Shakespeare, Crime et Pouvoir

Paris 6e
du 24 janvier au 1 mars 2008

Shakespeare, Crime et Pouvoir

CLASSIQUE Terminé

Un spectacle moderne mettant en scène les jeux du pouvoir qui, depuis toujours, rend les hommes fous. Utilisant Hamlet, Richard III et Macbeth, nous vous présentons les mécanismes de ce phénomène, plus que jamais banalisé.

Hamlet
Richard III
Macbeth
Note d'intention

  • Hamlet

Tragédie créée en 1602 et publiée en 1603.

La pièce a des mérites poétiques, mais aussi psychologiques et philosophiques. Elle contient beaucoup de références à des débats de l'époque que reconnaîtrait le public contemporain. C'est d'ailleurs une pièce qui plaisait à l’élite, mais aussi aux travailleurs ordinaires de Londres qui venaient nombreux pour y assister.

L'histoire d’Hamlet se trouve dans le Gesta Danorum (XIIe siècle) de l'écrivain Saxo Grammaticus. François de Belleforest l'adapte en 1570, dans ses histoires tragiques. La source la plus directe est vraisemblablement une pièce non conservée, attribuée à Thomas Kyd qui aurait le premier introduit le personnage du spectre. La plupart des événements sont le produit de l'imagination de Shakespeare.

Le roi du Danemark, père d'Hamlet, est mort récemment. Son frère Claudius, successeur au trône, a, moins d'un mois après, épousé Gertrude, la veuve de son frère. Le spectre du roi apparaît alors et révèle à son fils qu'il a été tué par Claudius. Hamlet doit venger son père, et, pour mener à bien sa tâche, simule la folie. Mais il semble incapable d'agir et, devant l'étrangeté de son comportement, l'on en vient à se demander dans quelle mesure il a conservé sa raison.

Amant de la jeune Ophélie, il sacrifie leur idylle pour accréditer sa propre folie. Celle-ci devient folle suite à la mort de son père, Polonius, tué par Hamlet alors que celui-ci espionnait au compte de Claudius.

Hamlet, afin de s’assurer de la culpabilité de son oncle, fait jouer par une troupe de comédiens la scène du meurtre de son père. Il venge finalement son père au prix de son sang, de celui de sa mère et de sa bien-aimée. Il meurt d’une blessure infligée par Laërte d'un coup d'épée empoisonnée, au cours d’un combat arrangé par Claudius.

  • Richard III (The Life and Death of Richard the Third)

Dernière pièce, écrite en 1592, de la tétralogie historique shakespearienne comportant déjà les trois parties d'Henry VI Pièce culminant avec la défaite du démoniaque roi Richard III à la bataille de Bosworth dans le dernier acte, Richard III est la théâtralisation d'événements réels qui prirent fin en 1485, avec le changement de dynastie que l'on sait : les Plantagenêt laissant place à la monarchie Tudor suite à la guerre des Deux Roses.

Pendant le règne de son frère, Richard, duc de Gloucester, montre une loyauté absolue. Un des plus valables conseillers du roi et soldat très remarqué, Richard est aimé par les habitants du nord de l'Angleterre, d'où sont originaires la plupart de ses partisans. La mort soudaine de son frère lui donne l'occasion de s'emparer du trône après avoir évincé son neveu, le roi Édouard V, envoyé avec son frère Clarence à la Tour de Londres. Personne ne les revoit après l'été 1483.

La pièce est dominée par Richard, figure absolue qui s'ouvre un chemin vers le trône en assassinant frère, neveux, femme... Volonté de pouvoir, qui naît plutôt d'un désir de revanche sur la Nature qui l'a fait difforme et sur la société entière, sur ceux qu'il a aidés à prendre le pouvoir et qui le rejettent une fois que ses mains sont salies, que d’une incarnation du Mal. Il va donc les tromper, les monter les uns contre les autres pour devenir roi. Contre l'insignifiance et la mesquinerie qui l'entourent, Richard prend le parti de l'absolu : le Mal absolu, certes, mais qui naît de sa liberté propre. Comme le Caligula de Camus, Richard III va au bout de ses idées, dénonçant par ses propres crimes l'absurdité du Monde.

Les fantômes de ceux qu'il a tués viendront hanter Richard, qui, confronté aux remords, presque schizophrène, connaîtra la peur et tombe sous les coups de Richmond.

  • Macbeth

Tragédie écrite en 1605 et publiée en 1623.

