Une visite inopportune

Le théâtre de Copi est bien connu de Laurent Pelly qui avait déjà mis en scène Eva Peron, La Journée d'une rêveuse et Loretta Strong. A nulles autres pareilles, ses pièces osent des situations souvent "limites", un sens du dialogue qui fuse et déborde dans l'excès, une liberté, un ton provocateur et tout aussi bien huilé qu'un vaudeville de Labiche ou de Feydeau, écornant sans retenue et dans une salutaire démesure, nos pires désirs contradictoires. Savoir faire "rire de tout" est la botte secrète du dramaturge argentin. Y compris des sujets les plus graves.

En l'honneur de l'anniversaire de son plus vieil ami, Hubert vient rendre visite à Cyrille, homosexuel qui se meurt du sida. Leur relation entretient des ambiguïtés à la fois féroces et légères ; ils sont complices dans la fraternité d'une condition d'hommes plutôt aisés, ayant, en épicuriens plus ou moins convaincus, décidé de jouir de la vie de peur qu'elle ne leur file entre les doigts. Mais leur entrevue badine sera bien vite dérangée par d'autres visites, apparemment peu souhaitées par le malade. Manège étourdissant qui résonne dans une ineffable et effroyable drôlerie.

Pelly aime s'aventurer en ces terres où l'onirisme occupe la première place, où il s'agit de jouer avec la vie ou la mort à la manière des enfants qui savent bien que tout cela n'est conçu que "pour de rire ». Il se réjouit par avance de retrouver la folle forfanterie poétique et dramatique de Copi... qui écrivit avec La visite inopportune sa dernière pièce.