Une bête sur la lune

du 5 janvier au 30 juin 2001

Une bête sur la lune

CLASSIQUE Terminé

Une histoire d'amour exceptionnelle interprétée avec grâce et humour : une pièce tout ensemble singulière et universelle !

Présentation
Les massacres arméniens
Une photo sans famille

Une bête sur la lune (Beast on the Moon) de Richard Kalinoski.Traduction Daniel Loayza. Mise en scène Irina Brook assistée de Nicole Aubry avec Simon Abkarian (Aram Tomasian), Corinne Jaber (Seta Tomasian), Beppe Clerici (Le vieux Monsieur) et en alternance (dans le rôle de Vincent) Raphaël Fuchs-Willig, William Touil ou Antonin Hoang.

Présentation

Créée à Lausanne au théâtre Vidy, présentée ensuite avec succès à la Maison de la Culture de Bobigny, puis à travers une importante tournée européenne, Une bête sur la lune est un spectacle subtil et émouvant, qui évoque avec pudeur la vie d'un couple d'exilés arméniens aux U.S.A., sauvés du génocide de 1915.

Une histoire d'amour exceptionnelle interprétée avec grâce et humour : une pièce tout ensemble singulière et universelle !

Il y a des trous à la place des têtes. Il veut remplir ces trous, Aram s'est donné un but : faire à tout prix des enfants avec Seta afin de fonder une famille qui pourra remplacer celle qu'il a perdue. Mais Seta n'arrive pas à être enceinte; Les médecins disent qu'elle est stérile.

Pour Aram, tout espoir d'avoir une famille est brisé.

Peu à peu, un gouffre se crée entre eux deux. Ils commencent à vivre chacun leur vie.

Un jour, Seta amène chez elle Vincent, un garçon de 12 ans qu'elle a trouvé dans la rue, en train de voler.

Elle lui donne à manger et l'habille avec les vêtements d'Aram. Une relation se crée entre eux. Vincent vient régulièrement à la maison quand Aram n'est pas là.

Jusqu'au jour où Aram le surprend à la maison et le met à la porte. Une dispute éclate entre Aram et Seta.

Pour la première fois, Seta exprime sa solitude dans le couple, ce qui pousse Aram à s'ouvrir et à lui confier l'histoire du massacre de sa famille. Un amour véritable naît alors entre eux. Maintenant, ils peuvent donner à Vincent une vraie place dans leur vie. Et la photo de famille est rangée.

Les massacres arméniens

Sous l'autorité de l'Empire Ottoman, jusque vers 1890, les Arméniens souffrirent davantage du désordre qui régnait plutôt que des massacres. Dans les années 1870-80, les diplomates étrangers avaient bien remarqué la faiblesse de l'administration ainsi que les nombreux problèmes liés à la cohabitation de Kurdes et de Turkomans en Arménie, mais pas vraiment de massacres. Les choses changèrent à partir de 1891, quand le sultan arma les Kurdes dans le but d'opprimer sans pitié les Arméniens, envers lesquels le régime montrait déjà une malveillance évidente. A cette époque, les Arméniens subissaient couramment l'extorsion, la torture, l'emprisonnement arbitraire, les viols et les crimes sexuels de la part de l'administration ottomane, comme en témoigna alors un journaliste du Daily Telegraph qui décrivit tout ce qu'il avait vu dans un rapport publié dans la Contemporary Review en août 1895.

Un soulèvement de quelques arméniens montagnards en 1894 fut réprimé dans le sang. Il s'ensuivit une enquête menée en présence d'émissaires venus d'Angleterre, de France et de Russie, mais les procédés employés furent complètement truqués et le plan de réforme annoncée l'année d'après par le sultan fut rapidement dénié par des massacres gouvernementaux perpétrés dans toutes les villes d'Anatolie l'une après l'autre (septembre-décembre 1895). Ces événements se répétèrent selon le même schéma pratiquement partout et, comme Curzon l'observa dans son discours de mars 1896 devant les Communes, les massacres étaient parfaitement, quasi mathématiquement organisés. Près de 200 000 Arméniens furent assassinés.

Ni le régime, ni ses dirigeants ne furent sanctionnés pour ces multiples pogroms arméniens, aussi, quand 20 ans plus tard, surgit l'occasion pour une vraie destruction totale, l'extermination des Arméniens ottomans sur leurs terres, les autorités poursuivirent sur leur lancée et exécutèrent leur génocide. En 1908, le vieux sultan était évincé par un coup d'état ; bien qu'incroyant, il avait toujours justifié ses actions dans l'intérêt de l'Islam. Les nouveaux dirigeants de la Turquie ottomane eux, étaient complètement athées : ils comprenaient un mélange d'officiers de l'armée et d'aventuriers politiques pro-léninistes cachottiers, qui prenaient leurs décisions derrière des portes closes. Malgré un premier élan fraternel envers l'empire, ils se rangèrent bientôt à un nationalisme turc pur et dur qui, alors que les Turcs représentaient l'ethnie dominante dans l'empire, fut le signe de graves dangers à venir pour autres nationalités.

