Roman de familles

Paris 11e
du 10 janvier au 17 février 2002
1H45

Roman de familles

Des vies ordinaires de gens ordinaires, nos voisins, nos amis ou peut-être simplement nous-mêmes, portées à la scène avec émotion ou humour dont les pages portent le sceau de l’authenticité et la signature d’une troupe généreuse.

Présentation
Une oeuvre collective
Une Épopée quotidienne
Les thèmes
Le Théâtre de la Jacquerie
A propos d’un précédent spectacle
La presse

Et si on osait s'intéresser aux sentiments ? Et si on écoutait “les vrais gens” ? Mais vraiment, avec amour, avec respect, en prenant le temps, en oubliant la dérision, qui est encore une façon de prendre le pouvoir ; en se laissant bouleverser par le déroulement normal d'une vie humaine, unique et faite de toutes les vies.

Ça commence à Montbéliard : les habitants, les spectateurs du CAP, ont raconté leurs rencontres. Ça a donné Mon Bel amour. « Ils parlent pas, les hommes, c'est les femmes qui parlent » : alors, à Combs-la-Ville, la Jacquerie a cherché à en savoir plus, et ça a donné Des Pères et des hommes, en appartement, en petites formes, et en grande forme, sur le plateau. Et puis à Amiens, et dans les villages tout autour, ce sont les mères qui ont livré leurs Paroles de mères. Puis, à Calais, la famille s'est élargie aux Frères et Sœurs, pour arriver à Besançon au Roman de familles, radiographie subjective, sensible et surtout théâtrale, de la famille en France aujourd'hui. Où l'on voit craquer le vernis de modernité : la vie toute nue, magnifique, émouvante, une épopée. Je suis née à l'extrémité du village, lui au centre. Donc, on s'est rencontrés.

C’est ce travail de longue haleine qui trouvera ici sa conclusion, ultime création qui entrecroisera les fils de vies faites de convictions et de déceptions, d’espoirs et de peurs, de petits bonheurs et de frustrations. ;Des vies ordinaires de gens ordinaires, nos voisins, nos amis ou peut-être simplement nous-mêmes, portées à la scène avec émotion ou humour dont les pages portent le sceau de l’authenticité et la signature d’une troupe généreuse.

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Tous ceux qui ont été interviewés, qui ont raconté, montré à ceux qui les interviewaient, Elsa Quinette, la troupe de la Jacquerie et les étudiants du DEUST Théâtre de Besançon et des élèves de l’École de marionnettes de Charleville-Mezières. Alain Mollot et Christophe Merlant qui ont mis en forme cette théâtralisation de la vie. Georges Buisson, pour les histoires de pères. Tous ceux qui ont improvisé, joué, construit par étapes L'Épopée quotidienne. Ceux qui l'éclairent, l'encadrent, l'habillent. Toute l'équipe. Et aussi les coproducteurs qui ont offert à la troupe les différents temps de gestation nécessaires (à Montbéliard, Combs-la-Ville, Amiens, Calais, Besançon). Car au théâtre le temps n'est pas de l'argent, c'est le contraire : l'argent, c'est du temps pour la création.

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On est au bord de la provocation, tant le Quotidien est taxé de monotonie, d’ennui, de platitude, de non événement. Le quotidien : rongeur d’amour, rails dont on aimerait tant sortir, parfois... Fantasme, préjugé et vrai mensonge : la vie, c’est d’abord le quotidien.

À l’épopée il faut des héros, des demi-dieux ; il faut du merveilleux, terriblement miraculeux, du très beau et du très laid, et en tous les cas du grand. Et qui dit que nos vies sont petites ? Prenez Thérèse (qui ne figure pas dans le spectacle de la Jacquerie, mais s’est racontée ailleurs) : voilà une femme qui fait un bon bilan de sa vie. « Quand j’pense que j’ai fait tout ça ! », tout ça, c’est, dans la pauvreté, au milieu du XXème siècle, accrocher des rideaux aux fenêtres, parvenir à acheter une machine à laver, et même un canapé pour le salon, sou à sou et astuce après astuce... Faire vivre une famille et lui donner le minuscule bonheur quotidien nécessaire... Rien que ça, faire d’une vie difficile une bonne vie, pour le petit groupe de gens qu’on aime et dont on est responsable, si ce n’est pas de l’héroïsme, ça ? Que même cette chose si décriée, la consommation, puisse participer du merveilleux, exactement à l’opposé des merveilles habiles de la publicité, raconte quelque chose de la puissance humaine, du don humain, de la générosité, ce n’est pas une belle affaire de théâtre, ça ?

