Affaires étrangères

Paris 19e
du 2 au 10 avril 2004

Affaires étrangères

Spectacle musical pour acteurs et musiciens.
C'est l'histoire d'une veillée qui dérape lentement. Une dizaine de contes musicaux d'aujourd'hui qui devraient se succéder mais qui peu à peu s'emmêlent. Comédiens musiciens changent de rôles, là, à vue ; près de nous.

Des contes musicaux d'aujourd'hui
Les Carnets Sud / Nord

La genèse

Interview
Les mots et la musique

Affaires étrangères. Etranges Affaires. C'est l'histoire d'une veillée qui dérape lentement. Une dizaine de contes musicaux d'aujourd'hui qui devraient se succéder mais qui peu à peu s'emmêlent. Comédiens musiciens changent de rôles, là, à vue, près de nous. On pourrait les toucher, presque. On retrouve quelques figures comiques et tourmentées, le jeune homme serpent, la femme au fond du bar, le couple qui voudrait partir et qui reste toute une vie sur son balcon, l'enfant idiot jugé pour plagiat d'un poète officiel, le poète lui-même dans sa cuisine, un responsable d'échanges culturels ayant épuisé son stock, etc.

Affaires étrangères. Vertiges. Ces affaires où il n’est pas vraiment question de diplomatie, d’espionnage (quoi que), mais plutôt de tout ce qu’auraient échangé pendant la nuit deux individus, étrangers l’un à l’autre, et que chacun reprend à la hâte avant de se quitter le matin venu.

Affaires étrangères est le résultat d'une longue collaboration entre des auteurs, comédiens, musiciens français et congolais pour explorer ensemble les liens entre musiques actuelles et textes contemporains.

Haut de page

Le livret d’Affaires étrangères est une commande passée par le metteur en scène à trois auteurs : Eugène Durif (France), Bebson Elemba (République Démocratique du Congo), Dieudonné Niangouna (Congo).

Trois écrivains de l’action, de l’oral, qui savent se mettre en scène, c’est-à-dire se cacher, laisser au spectateur le choix entre différents niveaux de lecture. Trois radicalités dans l’abord masqué du réel.

- Quotidien inlassablement rattrapé par l’expérience de la guerre (des hommes, des sexes, des mondes), argotique jusqu’à l’effacement du sens, jusqu’au cri et à la plainte, chez Dieudonné Niangouna.
- Hyper-réel aux apparences linéaires qui cache sous le masque de la comédie, à coup de dialogues absurdes et de monologues en spirales angoissés, un blues narcissique - politique - tourmenté, chez Eugène Durif.
- Traditions sans cesse réinventées d’un parolier de "chansons à danser" pour la scène kinoise d’aujourd’hui. Paroles d’un présent halluciné comme cette ville (Kinshasa) qui s’effondre sous ses paillettes, pour Bebson Elemba.

Le livret sera écrit par les quatre auteurs tout au long des différentes étapes de travail et selon les règles d’un jeu proche de ceux auxquels se livraient certains poètes surréalistes. Au départ, il y a quatre histoires courtes "envisagées" par les auteurs et le metteur en scène. Ce sont quatre fictions chantées et parlées (en français et en Lingala) qui toutes mettent en relation des personnages du Sud et du Nord se débattant dans des situations quotidiennes devenant oniriques.

Le théâtre musical proposé serait cette attitude qui consiste à mettre côte à côte auteurs, compositeurs / musiciens, acteurs d’ici et de là-bas. C’est un travail qui accepte la logique de la perturbation et du choc des mondes qu’explorent des artistes réunis sous leurs influences réciproques. Il accorde une importance égale au mot et à la musique ; il se construit comme une équation dont les termes principaux (espaces, textes, musiques et voix) ne tendent pas à s’ordonner et à se distinguer les uns des autres, mais cherchent entre eux leurs points de fusion. Musiques improvisées ou écrites, actuelles, contemporaines, électroniques, jazz, bruitisme... Nous resterons méfiants à l’égard de l’illustration, de l’exotisme, et du soi-disant enrichissement de nos différences, de l’intermède, de l’ambiance, et du naturalisme... Nous resterons attentifs à cette musique qui naît aussi en dehors des instruments : celle des mots bien sûr, mais aussi celle de la rue, d’un grain de voix ou du silence.

