tournée commencée en septembre 2006.

Le projet
En compagnie de
L'équipe artistique
Extraits

• Le projet

"On ne peut entrer en société qu’étant « mêlé » à une histoire." Jean-Godefroy Bidima, La Palabre, une juridiction de la parole, Michalon, le bien commun, 1997

L’association « Handy et Manchu » intervient dans les champs de la création et de la formation. Elle s’adresse tout particulièrement aux jeunes qui ont des difficultés à trouver leur place dans un monde en pleine mutation et qui seront aussi les acteurs de demain. Les intervenants de l’association organisent des stages et créent des manifestations : (spectacles, expositions, conférences, publications, voyages) sur la base de leur expérience artistique (théâtre, vidéo, étude du mouvement) et de méthodes actives (accompagnement de projets individuels et collectifs).

En 2005/2006 l’association a développé son projet en compagnie de 15 jeunes (18/25 ans) originaires de divers départements d’Ile de France sous l’appellation « Comprendre et Agir le Monde ». A partir de leurs récits de vie, ils ont, au mois d’août 2006, écrit et réalisé au théâtre du Chaudron (Cartoucherie de Vincennes) un spectacle Brekekex Coax dont le titre fait écho aux grenouilles d’Aristophane, pièce écrite en 406 avant JC. Entre le 2 septembre et le 13 décembre 2006, ils ont présenté 8 fois leur travail. A la cartoucherie, au Théâtre du Fil à Savigny sur Orge, à l’Espace Lumière à Paris et au théâtre au fil de l’Eau à Pantin. Le public ainsi que les institutions (DRAC, PJJ, Ligue de l’Enseignement, Mairies de Pantin, d’Aubervilliers, de Nanterre, Admical, Fondations, etc…) ont accueilli ce travail avec enthousiasme.

Les objectifs de ce stage de réalisation - théâtre et vidéo - étaient de mettre ces jeunes - issus de 5 Espaces Dynamiques d’Insertion (EDI) et du théâtre du Fil - en situation de réaliser un projet à partir d’éléments de leurs histoires de vie, de gagner en capacité à s’exprimer et à échanger pour préparer leur avenir. L’art de conter, que Walter Benjamin qualifie de « f aculté d’échanger des expériences » renvoie au conteur qui « emprunte la matière de son récit à l’expérience (…) et ce qu’il raconte devient expérience en ceux qui écoutent son histoire ». Ainsi, l’activité narrative permet d’envisager les récits de vie comme processus de mise en forme de l’expérience qui concerne et les narrateurs et ceux qui écoutent leurs récits

Régulièrement certains nous quittent pour réaliser leurs projets professionnels et sont remplacés par d’autres qui renouvellent la forme et le contenu. Un bilan de l’action est en cours dans le cadre d’une recherche universitaire qui accompagne le projet.

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• En compagnie de

Mathieu Almadovar, Paris 13. Il aime les rôles physiques et s’y engage totalement. Au Théâtre du Fil depuis plusieurs années, il a participé à de nombreuses réalisations théâtrales et animations.

Samia Attouche, Paris 19. Enfant, elle a longtemps cru que c’était partout comme au bidonville. La lecture est une de ses passions. Elle est éducatrice.

Ophélie Ben Hassoun, Maison Alfort 94. Elle adore les animaux et la moto. Parfois son cœur bat trop vite. Elle travaille dans une « boîte » à chaussure.

Didier Biecher, Créteil 94. Il est venu quelques semaines puis reparti. Il aime trop le bord de la mer.

Elina Dumont, Paris 10. Elle connaît la rue du dedans, a inventé le concept de spécialiste de haut niveau, a une extraordinaire capacité d’adaptation et a participé à de nombreux spectacles.

Esther Dumorney, Montfermeil 93. Originaire de Haïti, elle nous a laissé de très beaux textes et se cache un peu.

Frédéric Gadegbeku, Courbevoie 92. Il est grand consommateur de mangas et de friandises, noir comme l’ébène, il voudrait trouver sa place dans une librairie.

