Auprès de la mer intérieure

Paris 10e
le 1 mai 2004
1H30

Auprès de la mer intérieure

Un adolescent, qui vit avec sa mère, fait des révisions dans sa chambre en vue d'un examen d'histoire. Une femme venue du passé lui apparaît. L'imagination entraîne le garçon dans un voyage qui le forcera à affronter le sort de cette femme sur le point d'être parquée avec son bébé dans une chambre à gaz.

La pièce
Note d’intention

La compagnie Opsis

Ecrite pour une troupe d'adolescents, la pièce peut se résumer de façon trompeusement simple. Un adolescent, qui vit avec sa mère, fait des révisions dans sa chambre en vue d'un examen d'histoire. Une femme venue du passé lui apparaît. L'imagination entraîne le garçon dans un voyage qui le forcera à affronter le sort de cette femme sur le point d'être parquée avec son bébé dans une chambre à gaz.

Vue sous un tel angle, la pièce traite de l'horreur des camps de concentration ainsi que du système bureaucratique et industriel qui les faisait fonctionner. L'écriture théâtrale est donc une façon de plus de porter témoignage de cette plaie béante de l'histoire et, au-delà, de tous les autres crimes contre l'humanité commis depuis.

Néanmoins, le vrai sujet de la pièce est l'imagination. Grâce à l'imagination, dit Bond, nous devenons humains. Ce n'est pas l'intellect, en quelque sorte neutre comme la recherche scientifique, c'est l'imagination qui nous fait agir d'une façon responsable. Bond évite une expérience purement négative - la seule description de l'horreur ou sa représentation - mais pratique une nouvelle forme de théâtre pédagogique.

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Comment représenter la Shoah ? L’une des questions centrales de mon sujet de mémoire pour la Maîtrise d’Art théâtral (Université de la Sorbonne-Nouvelle, Paris III) m’a montré que le théâtre semblait être le meilleur espace pour parler de ce qui est si communément appelé l’« indicible ».Cette réflexion a joué un rôle déterminant dans mon approche de la mise en scène, et la pièce Auprès de la mer intérieure représente la mise en lumière de toute ma démarche artistique.

Mon intérêt pour l’Holocauste vient tout d’abord d’un questionnement purement humain, le besoin de comprendre. Mais il vient aussi de cette question sur l’impossibilité de représenter cette période. Le fait que nous ne puissions jamais retranscrire toute la densité des souffrances des témoins et des victimes du nazisme ne doit pas nous amener au silence qui entraînerait fatalement l’oubli. Les témoins de cette période ne seront bientôt plus des nôtres et la fiction doit continuer d’alimenter notre mémoire. De surcroît, intégrant toutes les questions humaines, tous les paradoxes possibles, la Shoah ne devrait-elle pas être une source d’apprentissage ? A la vue des événements mondiaux, ne devrions-nous pas arrêter de bafouer la mémoire des millions de victimes de ce drame pour enfin tirer des leçons qui nous permettraient de construire les bases d’un monde humain ?

J’ai d’ailleurs mis en scène deux monologues sur le thème de la Shoah auxquels je me suis consacré ces deux dernières années. J’ai ainsi pu constater cette unité du théâtre. Plus aucune frontière n’existe dans ce cas entre scène et salle. Les spectateurs sont tout aussi créateurs que les acteurs. Les artistes ayant besoin de cette participation des spectateurs pour donner une raison d’être à leurs suggestions et les spectateurs ayant besoin des acteurs pour stimuler leur imaginaire.

La recherche d’un langage pour évoquer ce thème m’a d’ailleurs permis de trouver quelle voix suivre comprenant que le seul théâtre que je pourrais dorénavant monter est celui qui demande cette complète utilisation de l’imaginaire du public. Seules les pièces qui utilisent l’imagination et ainsi permettent de ne pas créer une distance mais un échange, une relation, sont dans l’optique de ma démarche. Si le théâtre est un condensé de la vie, qu’il doit nous aider à mieux nous comprendre, à nous éclairer, peut-être peut il nous montrer qu’un échange et une relation unificatrice sont possibles par le biais d’un imaginaire commun.

Je cherche donc des pièces impliquant cette relation et permettant aux spectateurs de mieux comprendre l’importance de cet échange et du rôle de leur imagination pour une humanité en marche, en devenir.

Le texte est pour moi le meilleur appui qui puisse être, étant l’ultime preuve de ce que je viens de décrire : le théâtre par sa force de suggestion, poétique et visuelle est bien l’art le plus approprié pour évoquer cette période. De ce fait, avec Auprès de la mer intérieure je peux poursuivre ma recherche artistique tout en ajoutant ce questionnement fondamental sur la fonction et l’importance de la bonne utilisation de notre imaginaire. La relation qui est établie dans cette pièce entre l’imagination et la Shoah est un mariage unique. La poésie présente dans cet écrit suggère avec tant de force et de respect l’Holocauste et en même temps établit des images si fortes que notre imaginaire est en écoute constante et en plein éveil, construisant ainsi ce pont reliant la scène et la salle.

Les lignes de force du texte (que je résume, car je ne pourrais en évoquer ici toute les richesses) sont donc semblables à celles qui guident ma recherche artistique. Monter Auprès de la mer intérieure me permet donc de poursuivre un cheminement et une volonté, tout en l’élargissant et en questionnant la force que possèdent l’imaginaire et le théâtre, hors de l’espace scénique.

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L’association Opsis, fondée en 2001, est une jeune compagnie qui refuse la gratuité de la forme et de l’esthétique pour se consacrer au service du jeu de l’acteur et de sa relation au public. L’équipe propose un théâtre qui abandonne les chemins habituels pour laisser place à la création sur le moment. Le théâtre permet une relation de l’instant, complète, présente, entre toutes les facettes qui le composent. C’est un art écrit dans le sable qui nous permet de tracer un sillon où l’imaginaire nous permet un échange et une harmonie que nul autre endroit ou art ne peut offrir.

Après avoir monté deux monologues sur la Shoah, Ce(ux) qui reste(nt) de Peter Tournier et En ce temps là l’amour de Gilles Ségal, pour la mémoire, mais aussi car le théâtre est le meilleur chemin pour traiter ce thème, évitant l’impostition d’image au profit de l’utilisation de l’imaginaire du public, Opsis vous propose cette anée Auprès de la mer intérieure d’Edward Bond.

Cette pièce nous permet de représenter le thème qui nous a permis de trouver notre voix artistique et créatrice en y liant le théâtre vers lequel nous tendons. Un théâtre où l’imagination fait de cet art vivant un lieu de relation unique, dans lequel artistes et spectateurs sont créateurs par le biais d’un imaginaire commun.

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Spectacle terminé depuis le samedi 1er mai 2004

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