Étape dans le parcours d’un artiste habitué à de vastes fresques où se croisent les destins de nombreux personnages, Seuls est un monologue porté sur scène par l’auteur lui-même. Mémoire, origine, identité, la quête se prolonge mais ici, c’est vers ses propres racines que Wajdi Mouawad nous entraîne.
Il s’appelle Harwan. Libanais, il a fui avec sa famille son pays sous les bombes pour vivre en exil au Québec. Aujourd’hui, il travaille à une énorme thèse sur le metteur en scène Robert Lepage, monstre sacré du théâtre québécois. Seul dans son appartement, il rumine son passé et tente de faire le point. Il ne sait plus très bien où il en est. Déjà, il n’arrive pas à terminer sa thèse. Des questions se pressent en foule dans sa tête.
Quelle mémoire lui reste-t-il de ses années libanaises, par exemple ? L’exil ne tendrait-il pas à effacer le souvenir de cette époque lointaine ? Impossible de ne pas assimiler le héros de ce spectacle à son auteur, Wajdi Mouawad, avec lequel il partage beaucoup de points communs.
Après le succès de la trilogie du Sang des promesses, Wajdi Mouawad a choisi de se mettre lui-même en scène seul sur le plateau dans ce spectacle polyphonique où interviennent des projections vidéo. Une création qui touche à la performance quand ce ne sont plus les mots mais le corps qui prend en charge la représentation.
Hugues Le Tanneur
Wajdi Mouawad ouvre avec Seuls un cycle de création nommé Domestique où il explore un autre mode de travail, retourne le sol de l’intime et trace une cartographie familiale décrite par cinq personnages. Après Seuls, figure du fils, vient le solo Soeurs actuellement en tournée. Frères, Père et Mère seront au fil des saisons créés et présentés à La Colline.
Seuls chemin, texte et peintures a paru aux éditions Leméac / Actes Sud-Papiers.
« Le meilleur de Seuls tient dans ce qu’il dit de l’exil, tel qu’il se vit dans la vie de tous les jours : le rapport au temps, à la lumière, aux souvenirs qui s’effacent, à la survie quotidienne dans un environnement dont on n’a pas appris les codes dans l’enfance. » Fabienne Darge, Le Monde, 26 septembre 2016
« À la différence des fresques qu'il a signées dans le passé, il offre là un spectacle personnel et personnalisé, insolite et captivant. Et en filigrane, une réflexion sur le théâtre qui plaira surtout aux puristes. » Nathalie Simon, Le Figaro, 21 mars 2013
« On retrouve dans ce spectacle littéralement singulier son art de l'intrigue, du suspense, des coups de théâtre - le spectateur flottant entre réel, rêve et coma ; mais aussi sa volonté d'aller jusqu'au bout de ses démonstrations, d'apporter une conclusion frappante à ses tragi-comédies modernes. » Philippe Chevilley, Les Echos, 25 mars 2013
« Dans une mise en scène ciselée, Wajdi Mouawad transporte son personnage du désenchantement vers le ré-enchantement, jusqu'au dénouement tout en poésie et en couleurs. Entre-temps, un coup de théâtre aura tout changé. » France Info, 28 mars 2013
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