Philippe Guyon, Gentilly 94. Il aime la science fiction, le dessin, le monde de l’enfance. Il a du nous quitter après les premières représentations et il nous manque toujours.

Djibril Kanoute, Paris 11. Il est du Mali et grand voyageur obligé. Il aime son pays et le nôtre malgré leur ingratitude.

Jean-Etienne Ladsous, Athis-Mons 94. Originaire de Madagascar, il se cherche et cherche son chemin, souvent sur les routes buissonnières.

Anthony Malterre, Alfort-Ville 94. Il ne baisse pas les yeux face aux représentants de l’ordre. Il adore tenir la caméra. Il est en formation à Mayenne dans la Mayenne

Bahimadie Nahon, St Ouen 93. Fille du Burkina, le pays des hommes intègres, elle aime le regard des autres. Elle adore jouer et conter des histoires.

Aurore-Mélody Rocher, Athis Mons 93. Franco Vietnamienne au croisement de deux cultures, elle est posée, agile et vive. Comme le funambule, elle sait rattraper les faux pas. Au Fil depuis deux ans, elle rêve d’être comédienne.

Manassé Trézil, Paris 20. De la grâce, du talent, Haïti est son pays d’origine, quand il joue, il danse.

Djamel Younes, Paris 13. L’école, la cité, les potes, la tchat’ch, le pouvoir des uns et la faiblesse des autres, il connaît. Depuis quelques mois, il a rejoint le théâtre du Fil.

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• Equipe artistique

Solenn Bardet
Géographe de formation, Solenn a séjourné plusieurs années chez les Himbas, peuple nomade au nord de la Namibie. Elle est l’auteur de Pieds nus sur la Terre Rouge, éditions Robert Laffont, 1998. Elle a collaboré au scénario du film La Piste en 2005 et accompagné Rendez-vous en terre inconnue chez les Himbas pour France 2, en 2006. Elle est présidente de l’association Kovahimba. Elle s’est aussi formée au Laboratoire d’Etude du Mouvement (LEM) à l’école internationale de Théâtre Jacques Lecoq. En 2007/2008, elle publiera L’Echappement, son premier roman.

Jean-Marie Thiedey
Formation à la Comédie de Besançon, direction Jacques Vingler et au CDN de Reims, direction Jacques Micquel, Philippe Adrien et Denis Llorca, à Paris X Nanterre en Sciences de l’éducation et à Paris III, Sorbonne en Formation des adultes. Directeur de l’Estran (accueil des sortants de prison et criminologie) jusqu’en 2006, a co-animé le théâtre de la Tangente à Reims et le Théâtre de la Mascara à Château Thierry dans les années 70.
Administrateur de Production de la Cie For Théâtre dans les années 80/90, il y travaille avec les metteurs en scène Michel Dydim, Bruno Netter et surtout Hervé Loichemol, et les auteurs Philippe Myniana et Yves Laplace. De 2000 à 2003 il écrit et réalise Zaouli et longue peine. En 2003, il joue dans aspect extérieur de Mathieu Malgrange, mise en scène de Gilles Zaeppfel à l’Atelier du Plateau Paris 19.

Valérie Mitteaux
Journaliste pendant plusieurs années dans la presse écrite et à la télévision, Valérie décide de se consacrer à l’écriture documentaire en 2002. Elle travaille actuellement sur deux projets de films : une plongée dans un syndicat de prostituées argentines et un portrait de Lynn Breedlove, icône transgenre américaine.

Anna Pitoun
Avocate de formation, puis chercheur au CNRS sur le droit et les institutions pénales, Anna décide de réaliser des documentaires à partir de 2002. Elle achève actuellement l’écriture d’un documentaire sur la parole politique en banlieue et un film sur le racisme.

Anna Pitoun et Valérie Mitteaux ont fondé en 2002 l’association Caravane Films et mènent une réflexion collective sur le caractère social et politique du cinéma documentaire. Elles ont réalisé ensemble :
Caravane 55 (2003), documentaire de 52 minutes qui a reçu le Prix Spécial du Festival International du Film des Droits de l’Homme de Paris en 2004 et le Prix du public au Festival Les Ecrans du réel du Mans la même année.
The Kings of de world, tourné pendant les élections américaines 2004, sortira sur les écrans en juin 2007.
Elles animent également des ateliers vidéo avec des personnes sortant de prison et des adolescents exclus du système scolaire.

