Rage

Paris 19e
du 7 mars au 13 avril 2002

Rage

  • De : Alfred Savoir, Léopold Marchand
  • Mise en scène : Angel Wyvern
  • Avec : Philippe St-Clair, Elisa Robin-Gercenoc, Tico Teodorescu, Garance Crouillère, Charlotte Laffont
Un pays en proie à l'épidémie. Une femme infidèle. Un soupçon… D'après l'œuvre de Alfred Savoir et Léopold Marchand

Présentation
L'histoire...
Le Grand-Guignol...
Décor, ambiance et modernisation...
Personnages
Impressions...
Au commencement...
Le Théâtre du Sang...

Un pays en proie à l'épidémie
Une femme infidèle
Un soupçon...

D'après l'œuvre de Alfred Savoir et Léopold Marchand

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Le concept de la pièce, mélange( très modestement ) psychologie, sadisme, et instinct de survie... son principe en est vieux comme le monde, il s'agit d'un huis clos, dans la lignée de ce que l'on peut retrouver de nos jours dans, par exemple, l'art cinématographique ( Alien, ou plus récemment The Hole, pour n'en citer que quelques-uns ).

Il faut un contexte, propice à mettre le spectateur, et les personnages sous tension. Ici, il s'agit d'une colonie éloignée de tout, isolée au fin fond d'un désert; Ensuite, des personnages facilement ( du moins en apparence ) identifiables, et du reste ( toujours en apparence ) archi-classique. Ici, nous prendrons le trio amoureux basique, à savoir le mari, la femme, et l'amant.

Vient enfin l'élément déclencheur : La maladie, et la psychose grandissante. Une épidémie de rage s'est déclarée, la contamination commence, les bêtes sont toutes, sans exception, abattues, le vaccin n'arrive pas, les chiens deviennent fous, et les animaux semblent se révolter...

Pourtant, ce contexte ne semble être qu'une toile de fond, nous nous focaliserons, dans ce chaos, sur une situation encore plus isolée : Jean, chasseur, et Eve, vivent une aventure amoureuse, et adultère, qui parait idyllique. Elle, femme " moderne ", refuse les liens qui la lient avec son mari, le docteur Plassant, et Jean, chasseur viril - mais néanmoins sensible au sort des animaux ( paradoxe ), accepte cette situation sans trop de réticence...

Pourtant, il y a un personnage, à qui cet état de fait ne conviendra pas; Le docteur Plassant, mari cocufié à l'extrême, pathétique et sournois, décide de rencontrer, en face-à-face, son rival chasseur; Il le prévient, à demi-mots, sous couvert de ses activités médicales. Eve n'en fera qu'à sa tête. Plassant met alors en place un mortel stratagème, qui aura tôt fait de révéler le véritable " amour " qui unit les deux amants.

Deux personnages sont enfermés dans une pièce; L'un des deux va mourir, sans que le spectateur, ni même le couple ne sache celui qui aura été l'élu du hasard... au milieu du jeu, un pistolet, une seule et unique balle, l'instinct de survie, et la contamination par la rage pour motivation au meurtre... 

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Genre théâtral parisien des années 1920-30, surnommé également le "Théâtre de l'épouvante ", et aujourd'hui quasiment méconnu, le Grand-Guignol fût un style excessivement populaire, et prolifique. " Devant la mort ", de même que " Sabotage ", ou " L'homme qui a vu le diable ", pour ne citer que quelques exemples, comptent parmi les pièces les plus célèbres du genre... le principe en étant rigoureusement simple : Représenter, sur scène, les peurs et les angoisses de l'époque, effrayer, épouvanter, et défier toute convenance, notamment en faisant " mourir " sur scène un maximum de personnes, le plus souvent de la manière la plus sanglante, atroce ou ironique qui soit... On notera, parmi ses représentations de la mort " moderne ", la guillotine - qui fit scandale -une grande variété d'armes blanches et d'armes à feu, et assez couramment un grand choix de tortures mécaniques ( hache à balancier, roue, démembrement, etc... ); Parmi les protagonistes des " Guignoleries ", on distinguera une très forte prépondérance des médecins, canibales ( esprit fortement colonialiste sic ! ), militaires, bourgeois, ainsi qu'un bel étalage de personnages célèbres ( le marquis de Sade, Raspoutine, etc... ); 

