- « Je voudrais tant que tu te souviennes. »
Il est l’ami de la famille, mais on le connaît mal. Chacun fait son portrait de Prévert depuis l’école. Le cancre, l’oiseau à dessiner, les feuilles mortes qui se ramassent à la pelle... Yolande Moreau, loin de la famille Deschiens, et Christian Olivier, hors du groupe Têtes Raides, croquent leur portrait du grand frère, Jacques, tendre anarchiste, poète au langage déstructuré, génie des inventaires avec ratons laveurs. Trois musiciens les accompagnent. La comédienne chante et le chanteur joue. Les souvenirs des récitations se transforment en moments de grâce. Une table basse, des instruments et des feuilles volantes, quelques fantômes de vers libres... Je suis comme je suis ; La Grasse Matinée... Rires, tragédies des existences sans éclat, les poèmes du dialoguiste des Enfants du Paradis et de Drôle de drame hissent les vies ordinaires au rang de chefs-d’oeuvre.
Comédienne et réalisatrice, Yolande Moreau signe au cinéma Quand la mer monte et Henri. Elle rencontre Christian Olivier en Suisse, lors d’une exposition sur Jacques Prévert. Il compose dès lors sur les poèmes de l’homme à la casquette et au mégot des musiques nouvelles. Il chante avec Yolande Moreau, truculente et griffeuse. Ils font entendre Étranges étrangers, où Prévert épingle le racisme et la fraternité, vers brûlants d’actualité. Christian Olivier et Yolande Moreau, égérie d’un Prévert qui a eu tort de mourir avant de la rencontrer, signent un hommage libre et fervent à la liberté du poète.
« Les mots sont beaux, bien dits, et la musique est bonne. Christian Olivier sait trousser des mélodies variées et efficaces. (...) Le chant de Christian est franc. (...) Celui de Yolande, juste mais fragile, séduit par son étrangeté et sa malice. Quand elle joint le geste aux trilles (la danse serpentine de Je suis comme je suis), l'effet est saisissant. On est envoûté et secoué par les vers grinçants du poète. Prévert nous a pris à la gorge. » Philippe Chevilley, Les Echos, 25 janvier 2019
« un duo attachant qui fait entendre de belle façon la poésie tendre, corrosive et inventive de Jacques Prévert. » Jean-Luc Porquet, Le canard enchaîné, 16 janvier 2019
« Une rencontre aussi inattendue que réussie, où les inflexions populaires de la comédienne et les talents de conteur du chanteur se répondent, parfois jusqu'à l'absurde. » Marie-Catherine Mardi, Télérama TT
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