Sophie Canet
Sophie Canet est comédienne et scénographe. Elle a fait les Beaux Arts à Montpellier et s’est formée à l’ASSAAD à Bruxelles, et au Laboratoire de l’Etude du Mouvement, Paris, méthode Jacques Lecocq.

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• Extraits

Plateau vide, Grenouilles plein écran, croassements et murmures. Entrent Bahi, Miquette et Stacy.
BAHI : mesdames et messieurs, nous, jeunes déboutés de toutes parts,
MIQUETTE : de la maison,
STACY : du pays,
MIQUETTE : de l’école,
STACY : du travail,
BAHI : nous avons choisi de donner une petite anti-conférence de presque rien,
MIQUETTE : ici ce soir,
STACY : au Théâtre du Chaudron.
BAHI : On nous a dit et rabaché :
MIQUETTE : comprend rien Stacy,
STACY : fait rien Miquette.
MIQUETTE : ce monde est pas pour toi Bahi.
STACY : vas-y Bahi !

STACY : hé l’obscène qu’est ce que tu mugis ici dans not cité? T’es une grenouille ou t’es un bœuf ?
FROGGY, joue sa star : moi c’est Froggy, le boeuf Froggy. Comment me trouvez vous mignons petits têtards ? (Mugit encore). Aidez-moi à me lever. Allons aidez moi !
LOCO : gueule incroyable, bouche à clapet super pour le slam, doigts palmés pour danser le hip hop. Vous pourriez la faire travailler ! Créez Froggy Production ! Vous allez les scotcher, dans la cité.
SKOOL : hé c’est moi le bœuf dans la téci !
FROGGY : Froggy production ? Me ? waouh !
MIQUETTE : ca va comme ça, Froggy, tu vas pas te remettre à péter plus haut qu’un bœuf ! On a une anti-conférence en route !
PHILOSAURE : nous on veut s’montrer mais sans gonflette !
SKOOL : on en a marre des keufs qui nous arrêtent tout le temps,
BAHI.: des bagnoles qui brûlent,
BIHA : des caïds qui nous rançonnent,
LOCO : des tournantes méméméméchantes
STACY : on veut embellir et changer not’cité. Au départ c’est l’idée des filles. Hein les filles ! (Acquiescement des filles). On veut qu’on nous connaisse autrement.
FROGGY : coax…coax… brekekex… coax…coax…

PHILOSAURE : je m’appelle Philosaure. J’ai rêvé d’être paléontologue. Pas facile quand on a dérapé ses études. Hein Philou ? Je vais vous raconter l’histoire d’un pote que j’ai observé à la loupe. Il a un CAP d’horticulture. Il voulait faire garde chasse mais il a raté son BEP. Il a pas vraiment choisi d’être en horticulture. C’était ça ou la plomberie. C’est en 6ème que ça a commencé à dérailler. Il était mauvais en anglais, et ils l’ont fait redoubler avec une moyenne de 14. Redoublée la troisième aussi. Il se faisait frapper tout le temps. Bon, faut dire qu’il était dans un monde bizarre.

SKOOL : Ma mère elle est femme de ménage dans une école. Mon père est décédé quand j’avais sept ans. Il était menuisier. Cancer des poumons. C’est pour ça que mon grand frère, il touche la cotorep. Parce qu’il a joué les deux rôles.

BAHI : de ma petite enfance à aujourd’hui, j’ai 21 ans, j’ai souvent été prise en main pour de durs labeurs. Malgré tous les moments très difficiles de ma vie j’aime les gens. Je suis curieuse de nature. Je veux apporter du soutien à mon pays. J’avais deux ans et demi quand ma mère est retournée à Ouagadougou au Burkina. J’avais déjà un p’tit frère et une p’tite sœur dans le ventre de ma mère. Donc ma mère elle m’a laissée à ma grand-mère.

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