Le sujet est inspiré d'un personnage réel - Macbeth, roi d'Écosse (XIe siècle) - mais la tragédie, quant à elle, est complètement fictive. Historiquement, Macbeth, parfois présenté comme un général usurpateur, a, en réalité, d’une part, rétabli l'ordre successoral Picte - dont il était issu - instauré par le fondateur de la dynastie royale écossaise ; et d'autre part, rétabli l'ordre en Écosse, bouleversé par le règne désordonné de Duncan.

L'oeuvre débute sur la fin d'une bataille qui oppose la Norvège à l'Écosse, au cours de laquelle Macbeth, cousin et fidèle chef des armées de Duncan, roi d'Écosse, s'illustre par son courage, sa persévérance et sa loyauté, menant son armée à la victoire. Le roi le nomme duc de Cawdor en guise de récompense.

Sur le chemin du retour, Macbeth, duc de Glamis, rencontre trois sorcières qui l'accueillent en lui donnant trois titres différents : duc de Glamis, duc de Cawdor, et roi. Macbeth fait alors part de cette rencontre insolite à son épouse, avec laquelle ils finissent par manigancer le meurtre de Duncan dans leur propre château.

Effrayés à l'idée d'être accusés du meurtre, les enfants de Duncan fuient en Angleterre, laissant le trône libre à Macbeth. Celui-ci désemparé par l’horreur de son crime s'enferre dans une attitude meurtrière et Lady Macbeth accablée par ces hallucinations plonge dans la folie et la destruction.

Des atrocités de ce règne, naît une rébellion qui aboutit à l’assassinat de Macbeth au château de Dunsinane par Macduff, dont la famille avait été exterminée sur l'ordre du tyran. L'ironie tragique est omniprésente : dès le début, "la bataille est gagnée et perdue" ; horrible est le beau, beau est l'horrible; " les choses que le mal a commencées se consolident par le mal".

  • Note d’intention

Toute forme de vie est déterminée par d’innombrables caractéristiques, issues d’un héritage génétique mais aussi environnemental. Une de ces caractéristiques, et non la moindre, est l’instinct de survie : sans cette pulsion nous n’existerions pas. Toute créature est donc fondamentalement préparée à agir et utiliser tous les moyens dont elle dispose pour accomplir cette mission : survivre.

Dans le règne animal et chez l’Homo sapiens (y compris chez l’Homo sapiens sapiens), la prédation est le plus efficace des moyens pour accomplir cette tâche. Celui qui survit est donc un prédateur. Praedator : de praeda « proie », « pillard ». Certes, c’est la définition du dictionnaire, mais cette appellation fort péjorative est-elle juste ? D’une façon purement physiologique, nous pouvons dire sans trop nous poser de questions, que oui : elle est justifiée.

Mais le hic est que l’Homme n’est pas seulement physiologique. Il est aussi conscience. Et qui dit conscience dit moralité. Donc culpabilité. Cette déclinaison est propre à l’Homme et tout particulièrement à l’homme de la culture occidentale. Mais il est aussi vrai que dans la masse des hommes qui s’activent pour la survie dans le grand jeu de la continuité de l’espèce, un nombre non négligeable d’entre eux fait de cette nécessité de prédation une profession voire une spécialisation. Ces hommes-là échappent - ou croient échapper, sans qu’on sache comment ni pourquoi - à la notion de culpabilité. Ces hommes deviennent des « addicts » du pouvoir, de la domination, de la manipulation, et pour arriver à obtenir ce pouvoir, ils utilisent souvent le crime. « La fin justifie les moyens ».

Cette déviation semble être apparue dès le début de la structuration sociale de l’homme, donc dès l’apparition d’un certain ordre hiérarchique. Même dans une meute de loups, donc d’animaux « non rationnels », les structures hiérarchiques assurent la survie du groupe. Elles semblent donc être hautement nécessaires, même à un stade primitif. La force, la guerre, le crime se sont avérés les moyens les plus sûrs de s’attribuer la fonction de chef absolu. Et nos systèmes « démocratiques » n’en sont pas exclus, quoique ces derniers aient développé des mécanismes plus subtils pour éliminer les obstacles et les entraves au pouvoir.

L’Homme ne peut pas se passer du Pouvoir. L’intemporalité et l’universalité de cette affirmation s’expriment avec une force magistralement poétique et humaine chez Shakespeare. Et surtout dans notre XXIe siècle, une question s’impose à nous : l’Homo sapiens n’est-il pas en train de se transformer en Homo horribilis ? « I must be cruel only to be kind »

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Spectacle terminé depuis le samedi 1er mars 2008

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