Round'up

du 9 au 20 décembre 2013
1h15

Round'up

L’agriculture occidentale a basculé en moins d’un siècle. Sous la forme originale d’une « émission théâtrale », Victor Gauthier-Martin fait se croiser les voix de journalistes, d’experts, de responsables politiques ou associatifs et de décideurs de grands groupes agro-alimentaires, et interroge notre volonté de changer le monde.
  • Une émission théâtrale traitant de l'agriculture occidentale avec cynisme et humour

Round’up : rassembler (le bétail) ; faire une rafle (de criminels) ; arrondir (une somme).

L’agriculture occidentale a basculé en moins d’un siècle : mécanisation à outrance, flots de composants chimiques, sols appauvris, risques sanitaires, paysannerie atomisée. À côté des produits vidés de qualités nutritives, existe une production biologique dont les vertus sont trop onéreuses pour nombre de consommateurs. Quelles options pour les pouvoirs publics ? Quelle part de responsabilité pour les consommateurs ?

C’est à ces questions que s’attaque Victor Gauthier-Martin. Sous la forme originale d’une « émission théâtrale », se croisent les voix de journalistes, d’experts, de responsables politiques ou associatifs, sans oublier celles de décideurs de grands groupes agro-alimentaires. Absurdités, communication mensongère, cynisme, c’est un festival d’arguments plus ou moins bucoliques qui nous est servi. Ils prêtent à rire autant qu’à ne pas rire et nous confirment bien que ce monde devient fou.

Depuis que j’ai commencé les répétitions de Round Up, c’est assez compliqué pour moi, je ne sais plus quoi manger…

  • Note d'intention de l'auteur

« Si l’on regarde de près les discours récurrents des responsables de la communication d’un groupe comme Monsanto par exemple, on en descelle très vite les ficelles. D’un coté il y a bien sûr : « nous voulons éradiquer la faim dans le monde, donc produire plus, plus vite et moins cher », et de l’autre, le fait que ces industriels n’ont aucunement l’intention de nourrir quiconque ne peut payer. Et il en est de même avec « l’eau, qui est une denrée alimentaire comme une autre et a une valeur marchande », comme le souligne le Président de Nestlé, Peter Brabeck.

Dévoiler les processus de manipulation à l’oeuvre dans nos démocraties, mettre en lumière la mauvaise foi manifeste, en faire « trop ». Sur le plateau, nous nous posons la question de la marge de manoeuvre que nous avons réellement aujourd’hui en tant que citoyens, consommateurs, artistes. Nos armes sont l’humour, l’absurde, la légèreté, l’ironie, mais aussi, l’humilité, la conscience aigüe de notre ridicule, de notre petitesse malgré notre volonté de changer le monde. »

Victor Gauthier-Martin

  • Entretienavec Victor Gauthier-Martin

Le titre du spectacle est « Round’up Émission théâtrale ». Pourquoi ce concept d’émission théâtrale ?
En anglais, to round up veut dire rassembler (du bétail) ; faire une rafle (de criminels) ; arrondir (une somme). Round up ou encore Terminator ; les noms que les responsables en communication des grands groupes agroalimentaires choisissent pour leurs produits appartiennent à un champ lexical guerrier, cynique, ironique, peut-être, qui banalise inconsciemment une façon de voir les choses. Nous intégrons petit à petit l’idée que la seule solution pour faire des bonnes récoltes est d’utiliser des produits de traitements. La rhétorique à proprement parler est mensongère. Un des fers de lance de l’agroalimentaire occidentale par exemple est la faim dans le monde. Tout est légitimé derrière cet argument. Mais n’oublions pas que cette industrie n’a nullement l’intention de nourrir quiconque ne peut payer. Le spectacle tente de donner des éléments de compréhension d’un sujet vertigineux. Je l’ai construit comme une émission théâtrale, pour une raison simple, c’est qu’il est impossible de couvrir de façon exhaustive le thème du spectacle. Nous parcourons donc, plusieurs points de vue, s’appuyant sur différentes natures de textes, donnant la parole à une multitude d’acteurs de l’agroalimentaire, experts, responsables politiques, chefs d’entreprise, industriels, agriculteurs, éleveurs et évidemment, en bout de chaine, les consommateurs. Nous zappons d’un sujet à l’autre, comme si l’on suivait en simultané différentes émissions. Je voulais un spectacle éclectique.

