Song

Les chants sont chantés en chinois mais leur traduction française est intégrée à la mise en scène.

En pleine révolution culturelle, un maître de l’Opéra de Pékin osa écrire sur les murs les mots suivants : " si un chanteur cesse de chanter un jour, lui seul s’en aperçoit. Deux jours, son professeur s’en aperçoit. Après trois jours, le public s’en aperçoit ". Le goût du peuple chinois pour l’art vocal sous toutes ses formes – comptines enfantines, romances, airs traditionnels – explique que le régime ait fait écrire et mettre en musique, à chaque événement important, des chansons destinées à diffuser les thèmes ou les attitudes à adopter. Bien entendu, un hymne jusque-là irréprochable pouvait finir par dévier de la position officielle – mieux valait alors cesser de le fredonner ou même d’en siffler l’air, pour adopter le nouveau refrain sifflé par le parti.

Mais le silence ne suffit pas à garantir l’oubli, et c’est ainsi qu’avec les années s’est constitué dans la mémoire chinoise un répertoire où se sont déposés, à mesure que variait la ligne politique, un demi-siècle de sédiments d’histoire mi-conservée mi-confisquée, et avec eux la couleur intime de chaque époque. Gilberte Tsaï a invité six artistes chinois aujourd’hui exilés en France à nouer devant nous, par le biais de tels chants, les étapes de leur pays à celles de leurs propres vies, de la mort de Staline à celle de Mao et au-delà. Parmi ces artistes, le maître de l’Opéra de Pékin, mais aussi une soprano du Théâtre des Armées qui se produisait devant le Grand Timonier ou un étudiant en Arts Plastiques qui milita place Tian’anmen.

La création de ce spectacle a coïncidé avec le dixième anniversaire des événements tragiques de la place Tian’anmen du 4 juin 1989, et les cinquante ans de la fondation de la République Populaire de Chine, le 1er octobre 1949.

Les chants sont chantés en chinois mais leur traduction française est intégrée à la mise en scène.

Six artistes chinois, d’âge, d’origine et de parcours très différents nous racontent avec humour leurs souvenirs mouvementés : l’occupation japonaise, la guerre de Corée, les années d’amitié avec l’Union soviétique, la mort de Staline, le Grand Bond en Avant et les années de famine qui lui succédèrent, la Révolution Culturelle, la mort de Mao, le grand espoir de changement, puis les événements de la place Tian’anmen, et la vie, aujourd’hui, en France.

Pour célébrer chaque événement important, les familles chinoises, qu’elles soient riches ou pauvres, préparent des raviolis, les Jiaozhi. Fabriquer les raviolis se dit baoxian : " envelopper la farce ". Mais baoxian, c’est aussi la sécurité, la protection.

Ainsi, par ce geste, c’est comme si l’on recouvrait symboliquement erreurs, mauvaises paroles et mauvais souvenirs pour favoriser une année nouvelle heureuse et limpide.

Occasion d’un rassemblement joyeux et prolixe où l’on rompt avec le souci, la préparation des Jiaozhi est le point de départ du spectacle. Mais pour rire et oublier il faut se souvenir. De telle sorte qu’à travers chants et récits, c’est toute l’histoire de la chine contemporaine qui sera traversée, passée au tamis des histoires singulières. Le temps de la faim, de la guerre, les ruses de la survie, sur le fond d’un rite ancestral. Peines et joies roulées dans la pâte. Festin de paroles.

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Théâtre Public de Montreuil - Salle Maria Casarès

63, rue Victor Hugo 93100 Montreuil

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Théâtre Public de Montreuil - Salle Maria Casarès
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Spectacle terminé depuis le dimanche 19 novembre 2000

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