Stop the tempo

le 24 mai 2007
1 heure

Stop the tempo

Deux jeunes femmes et un jeune homme à Bucarest luttent contre la confiscation d'eux-mêmes, ils refusent d'être des réfugiés à l'intérieur de leur propre pays. Aujourd'hui où le concept de camp est érigé en mode de gouvernement, le camp des "gagnants" est peut-être un des pires. Stop the tempo !

Une lutte contre la confiscation de soi-même
Une nouvelle association
Note d’intention
Ce que nous attendons de ce spectacle
Extrait
Entretien avec Christian Benedetti
La presse

  • Une lutte contre la confiscation de soi-même

Trois jeunes gens se retrouvent par hasard dans une boîte de nuit, un lieu de paradoxes : il y a de la lumière mais on n’y voit rien, il y a du monde mais on y est seul, il y a du bruit mais on n’entend rien. Un lieu qui les renvoie à leur solitude et leur vide : vide personnel, affectif, social, vide d’envie, de pensée, d’objectifs. Chacun face à sa solitude, ils se retrouvent dans la métaphore absolue de la société, de cette frénésie sans axe.

Ils ne peuvent plus continuer ainsi. Ils ne peuvent plus faire avec cette société-là. Sur une impulsion dans cette rencontre de hasard, ils commettent un acte qui va devenir, malgré eux, peu à peu révolutionnaire.

On voit comment cette idée va grandir et comment ils vont devenir eux-mêmes victimes de cette idée. Mais en même temps, comme toute idée, avec la part romantique de chaque révolution, l’idée continuera peut-être à vivre comme une petite flamme, un espoir.

Traduit du roumain par Diaana Cilan et Gabriel Marian
N.B. Les poèmes qui apparaissent dans le texte sont de Marius Ianus et sont extraits de L’Ours dans le conteneur poubelle et Le Manifeste anarchiste.

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  • Une nouvelle association

L’invitation de Christian Benedetti à être auteur associée au Théâtre-Studio a été une grande surprise pour moi. A ce moment-là, de moi, il ne connaissait que le texte de Stop the tempo. Nos discussions sur l’actualité sociale et politique ont été l’occasion de découvrir que nous étions déjà associés, que nous partagions la même vision de l’écriture dramatique contemporaine : le discours théâtral est un discours profondément lié à (et impliqué dans) la réalité conflictuelle d’aujourd’hui.

Stop the tempo est un texte écrit sous la pression d’une réalité roumaine violente, un texte qui se propose d’exprimer la confusion et le désespoir d’une génération à laquelle les comédiens et moi appartenons. Avec ce spectacle, nous voulions dire ce qui est important pour nous. Je suis ravie de trouver un autre metteur en scène trouve essentiel de transmettre ce qui est dit dans ce texte.

Ce que j’apprécie le plus chez un metteur en scène, c’est sa nécessité à mettre en scène un texte en particulier, et sa détermination à travailler avec un auteur. En parlant avec Christian sur mes textes ou sur d’autres pièces qu’il avait déjà mises en scène, j’ai découvert la force de ses choix, l’importance et l’affection qu’il donne aux auteurs, aux comédiens, aux personnes avec qui il partage son travail artistique...

Et puis l’espace du Théâtre-Studio, la rencontre avec les membres de l’équipe qui y travaille, tout cela m’a donné l’envie d’être associée à cette aventure... L’envie d’écrire, d’imaginer, de prendre des risques ensemble.

Gianina Carbunariu

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  • Note d’intention

Depuis longtemps j’attendais que quelqu’un parle, parle d’une autre voix. Cela me bouleverse toujours de rencontrer quelqu’un qui accepte d’affronter l’implacable, de ne pas se cacher derrière ses mots et de changer notre façon de comprendre le monde. Merci Gianina.

Je suis heureux, très heureux, que cette année Gianina nous rejoigne. Elle a 28 ans, elle est roumaine et elle est notre nouvelle auteur associée. Stop the tempo, Gianina l’a elle-même mis en scène à Bucarest. L’occasion d’entamer un double dialogue avec l’auteur et avec le metteur en scène, le bonheur est donc double.