Comment s’est déroulé le processus de création ?
Dans un premier temps, nous avons fait un grand travail de documentation, rassemblant des nombreux documents, de natures très variées. Après une sélection des passages les plus parlants, j’ai fait un gros tas de photocopies que j’ai déposé au centre de la table. Très vite, chacun d’entre nous a élu ses favoris. J’avais déjà en tête un certain nombre de pistes de scène, par exemple le journal télévisé ou les inventeurs dans leur labo. Pour l’écriture collective, nous étions tous les trois derrière un ordinateur au milieu du grand plateau à Chelles, et les idées fusaient. On écrivait à tour de rôle, même si Maïa était la plus rapide au clavier. Il y avait des moments de rire, d’enthousiasme et de totale déprime. Parfois je me levais, car je réfléchis mieux quand je marche... Après une première étape de répétitions et une première présentation publique, nous avons réalisé que notre esprit critique s’exerçait exclusivement à l’encontre des responsables, producteurs et de la grande distribution. Nous nous sommes posé la question de notre propre comportement. Et nous ? Nous avons écrit la dernière séquence du spectacle, à partir de récits intimes de notre rapport à la nourriture et à la consommation. En même temps que nous écrivions Dayan, le bassiste, était là, toujours en train de bidouiller quelque chose avec son casque sur la tête. Et de temps à autre il nous faisait uncommentaire, souvent très à propos, participant lui aussi à l’écriture du spectacle.

Pour vous, quelle est la place accordée au public dans le spectacle ?
Le public participe au spectacle, en étant alternativement acteur et spectateur. Nous l’invitons à se mettre cinq minutes dans la peau d’un poulet. J’ai voulu une scénographie mobile légère et un peu high- tech, qui peut se mettre au service de différents espaces et qui englobe le public.

  • Extraits

Clémence : Mettez-vous 5 minutes dans la peau d’un poulet. C’est en compagnie de 25 000 autres poussins, eux aussi âgés de 1 jour que vous venez de débarquer. Vous commencez à trottiner joyeusement.
Maïa :
Il n’y a quasiment pas un microbe ici, tout a été désinfecté au formol gazeux. Il n’y a pas de fenêtre, vous ne connaîtrez pas la lumière du jour et la température ambiante ne descend jamais en dessous de 31°.
Clémence : Oui, on étouffe, mais les turbines renouvellent l’air en permanence.
Maïa :
Pendant les 3 premiers jours, la lumière reste allumée 24 heures sur 24, afin de stimuler votre appétit. Et plus vous grossirez, plus la lumière des néons baissera, jusqu’à une 1/2 pénombre destinée à vous apaiser. Ainsi vous ne risquerez pas de stresser, de faire une crise cardiaque. Dans 1 foule de 25 000 poulets, le moindre énervement pourrait tourner au carnage et, qui sait, au cannibalisme.
Clémence
 : Du calme, donc. Picorez, engraissez en paix, et surtout pas de dépenses énergétiques inutiles.


Pierre Yves : Sinon, Tu as eu le temps de trouver un nom pour cette nouvelle truie, parce que nous on a une proposition. Comme c’est un croisement avec une espèce chinoise on s’est dit que DUFANG ce serait pas mal.
Marie Cécile : DAFANG ça veut dire Généreuse en chinois...
Chantal : Non, non, non, non, non, les chinois ça fait peur... Naima, ça veut dire espérance en arabe... Mais je veux que Naima soit écrit en chinois, sur tous les supports. Je suis sûr que vous m’avez déjà préparé quelque chose ?
Pierre Yves : Quand on pense à la relation intime que les gens ont avec le cochon, nous chez Pen Ar Lan, on prend très au sérieux l’arrivée d’une nouvelle gamme. On ne veut pas seulement créer un nouveau cochon, on veut créer un cochon meilleur sur tous les plans

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Spectacle terminé depuis le vendredi 20 décembre 2013

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