Bon, dira le grognon, si l’on s’occupe du quotidien, on n’a aucun besoin du théâtre ! Erreur, répond le théâtre : mon travail, dit-il, est de profiter de ce moment à part, privilégié, où les spectateurs quittent le quotidien pour mieux voir la vie, pour révéler, avec mes moyens, ce que le quotidien, ce pauvre quotidien incriminé, nous masque, empêtrés que nous sommes dans nos affects, nos émotions, et dans tout ce que l’idéologie dominante, la « world company » nous assène.

À l’épopée, il faut un peuple, aussi, représenté, défendu par les héros, porteur des héros. Et si le peuple était le vrai héros, aux exploits dérisoires, nous, chacun à notre tour ? Entendons-nous sur les exploits, sur les dragons à tuer, sur les princesses à délivrer : le prince n’a que faire de la légende au moment où il tue le dragon, il est trop occupé par la nécessité. Comme vous et moi : face au dragon, on se bat, et c’est tout. L’héroïsme consiste peut-être à reconnaître son dragon, tapi dans le quotidien, caché sous la grisaille ; et l’épopée à célébrer le combat avec toujours une petite victoire ou une autre à savourer.

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Travail
La mère : c’est que je suis des années cinquante, moi ! J’ai travaillé à treize ans et demie... Un franc de l’heure pour être cordonnière. J’ ai travaillé plusieurs mois comme ça... Comme une bonne Cocotte ! Un jour, j’ai dit : « Non ! On arrête tout ! » J’ai pris ma paye, j’ai réalisé que j’étais déjà en train de me faire baiser la gueule ! J’ai dit : « Fini ! ». J’ai fait la révolution toute seule, tout de suite, dans ma petite tête...

Divorce
La mère : Mon premier mari... La dernière fois que je l’ai vu, c’était le jour du divorce... On avait mis déjà douze ans pour divorcer, ben merde alors !... Oui, douze ans, mais j’avais eu la bonne idée d’épouser un Suisse.

Respect
Cécile : Mon père, quand il sera vieux, il aura plus de cheveux, c’est sûr ! oui, il sera un peu lent, il l’est déjà un peu, oui ! Il sera dans un fauteuil, il fera...
Le Père : Je suis vieux maintenant ! Tu pourrais avoir le respect des aînés !
Cécile : Voilà ! j’le vois bien sortir des phrases comme ça !

Bilan
Tony : J’vais avoir 51 ans, si c’était à refaire, je ref’rais pareil, sauf que j’irais moins en prison.

Père
Tony : J’en ai élevés sept, des enfants. Trois mariages ! les enfants, c’est formidable, c’est ma vie, c’est clair. J’suis toujours avec eux, quand j’suis pas là.

Mère
Lucienne : j’ai dit : « Docteur, on opère, parce que j’ai eu un miracle pour venir, alors réussissez parce que j’ai pas de quoi m’habiller en noir et pour payer l’enterrement de mon fils ».

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C’est à l’école de Jacques Lecoq, où il sera plus tard professeur, qu’Alain Mollot fonde en 1975 avec un groupe de comédiens le Théâtre de la Jacquerie qui sillonnera la France avec ses spectacles chaleureux. Après avoir beaucoup utilisé la dérision, la Jacquerie s’est récemment attaquée aux "grands sentiments ".

Pendant dix ans, la Jacquerie est une troupe permanente qui sillonne la France sans véritable port d'attache. Les comédiens de la compagnie improvisent et des auteurs mettent cette matière en forme. C'est ainsi que l'écrivain Jean-Pierre Chabrol rencontre et accompagne la compagnie sur plusieurs créations (notamment Lumpen en 1980 et Tit bonhomme l'est pas très mort en 1978 qui auront un grand écho). La compagnie monte, à cette période, une petite forme théâtrale : Histoire du Théâtre Populaire qui tournera de nombreuses années dans toutes sortes de salles. Elle s'attachera toujours à rencontrer le public au plus près, notamment par le moyen de ses « petites formes ».