Elle nous dit que la réalité a changé. Mais aussi notre perception de la réalité. Pour rentrer dans notre communauté européenne la Roumanie fait en 5 ans le chemin que nous avons fait en 25 ans Le concept de consommation à peine introduit en Roumanie, la course commence et la barbarie se transforme. Mais que l’on se rassure elle s’exerce toujours. Elle laisse derrière ou devant elle des êtres amnésiques se réveillant d’un cauchemar. Si nous savons regarder là, nous pourrons peut-être comprendre quelque chose de notre propre histoire. Et si nous laissons faire malgré tout nous devenons alors criminels.

En 1989, on nous a dit que « les idéologies » étaient tombées… Le « les » avait pour sens « le communisme »… Mais il s’agissait bien de « les », car si le communisme était comme on dit tombé, le capitalisme lui aussi. Il allait devenir le « libéralisme », capitalisme mis en spectacle, là où l’on peut vendre tout, et là où tout s’achète.

Nos gouvernements avec leurs alliés objectifs ont délibérément ôté à deux générations toutes possibilités de réactions autres que pulsionnelles. Le rapport historique est effacé et la mémoire brouillée. Notre responsabilité est écrasante.Gianina crie, elle nous exhorte, elle exige qu’enfin le temps se pose pour nous permettre de faire face à notre histoire. Stop the tempo !

Deux jeunes femmes et un jeune homme à Bucarest luttent contre la confiscation d’eux-mêmes, ils refusent d’être des réfugiés à l’intérieur de leur propre pays. Aujourd’hui où le concept de camp est érigé en mode de gouvernement, le camp des "gagnants" est peut-être un des pires. Stop the tempo !

Et puis aussi pourquoi monter Stop the tempo ? Parce que je ne sais pas comment faire.

Christian Benedetti

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  • Ce que nous attendons de ce spectacle

Il doit être joué pour un public d’ici et maintenant, qui peut se reconnaître dans les espérances, les frustrations, le désespoir, la révolte des trois personnages. C’est pourquoi j’ai écrit un texte qui s’inspire de nos histoires et de celles de nos amis. Sa valeur littéraire ne m’intéresse pas, parce que je suis convaincue qu’il ne peut y avoir de chose plus importante que la rencontre avec le public. Si cette rencontre est ratée alors le reste ne compte pas. Ici et maintenant sont les mots essentiels et la base de cette expérience théâtrale.

Le message social et politique est très clair : "comme ça on ne veut plus". A la question : "on déconnecte ou on ne déconnecte pas ?", la réponse des personnages est la nôtre. "Si la Roumanie était connectée à un tableau de fusibles..."

Nous sommes directement impliqués dans la façon de porter le message de ce spectacle. Je n’ai pas voulu me révolter contre une forme de fiction. Je crois que le temps de la parabole politique est passé, et que ce que veulent les spectateurs, c’est avoir un lien direct (immédiat) avec ceux qui ont la chance de les représenter sur scène.

Notre intention était de jouer ce spectacle dans les clubs, les bars, les discothèques. Aussi, lorsque j’écrivais la pièce, j’avais tout le temps à l’esprit que je devais écrire pour un espace qui est évidemment en conflit avec l’histoire des personnages.”

Textes de Gianina Carbunariu tirés du programme édité à l’occasion de la création de Stop the tempo à Bucarest.

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  • Extrait

Maria : J’ai 27 ans et j’ai une vie absolument pathétique, mes trois jobs, mes parents qui me tapent sur le système, tous mes gynécologues, mes avocats, mes hommes d’affaires...
Paula : J’ai 25 ans et j’essaie de m’éclater et je n’arrive même pas à trouver la moindre trace de fun dans tout ça
Rolando : J’ai 23 ans et ma vie est déjà foutue. Pas à cause de l’accident. Mais parce que je n’arrive plus à trouver le moindre truc qui me procure la moindre petite dose de plaisir. J’ai 23 ans et je n’ai rien fait. Et je ne crois pas que je ferai un jour quelque chose, quelque chose que j’aime vraiment faire.
Paula : J’ai une idée !