La Turquie ottomane s'engagea dans la première guerre aux côtés de l'Allemagne en octobre 1914. En mars 1915, les Arméniens qui se trouvaient dans les rangs de l'armée ottomane furent désarmés et enrôlés dans des bataillons de travail pour les travaux de force et les basses besognes. Beaucoup trouvèrent la mort. Un mois après, en avril, les déportations d'Arméniens commencèrent : l'une après l'autre, les villes étaient vidées de leurs populations - hommes, femmes et enfants - et emmenés au sud dans le désert pour y mourir. Seuls ceux qui étaient utiles à l'armée étaient épargnés. Les autorités proclamaient qu'elles déplaçaient les populations pour leur propre sécurité en dehors des zones de combat, où elles seraient réinstallées dans de nouvelles maisons. Mais les Arméniens, déportés très loin de leurs lieux d'origine et des zones de combats, furent laissés non pas dans d'autres maisons mais dans des espaces semi-désertiques où sans abri, ils étaient tour à tour brûlés par le soleil et glacés par les vents nocturnes. Pendant le voyage, on les empêchait de toucher aux vivres offerts par charité par les pays neutres. Plusieurs fois, ils furent déplacés de ville en ville jusqu'à ce qu'ils meurent d'épuisement. Ces événements prirent vraiment fin en septembre 1916. C'est de cette façon implacable que fut perpétré le génocide Arménien.

Christopher Walker

Une photo sans famille

Une bête sur la lune parle de la première génération d'Arméniens qui ont gommé leurs souvenirs pour pouvoir survivre. Il y a une icône centrale, la photo de famille. L'auteur, Richard Kalinoski, choisit une photo parce qu'il sait que les réfugiés et les exilés en fuite enterrent leur or mais emportent leurs photos. Dans la pièce, la photographie, qui fonctionne comme la bande enregistrée dans "La dernière bande de Krapp" de Beckett, ranime le passé et cache le présent.

J'ai grandi sans photos et sans histoire écrite des Arméniens, mon peuple. Il est très difficile pour ceux qui ont grandi dans un environnement stable d'imaginer l'importance que peut avoir une simple photo. Nous étions ceux de la première génération nés sur un sol étranger. Mes grands-parents, réchappés de l'holocauste arménien par les Turcs, ont abandonné leurs maisons en Arménie occidentale pour sauver leurs enfants, c'est-à-dire mes parents. A Chypre, notre famille se retrouva sans rien à part quelques pièces d'or et quelques tapis.

Ne pas avoir de photos signifiait n'avoir pas d'objectivité, pas d'histoire. A mon école anglaise, personne ne parlait de l'Arménie. A la maison, nous étions entourés de vieilles femmes vêtues de noir, le visage tragique, qui se lamentaient sur le passé. Très tôt, j'ai compris la fonction du chœur grec. Chaque fois que ma grand-mère originaire de Kayseri faisait virevolter son crochet métallique ou cousait avec sa longue aiguille flexible, elle faisait le récit d'atrocités qui me bouleversaient. Le souffle coupé, je devais lui demander d'arrêter.

La seule photo de ma famille maternelle était tenue cachée, enveloppée dans un tissu. Il a fallu vingt ans à grand-mère pour qu'elle la sorte au jour. Elle les avait presque toutes perdues. Pour elle, ce n'était pas une photo, c'était les visages de personnes vivantes.

Nouritza Matossian

Sélection d’avis du public

RE: Une bête sur la lune Le 20 septembre 2001 à 20h12

J'ai eu l'énorme chance de voir une mise en scène d'Irina Brook à Lausanne pour "La Ménagerie de Verre" et j'utiliserais les mêmes mots que vous : émouvant, drôle, profond, on en ressort autre chose. Je crois que cette fille a un talent exceptionnel. Al

Une bête sur la lune Le 20 septembre 2001 à 15h56

Emouvant, drôle et profond à la fois. Cette pièce, incroyablement interprétée, mérite largement ses nombreux Molières (5 si je ne m'abuse). On en ressort tout chose... Un moment de théâtre rare, comme on en voit peu. A quand la reprise ???

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RE: Une bête sur la lune Le 20 septembre 2001 à 20h12

J'ai eu l'énorme chance de voir une mise en scène d'Irina Brook à Lausanne pour "La Ménagerie de Verre" et j'utiliserais les mêmes mots que vous : émouvant, drôle, profond, on en ressort autre chose. Je crois que cette fille a un talent exceptionnel. Al

Une bête sur la lune Le 20 septembre 2001 à 15h56

Emouvant, drôle et profond à la fois. Cette pièce, incroyablement interprétée, mérite largement ses nombreux Molières (5 si je ne m'abuse). On en ressort tout chose... Un moment de théâtre rare, comme on en voit peu. A quand la reprise ???

Informations pratiques

Théâtre de l'Œuvre

55, rue de Clichy 75009 Paris

À l'italienne Accès handicapé (sous conditions) Bar Pigalle
  • Métro : Liège à 183 m, Place de Clichy à 309 m
  • Bus : Liège à 104 m, Place de Clichy à 228 m, Bucarest à 267 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

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55, rue de Clichy 75009 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 30 juin 2001

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