En 1985, la Jacquerie s'implante dans le Val de Marne, à Villejuif. Les comédiens changent, le metteur en scène devient le seul pivot de la compagnie qui aborde le répertoire à travers Molière (l'Ecole des femmes), Goldoni (le Café), Romain Rolland (Robespierre), Brecht (Maître Puntila et son valet Matti)... Puis Alain Mollot écrit son premier texte, Sur le sable, qu'il monte en 93. En 92, A. Mollot travaille avec une nouvelle génération de comédiens dont il a été le professeur à l'école Lecoq, retrouvant ainsi l'improvisation comme base de création. De ce groupe vont naître les spectacles Croquis Marrants d'une vie redoutée (joué 6 semaines au Théâtre Dejazet) Cabaret Monstre (joué 4 semaines au TEP) Six comédiens au labo, puis Ah, mon bel amour.

Après avoir beaucoup utilisé la dérision pour dénoncer les méfaits de la société, A. Mollot ressent le besoin de s'attaquer aux « grands sentiments ». Il commence par monter un drame, Liliom, de Molnar, en 1999, avant d'inviter le metteur en scène polonais Wieslaw Komasa à venir travailler avec la Jacquerie pour monter La Mère, de Witkiewicz. Parallèlement, en recueillant la parole des gens (à Montbéliard, à Sénart, en Picardie, bientôt à Calais), avec une équipe de six comédiens, se dessine l'aventure de l'épopée quotidienne.

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  • La presse

"(…) Roman de familles est un feu d’artifice d’émotions, l’épatante théâtralisation d’un vécu qui, derrière son apparente banalité, pose effectivement quelques unes des grandes questions sociétales du moment. Roman de familles est un spectacle juste, touchant, drôle, visuellement riche en trouvailles, servi par des comédiens incroyablement inventifs." Stéphane Bugat, L&A théâtre

"Avec Roman de familles, Alain Mollot et sa troupe, la Jacquerie, portent à la scène les histoires de dizaines de personnes rencontrées au fil des régions. Ces rencontres avec des gens vrais, ces histoires banales deviennent d’un extraordinaire insoupçonné : un vent de fraîcheur et de naÏveté parcourt les textes et les dialogues, l’interprétation est juste." Aurélie Rozier, Le Figaro

"Une pure merveille. Ecrits à partir de témoignages, ces bouts d’existences, ces mots authentiques sont joués par sept comédiens parfaits et bouleversants. Un spectacle, qui, sans tenter de reproduire à l’identique les conversations qui lui ont donné naissance, transcende des instants de vie et devient du théâtre. Un spectacle émouvant et magnifique." André Fetet, Zurban

" Si chaque réplique de la pièce est authentique, le résultat n’a rien d’un documentaire. Alain Mollot a su mélanger les genres, insuffler une touche onirique à des paroles vraies, susciter la surprise là où affleure le sordide, compenser les raideurs des mentalités par la grâce de déplacements presque dansés." Catherine Firmin-Didot, Télérama

" (…) Mollot, son équipe, ses comédiens sont allés au devant de nombreuses personnes, qu’ils ont fait parler. Tout s’est révélé brûlant, passionnel, gênant, parfois. Une fois au théâtre, ce « roman » a un ton de comédie car le metteur en scène et les acteurs ont été formés au style physique du théâtre de la Jacquerie. Tant mieux. Le public est aux anges." Gilles Costaz, Politis

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Sélection d’avis du public

RE: Roman de familles Le 16 février 2002 à 13h56

J'ai adoré adoré adoré ! Mes larmes coulaient en applaudissant les acteurs : combien de pièce si bien menée avec sérieux et modestie nous ont touché. Combien d'acteurs ont respecté le théâtre en ne le noyant pas dans du témoignage ou du cinéma. On y croit à chacun des personnages, on les a croisés, peut être embrassés. Ils sont tout près de nous et ça fait du bien. J'ai du mal à imaginer que l'on puisse détester cette pièce.

Roman de familles Le 14 janvier 2002 à 19h07

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RE: Roman de familles Le 16 février 2002 à 13h56

J'ai adoré adoré adoré ! Mes larmes coulaient en applaudissant les acteurs : combien de pièce si bien menée avec sérieux et modestie nous ont touché. Combien d'acteurs ont respecté le théâtre en ne le noyant pas dans du témoignage ou du cinéma. On y croit à chacun des personnages, on les a croisés, peut être embrassés. Ils sont tout près de nous et ça fait du bien. J'ai du mal à imaginer que l'on puisse détester cette pièce.

Roman de familles Le 14 janvier 2002 à 19h07

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Spectacle terminé depuis le dimanche 17 février 2002

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