T.R.A.S.H. - Pork-in-Loop

le 1 juillet 2007
1 heure

T.R.A.S.H. - Pork-in-Loop

Avec cette pièce qui l’a révélée au grand public, la troupe néerlandaise T.R.A.S.H. en découd avec l’académisme et invente un nouveau langage chorégraphique qui met à l’épreuve les muscles et les nerfs.

La violence mise à nu
Copains comme cochon
T.R.A.S.H. apporte au théâtre force, fébrilité et épuisement
La danse de T.R.A.S.H.

  • La violence mise à nu

Née dans l’effervescence de la scène underground rock néerlandaise, la jeune compagnie T.R.A.S.H. en a adopté l’urgence et l’énergie abrasive. T.R.A.S.H. développe un théâtre de fébrilité, de violence et d’épuisement, confrontant et émouvant, dans lequel la notion de “performance physique” prend tout son sens. Dans les solos et duos déroutants de Pork-in-Loop, la pièce qui l’a révélée, la troupe néerlandaise en découd avec l’académisme, la demi-mesure et la tempérance. Cette pièce d’une sauvagerie à peine contenue dévoile le piètre état des corps et des âmes contemporains. Solitude, humour féroce, rêves, conflits et provocations, autant de pulsions de vie et de mort constituants d’un langage chorégraphique qui met à l’épreuve les muscles et les nerfs.

Musique de Arthur van der Kuip & Jeroen Strijbos, interprétée par Jacqueline Hamelink (violoncelle) et Henk Bakker (clarinette).

  • Copains comme cochon

Le monde n’est pas toujours d’une grande quiétude semblent nous dire les danseurs du groupe T.R.A.S.H. Le titre n’est pas un hommage à l’homme ou à la femme mais semble plutôt évoquer notre confrère le porc dans ce qui nous appartient en propre !

Notre stoïcisme contemporain semble bien malmené. Après une de leur récente prestation une critique néerlandaise constatait que c’était un vrai miracle de ne voir qu’un seul danseur avec une épaulière le protégeant d’une blessure musculaire. Les danseurs ne portent ni genouillère ni jambière. La chair des danseurs est nue sans protection pour une chorégraphie très physique où l’amour et le règlement de comptes ne font qu’un.

Les corps se cognent sans égard les uns envers les autres. Un monde âpre, un monde glauque où pour tout décor il y a un sol nu et les murs couvert d’un papier peint d’une franche laideur. “Mordez, si vous ne voulez pas être mordu”, serait la devise du spectacle.

“Porc-en-boucle” est une dérive vers l’inhumanité. Ainsi que le rappelait en son temps le dramaturge de l’absurde Raymond Cousse dans son petit chef-d’oeuvre Stratégie pour deux jambons : “L’endroit que j’occupe suffit à mes besoins comme à la satisfaction de mes désirs. Je ne saurais dire si la longueur du local l’emporte sur la largeur, ou vice versa. Mais il me plaît d’imaginer que la largeur ne le cède en rien à la longueur. Je ne sais pourquoi, l’idée d’exercer ma liberté à l’intérieur d’un carré m’est d’un précieux réconfort”.

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  • T.R.A.S.H. apporte au théâtre force, fébrilité et épuisement

Tilburg
La compagnie de danse T.R.A.S.H. a mis a nu, sur scène, cette violence qui se cache dans tout corps humain et en a fait sa marque de reconnaissance. Cela va sans commisération. Les corps ne sont, pour la chorégraphe Kristel van Issum, bien souvent que des objets de consommation avec lesquels il ne faut pas être économe. Dans la nouvelle chorégraphie, Pork-in-Loop la force atteint son paroxysme, car pas avant on avait vu des corps s’y souvent se fracasser par terre, les bouches s’entrouvrir, les danseurs se coller aux frêles corps féminins, et prendre autant les murs qu’eux mêmes comme les cordes d’un ring de boxe. Pour autant que les hommes et les femmes peuvent s’écraser les uns contre les autres.

La pagaille
La violence ou la force sont ici tout à fait à leur place. Pork-in-Loop révèle la pagaille et la stupidité dont les médias nous inondent. Cela appelle, d’une part, à l’agressivité et à la bêtise et insuffle, d’autre part, l’abus de pouvoir. Le trio Kristel van Issum, Arthur van der Kuip et Paul van Weert - la conscience artistique de T.R.A.S.H. - nous a dépeint un monde stupéfiant, un théâtre de la fébrilité et de l’épuisement. Dans cet enfer de violence et de nonsens, l’apparence de la réalité, qui nous est montrée prend une forme théâtrale. Les corps qui claquent, se tordent, les cris, les faux pathos, les individus qui se battent pour le pouvoir et aussi l’humour simpliste nous apprennent que nous sommes plus fous les uns que les autres.

Emouvant
Kristel van Issum et les autres ont créé une représentation fantastique. Pork-in-Loop n’est pas seulement confrontant et émouvant, l’ensemble est théâtralement aussi très fort. Il est incroyable de voir ce que la chorégraphe exige de ses 6 performeurs, mais plus encore comment elle y satisfait. Une seule faute suffirait et la blessure serait inévitable. Mais les danseurs sont si entraînés que la violence qu’ils mettent en forme n’en est plus que fonctionnelle. Si seulement cela pouvait nous apprendre à en être que plus humble.

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  • La danse de T.R.A.S.H.

Que cette compagnie soit née de mouvement de la scène rock underground du sud des Pays-Bas (Tilburg), cela ne fait aucun doute. Mais il nous faut aller voir ce qui se cache derrière le rideau, ou les murs. Les représentations de T.R.A.S.H. pourraient être définies comme une danse brute, première, de prise de risques. Etonnant que les danseurs ne soient pas blessés, où qu’ils ne présentent aucune marque ou bleus sur le corps.

Avec T.R.A.S.H. les corps se confrontent à eux-mêmes, aux autres et à leur masculinité, à leur féminité, et leur sexualité. Ils se retrouvent alors cassés, fracassés les uns contre les autres. Ils dégringolent, tombent, font du bruit. Bruit qui fait résonance dans le propre corps du spectateur. Ils se jettent contre les murs (partie du décor) qui délimitent leur territoire. Parfois comme des animaux, ils cherchent leurs limites, leurs frontières. Que celles-ci soient celles des images que vomit l’écran de télé, des ondes médiatiques qui nous pénètrent le crâne.

T.R.A.S.H. nous donne un lieu de réflexion, un endroit où l’on se laisse aller jusqu’à l’extrême. Pas de limites mais une explosion de corps, de cris, d’humour et de solitude. Car tous ces individus sur scène ne sont-ils pas seuls, perdus comme des adolescents qui ne savent plus où aller. Une recherche indéniable du sens. On s’assoit, se lève, respire, dit, s’habille du ridicule. Bref avec Pork-in-Loop T.R.A.S.H. se met à nu.

Les danseurs : Agostina d’Alessandro, Ulrika Kinn-Svensson, Guilherme Miotto, Tegest Pecht Guido, Yonel Castilla Serrano, Alexandre Tissot sont incroyables. Qu’ils viennent de Paris, de Charleroi, de Bruxelles, ces derniers se sont investis dans cette compagnie. Ils y prennent plaisir à danser et à s’y exprimer.

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Informations pratiques

Parc Henri Fabre et Studios du BNM

20, boulevard de Gabès 13008 Marseille

Spectacle terminé depuis le dimanche 1er juillet 2007

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