A Vif

du 19 juin au 6 juillet 2003
1H30

A Vif

Ni avec toi, ni sans toi. Une supérette et un contrat de mariage, voilà ce qui les lie. Lui, la brute avec son chien policier… et elle (pas vraiment une princesse) qui « perd la tête », cède au désir… Et pourtant, ils sont si bien ensemble…

La pièce
Une recréation

Premières notes

Les années 70, une station balnéaire de Normandie. Les promoteurs immobiliers bétonnent le bord de mer et les saisons rapportent gros aux petits commerçants.
Bernard et Brigitte, la quarantaine installée, tiennent un libre-service qui donne sur la plage. Ils travaillent ensemble, ne se quittent jamais. Leur supérette, c’est tout : leur foyer et leur lieu de travail. Un huis-clos. 

Brigitte rêve parfois pour son fils Pierre, envoyé en séjour linguistique en Angleterre, d’un autre destin. Bernard, lui, dresse Akim, un chien de défense. Bientôt arrivent deux personnages : Louis, un jeune commis de l’assistance publique et Ivo, un livreur, émigré tchèque. 

La pièce devient une zone de conflits intimes. Bernard ne peut maîtriser sa propre violence. Brigitte « perd la tête » et cède à l’inconnu...

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Neige et sables fut créé à la Comédie de Caen en 1986 par Claude Yersin. La distribution était composée de Françoise Bette, Huguette Cléry, Jacques Mathou, Yves Nadot, Louis- Basile Samier. Le décor était signé Gérard Didier et les costumes Françoise Luro. Depuis cette date la pièce, publiée aux Editions Théâtrales, n’avait jamais été reprise.
Christophe Lemaître, un jeune metteur en scène (ancien élève du TNS), responsable de la compagnie des Treize Lunes, a souhaité la mettre en scène. J’en étais ravi, ayant vu ses belles mises en scène de Haute-Autriche de Franz Xaver Kroetz et Les Noces du pape de Edward Bond.
Dans Neige et sables, il y avait deux pays (la France, la Tchécoslovaquie), deux couples, deux classes sociales : des intellectuels praguois écrasés par le régime totalitaire, des petits commerçants normands avides de réussite. Un double parcours.

Au cours des premières séances de travail que Christophe et moi avons faites sur Neige et sables, il s’est imposé que la pièce ne pouvait être rejouée dans son intégralité. Les séquences situées à Prague « résistaient » mal. À partir d’un couple en crise, elles mettaient en scène la dissidence politique tchèque après l’invasion soviétique de 68. Ces thèmes ne me semblaient plus vraiment résonner aujourd’hui, plus de dix ans après l’écroulement de l’empire soviétique.

La partie normande est le « cœur authentique » de l’œuvre. Elle est la plus proche de moi, de ma réalité autobiographique. Ici, les scènes concises, les « scénarios pulsionnels », les situations haute tension convoquent davantage l’imaginaire aujourd’hui. Ils représentent de vrais enjeux pour la mise en scène. J’ai choisi de proposer une deuxième version de Neige et sables, intitulée A vif. Cette version reprend les séquences normandes, mais renonce à la totalité des séquences tchèques.

Un texte de théâtre est comme un « matériau vivant ». Il nous apparaît que pour cette reprise dix-huit ans après, il fallait opérer cette « lourde chirurgie » pour que la pièce rencontre mieux les spectateurs de 2003. A vif est une pièce différente, transformée, plus dense, un « remix » comme on dit aujourd’hui.

Daniel Besnehard

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Un théâtre de la pulsion
Le théâtre de Daniel Besnehard n’est pas un théâtre psychologique, c’est un théâtre de la pulsion, de l’interdit, du refoulé. C’est un théâtre
dans lequel les personnages ne comprennent rien à ce qui leur arrive ; les passions se déchaînent aussi soudainement qu’un avis de tempête, il est d’ailleurs impropre de parler de passions au sens traditionnel ; il s’agit plutôt de quelque chose de très organique, comme une mauvaise dent que l’on aurait négligée trop longtemps et qui se rappellerait à vous. C’est comme une vague de douleur qui vous envahit et vous submerge. Impossible alors de l’ignorer. La sensation est tellement forte que l’on croit rêver – est-ce bien moi qui ressent ça ? C’est ce qui donne ce décalage, ce côté vaguement somnambulique, cet espace éformé qui éloigne du naturalisme, qui fait de cette pièce une œuvre terriblement concrète et en même temps très décalée.

La peur de l’étranger
Je pense beaucoup au Facteur sonne toujours deux fois ou à La femme d’à côté de François Truffaut. L’intrus met à jour les frustrations et bouleverse la vie du couple. Cette pièce m’intéresse parce qu’elle traite d’une certaine confusion - sexuelle en l’occurrence - chez des gens dont la vie est gérée par l’ordre et l’habitude. On commence à concevoir que des pulsions contradictoires pouvaient exister en nous, que le partage de la sexualité - homosexualité / hétérosexualité - n’était peut-être pas aussi simple qu’on voulait bien le laisser entendre. 

Bernard et Brigitte sont néanmoins des résistants, coincés dans une époque charnière où la rupture reste difficile. L’intérêt est de mettre en lumière une nouvelle confusion - une confusion ethnique. L’étranger ne doit plus être pris en compte comme « l’autre » mais comme l’élément à intégrer dans cette nouvelle donne ethnique. Ce n’est pas l’étranger qui doit s’intégrer, c’est à nous d’intégrer cet « autre », parfois jusqu’à la passion, comme le fait Brigitte. 

C’est une lutte à mort qui s’engage entre tentation et culpabilité, je ne peux m’empêcher de penser que Bernard ne se casse pas les deux bras par hasard ; c’est le fruit d’une lutte interne entre la tentation de toucher Louis et la culpabilité, mais c’est une lutte vaine pour tenir le désir prisonnier.

Christophe Lemaître

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Spectacle terminé depuis le dimanche 6 juillet 2003

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