Haut de page

De 2002 à 2006, la compagnie de théâtre LZD-Lézard Dramatique met en place un laboratoire mobile de créations théâtrales et musicales se déplaçant dans des villes européennes et africaines. Dirigé par le metteur en scène Jean-Paul Delore, ce laboratoire associant auteurs, comédiens et musiciens des deux continents alternera périodes de recherches, de représentations et ateliers de pratiques artistiques. Véritable résidence itinérante grâce aux créations, stages, actions culturelles dans chacune des places visitées, les Carnets Sud / Nord ont pour but de créer, à travers les deux continents, une collection de formes vivantes du théâtre musical contemporain : spectacles, récitals, concerts, performances, etc.

Les Carnets Sud / Nord reposent sur la création d’un collectif d’artistes européens et africains à construire jusqu’en 2006. Chacune des créations voit la réunion soit d’une partie, soit de la totalité des membres du collectif, pour explorer ensemble les liens entre musiques actuelles et textes contemporains.

Haut de page

Ce spectacle musical est d'abord une façon de travailler. Livret et partition seront écrits collectivement au cours d'un véritable itinéraire de création :
- lors des voyages de repérages et de stages en Afrique centrale : à Kinshasa en juillet 2002, et à Kinshasa, Brazzaville, Pointe Noire en décembre 2003 où le travail avec les associations et les artistes congolais impliqués dans le projet vont permettre de poser la première pierre d’Affaires étrangères et d’asseoir un véritable échange artistique. L’Orchestre Trionix avec Bebson Elemba à Kinshasa (République Démocratique du Congo) et la compagnie Les Bruits de la rue avec Criss et Dieudonné Niangouna à Brazzaville (Congo-Brazzaville) sont aujourd’hui les partenaires artistiques du spectacle Affaires étrangères.
- à travers les performances théâtrales et musicales présentées en France
- pendant les répétitions précédant la création à la Maison de la Culture d'Amiens (janvier- février 2004).

Haut de page

Affaires étrangères, c'est aussi pour les artistes de la compagnie LZD-Lézard Dramatique une façon de travailler au cours d'un véritable itinéraire de création entre l'Afrique Centrale et la France, des carnets de voyage, un laboratoire dont Jean-Paul Delore ouvre ici les portes.

À propos de votre création, Affaires étrangères, vous parlez aussi des "Carnets Sud-Nord" et d'un "laboratoire mobile de créations théâtrales et musicales". Qu'entendez-vous par là ?
"Carnets Sud Nord" c'est le titre global de l'opération commencée il y a deux ans et qui devrait se poursuivre jusqu'en 2007, une forme de résidence itinérante entre le sud (Kinshasa et Brazzaville) et le nord (les lieux où nous travaillons en France). Ils correspondent à cette volonté de rassembler pendant cinq ans toutes les forces d'un collectif d'artistes - musiciens, comédiens, auteurs - pour monter des ateliers, des stages mais aussi des événements, tout ce qui concourt à la création de spectacles, de concerts ou de performances. On peut considérer aussi les Carnets Sud-Nord comme un carnet de voyage où figurent des textes, des images et de la musique. Quant au laboratoire, il définit une attitude : on se réunit, on cherche. Dans tous les cas, on montre au public aussi bien en France qu’en Afrique, ce qu’on est en train de chercher ou ce qu’on croit avoir trouvé. On a, par exemple, créé en décembre 2003 à Kinshasa Kukuga système mélancolique. Chaque rendez-vous avec le public est une des pages de ces Carnets.

Comment Affaires étrangères s'inscrit-il dans ces "Carnets Sud-Nord" ?
Affaires étrangères est un point d'orgue, un rendez-vous plus important que les autres dans la mesure où il s'agit de faire s'entrechoquer les impressions et les images qu'on a rassemblées au cours de ces différentes périodes de travail, d'en faire une restitution publique. Tous ces souvenirs sous leur forme écrite, musicale ou visuelle, permettent de continuer l'écriture jusqu’à la création du spectacle à Amiens. Un livret se constitue petit à petit de façon collective depuis deux ans et on y pioche des informations.

