Subvention

• Le désintéressement de la chose culturelle

J'ai écrit cette pièce en amitié et en complicité pour Christian Le Guillochet, directeur et fondateur du Lucernaire, en songeant à une discussion que nous avions eu au début de l'été en bas de son théâtre. Il était très agacé et très malheureux que les pouvoirs publics le traitent avec désinvolture. Bien entendu, mon personnage n'est pas lui. Pas plus qu'il n'est moi. De même que le théâtre dont je parle n'est ni le Lucernaire, ni le théâtre du Nord-Ouest que je dirige. Bref, comme on dit, toute ressemblance...

N'empêche : Christian m'a parlé d'une grève de la faim qu'il pouvait faire. C'est un homme d'énergie et de courage. En écrivant cette pièce, pour mon plaisir et pour ma bonne santé morale, je me suis dit sans trop y croire que cela le dissuaderait peut-être de se lancer dans une telle aventure, si d'aventure, il en avait encore l'envie. Il vaut mieux en rire et en pleurer.

Bien entendu aussi, les autres personnages ne ressemblent en rien aux représentants de l'administration culturelle. Dans ma longue expérience, j'ai surtout rencontré des gens formidables, pétris de culture et attentifs à son rayonnement. D'autres moins, bien évidemment. Ce serait mentir que de dire que je ne m'en suis pas un peu inspiré...

Au-delà de toute polémique, on assiste dans notre pays depuis quelques années à un désintéressement ou plutôt à une banalisation de la chose culturelle. Après la sacralisation des années 80, c'est peut-être un juste retour des choses. On peut néanmoins s'en inquiéter.

Jean-Luc Jeener

• L'art est-il nécessaire ?

Faire du théâtre en prise directe avec la réalité proche, concrète.

La pièce de Jean-Luc Jeener traite d'un sujet méconnu du grand public : pourquoi le théâtre est-il subventionné ? Et comment doit-il l'être ? Qui attribue quoi ? Et à qui ? Le théâtre doit-il être rentable ? Est-il un service public ? L'artiste peut-il être libre dès lors qu'il est subventionné ? L'artiste doit-il être maudit ? Quelle est la politique culturelle de la France ? Mais surtout...

L'art est-il nécessaire ? Et si oui, n'y engage-t-on pas sa vie ? jusqu'à sa mort ?

Yvan Garouel