Comment parler de choses graves, de choses qui dérangent et réussir à en faire rire ? C’est tout l'art de la dérision déployé dans la pièce Vieux comme le monde.
Patrick Harivel et Didier Buisson prêtent leur talent aux personnages de Bertie, Dédé d'Endroit (hommage à la Simone Signoret de Dédée d'Anvers), et de M. Raymond.
Un décor de quelques places assure toutes les fonctions : le cabinet de toilette, les placards de la maison de retraite des Églantines, la table de belote coinchée, un wagon de train et même le confessionnal.
Avec une gouaille toute parisienne qui rappelle les dialogues de Michel Audiard, Berti, à l'automne de sa vie, évoque ses souvenirs, ses premières amours, sa Chambord rouge et noire, M. Raymond, Mémé Josie, les chagrins « et tout le tremblement ». Dédé, son ami infirme, opine du bonnet, se fend d'un air d'accordéon, perché sur son petit nuage.
Un personnage inquiétant survient, on ne le voit pas, mais il est là, celui qui a toujours la chance avec lui : la Perle, qui représente à lui seul toutes les humiliations subies par Berti au long de son existence. « Fatalitas, comme disait Chéri-Bibi. »
Berti va t-il enfin se libérer de ses démons ? En attendant de le savoir, un conseil : fermez bien vos portes le soir !
Par la Cie Egg's echos, d'après le roman de Thierry Crifo (Ed. Le Seuil/Baleine).
39, rue des Trois Frères 75018 Paris