Pourquoi ce titre Affaires étrangères ?
Il renvoie à ce qui est "étrange" ; ce sont aussi des affaires qui se passent loin, en Afrique Centrale, à laquelle la France est liée depuis des années. Mais Affaires étrangères, ce peut être la part de mystère qui existe entre deux personnes, tout ce qui suscite l'attente, attire et fait peur, une tentative de vouloir rassembler des individus extrêmement singuliers, étranges. Évidemment, chacun se définit aussi par son parcours, son histoire, sa culture, et les artistes avec lesquels je travaille sont pour moi un objet d'étonnement et vice-versa.

Y a-t-il un canevas écrit pour Affaires étrangères ?
Il se dessine petit à petit. L'idée du conte est un clin d'œil à l'Afrique et à l'enfance. Il s'agit de raconter des histoires sous des formes très variées, ludiques, qui ne soient pas réalistes. S’y ajoute l'envie de perturber le cours normal d'une représentation, en rapport avec notre expérience en Afrique. Travailler là-bas, c'est être déstabilisé un peu plus qu'à l'habitude d'autant que j'y vais avec des artistes qui m'incitent au déséquilibre, et j'aime cela. Notre façon de parler de l'Afrique, ce serait raconter comment on peut jouer avec les codes de la représentation en créant des faux accidents comme au cirque, et montrer que, quoi qu'on fasse, on est toujours rattrapé par l'étrange. Et j'aimerais mettre le spectateur en situation d'étranger, empruntant aux voyageurs que nous sommes ce regard parfois "halluciné", avec des moments où il est très loin de tout, et d'autres où curieusement il se sent chez lui.

Vous parlez de spectacle musical. Quel est le rôle de la musique par rapport au texte ?
Tout est musique. Le théâtre que nous essayons de faire doit beaucoup à l’attitude des musiciens plutôt classés dans la rubrique “musiques innovatrices, actuelles”. Leur présence sur scène est une incitation à la poésie, à la rupture, à jouer avec les conventions. C’est très utile pour un projet franco-congolais où tout le monde, artistes et publics blancs et noirs, débarque d’abord avec ses propres clichés.

Est-ce que le fait d'être en Afrique ou en France influence le travail de création ?
Bien sûr. Ici comme là-bas je suis fasciné par les villes, les fleuves, les aéroports, les rues sombres, la propreté, la lâcheté, la révolte... Ceci dit, Eugène Durif ne parle pas de l’Afrique dans ses textes (il n’y est jamais allé), mais plutôt de cette prise de pouvoir sur l’autre qui nous pourrit de l’intérieur. Pour ma part, ce serait déjà bien si je pouvais mettre en scène mes “influences africaines” sous leur seule forme inconsciente sous peine de verser dans “l’africologie”. Quant à Dieudonné Niangouna, autre auteur d’Affaires étrangères, n’a-t-il pas raison de rire ou de se mettre en colère face à ceux qui le rangent dans la catégorie “écrivain africain”, comme si ce terme recouvrait une réalité définissable ? En tous cas, ces interrogations sont au cœur du processus de création.

Jean-Paul Delore, janvier 2004
propos recueillis par Sylvie Compère
Responsable Information à la Maison de la Culture d’Amiens

Haut de page

Vous avez vu ce spectacle ? Quel est votre avis ?

Note

Excellent

Très bon

Bon

Pas mal

Peut mieux faire

Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire

Vous pouvez consulter notre politique de modération

Informations pratiques

Paris-Villette

211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Villette
  • Métro : Porte de Pantin à 161 m
  • Tram : Porte de Pantin - Parc de la Villette à 339 m
  • Bus : Porte de Pantin à 160 m, Ourcq à 374 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Paris-Villette
211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 10 avril 2004

Pourraient aussi vous intéresser

Spectacle terminé depuis le samedi 10 avril 2004