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  • Entretien avec Christian Benedetti

Depuis la création du théâtre-studio, la place que vous donnez aux auteurs (E.Bond, Sarah Kane, Biljana Srbljanovic, et aujourd'hui Gianina Carbunariu) est prépondérante. Elle semble la raison de votre engagement et la nourriture de votre réfléxion. Pourquoi avez-vous décidé de collaborer aussi étroitement avec eux jusqu'à ce qu'ils deviennent auteurs associés et comment ces échanges sont-ils nés ?
Tout d’abord, c’est notre obligation d’écouter ceux qui nous montrent la cartographie de notre monde. Les auteurs qui affrontent l’implacable, qui ne se cachent pas derrière leur pièce et qui changent notre façon de comprendre le monde donc de nous comprendre. Quand on a la chance de croiser la route d’auteurs tels que Edward Bond, Biljana Srbljanovic, Gianina Carbunariu, et qu’ils acceptent de dialoguer avec vous, de travailler avec vous, d’écrire pour vous, ce serait insensé de refuser ces cadeaux.
Ces rencontres m’ont fait grandir et changer - en tant qu’homme et metteur en scène. Ces rencontres remettent la fonction de metteur en scène à sa vraie place : non comme un outil de pouvoir mais comme un outil des possibles.
Mettre en présence, questionner, montrer la direction du sens, être garant de la structure de la pièce, accompagner les acteurs vers « l’objet invisible » et les aider à prendre la responsabilité de ce qu’ils disent et font sur scène. Ce sont eux et les auteurs les créateurs. Les associations sont nées de conversations (Gianina), ou à la suite d’ue représentation d’une de leurs pièces à laquelle ils ont assisté (Edward Bond et Biljana Srbljanovic).

A lire votre parcours, nous serions tentés de croire que le théâtre est pour vous un des derniers refuges de la résistance, le lieu d'une possible prise de conscience du monde et de nos crimes.
Oui !

Pourtant, vous déclarez ne pas savoir comment faire.
En ce qui concerne cette pièce particulièrement. Stop the tempo me pose des questions nouvelles à résoudre, sur le plan de la forme, sur la façon de prendre la parole. Mais depuis que le dialogue a commencé (les répétitions) je commence à entrevoir des pistes.

Chaque pièce, chaque parole serait alors une ultime tentative, ou bien un pas de plus menant à la réponse ?
C’est un pas de plus et on change de chaussure !

Le 08 novembre va "naître" Stop the tempo de Gianina Carbunariu. Pouvez-vous nous parler plus précisément de cette pièce ?
Trois jeunes gens sont confrontés au vide : vide personnel ,affectif, social, vide d’envie, de pensée, d’objectifs. Chacun face à sa solitude, devant une société qui a parcouru en cinq ans le chemin que notre société a parcouru en vingt-cinq.

Ces trois jeunes gens se retrouvent par hasard dans une boîte de nuit, un lieu de paradoxes : il y a de la lumière mais on n’y voit rien, il y a du monde mais on y est seul, il y a du bruit mais on n’entend rien. Un lieu qui les renvoie à leur solitude et leur vide. Ils se retrouvent dans la métaphore absolue de la société, de cette frénésie sans axe. Ils ne peuvent plus continuer ainsi. Ils ne peuvent plus faire avec cette société-là.

Sur une impulsion dans cette rencontre de hasard, ils commettent un acte qui, va devenir malgré eux, peu à peu révolutionnaire. On voit comment cette idée va grandir et comment ils vont devenir eux-mêmes victimes de cette idée. Mais en même temps, comme toute idée, avec la part romantique de chaque révolution, l’idée continuera peut-être à vivre comme une petite flamme, un espoir. La pièce est la question d’une génération.

Entretien réalisé par Astrid Cathala.

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  • La presse


« Stop the tempo ! pamphlet-poème-coup de poing, cogne sauvagement...Un théâtre d’aujourd’hui. Et beau de surcroît, lyrique même par son souci d’absolu romantico-trash. » Fabienne Pascaud, Télérama

« Christian Benedetti et ses acteurs donnent à la représentation une force et une étrangeté qui ramènent à un rôle très ancien du théâtre...l’invention d’une forme de communauté... Une pièce qui cogne : désespérée et radicale… » Fabienne Darge, Le Monde

« Voilà une pièce forte, sur trois jeunes d'aujourd'hui...Christian Benedetti la fait découvrir en France en un spectacle sans bavures :déplacements furtifs à la seule lueur des lampes torches qui cernent le visage des comédiens, intenses, parfois quasi-déréalisés. » Le Nouvel Observateur

“La pièce est un vrai coup de poing dans la figure. Elle est grouillante de vie brute, comme des bulles éclosant à la surface d’une mare volcanique…une mise en scène très inventive » Jean-Claude Rongeras, France 2

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Spectacle terminé depuis le jeudi 24 mai 2007

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Spectacle terminé depuis le jeudi 24 mai 2007