" L'horreur fait recette ", disait Anatole France; Autant se l'avouer de suite, le genre à très ( très ) mal vieilli. La naïveté et la propension à l'hémoglobine facile, l'esprit ( quelquefois antisémite, colonialiste, patriotique ), de même que les peurs de l'époque, sont devenues de nos jours assez obsolètes ( sinon malsaines ); Pourtant, le Grand-Guignol a eu le mérite, parmi ses auteurs, de regrouper un certain nombre de jeunes écrivains ( tel Gaston Leroux ) qui, par la suite, ont fait une carrière " honorable ", et laissent dans les archives du genre des petites perles de sadisme qui, 80 ans plus tard, peuvent être actualisées sans trop d'efforts.

" Devant la mort ", renommée " Rage " par notre troupe, en fait partie. 

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Rage est une pièce en deux actes, se déroulant exclusivement dans un seul et unique lieu ( principe du Huis Clos ), à savoir le pavillon de chasse de Jean.

A l'origine, la pièce situait le décor aux alentours d'Alger, dans une colonie française, et incluait certaines phrases qui, à notre époque, auraient pu paraitre " tendancieuses " quant à la description des " autochtones "; Nous avons fait table rase de tout cela. La scène prend place dans un désert ( le désert de l'Atlas, plus précisément ), à une époque indéterminée ( encore que passéiste ),et le pavillon de chasse se veut anachronique, étrange, sombre, et même assez inquiétant. La fidélité historique a laissé place à l'imagination, au délire, au symbolisme, le parti-pris est radical, et sans compromis.

Trois murs noirs ceinturent les comédiens; Une moquette rouge, se dépliant en racines sur les panneaux de bois achevant de détruire tout réalisme, le tout s'articulant autour d'un vieux divan napoléonien. Quelques meubles en bois; 2 lourdes portes, et une fenêtre à barreaux posent un décor qui laisse imaginer, dès les premières secondes, beaucoup plus une prison étrange qu'un pavillon de chasse colonial...

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Quatre personnages donnent vie au drame ( dont trois principaux ) :

* Jean, d'origine parisienne, n'est venu dans ce désert que pour " le plaisir de la chasse ", semble-t-il... il vient rejoindre, pour un été, Eve et son mari, qu'il a rencontré un an plus tôt. De lui, on ne sait que très peu de choses, et le spectateur hésitera à le qualifier de " brave type " ou de " salaud "...

* Eve, femme-fatale, de même que femme-enfant, est tour à tour faible et forte; Éprise de liberté ( qu'on assimilera au choix à de la personnalité, ou à du caprice ), elle s'enchaîne pourtant, pour son malheur, au chasseur qui devra la quitter d'ici peu.

* L'infirmière Baptiste, apparaît lors de la première scène; Elle pose la situation de crise, en venant aider Jean à abattre ses chiens. Baptiste prévient les amants, et leur recommande la prudence... mais ses conseils ne seront hélas pas entendus...

* Le docteur Plassant, enfin, est la charnière du drame; Il incarne l'esprit de vengeance, et de perversité, tout autant que la souffrance de l'amour déçu. Plassant aime sa femme ( qui ne lui rend pas ); De victime, il prend le statut de bourreau. Personnage complexe ( sans doute, celui qui l'est le plus dans la pièce ), il apparaît tantôt sympathique, tantôt haïssable... 

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Pour pouvoir, il me semble, apprécier et juger la pièce à sa juste valeur, ami lecteur, je voudrais faire ici quelques remarques, et donner quelques conseils;

Comme je l'ai écrit plus haut, Rage, est extrait du Grand-guignol, un genre qui a aujourd'hui presque totalement disparu; Rage n'est à proprement parler, ni une comédie ( dans le sens usuel du terme ), ni une tragédie, au sens où nous l'entendons couramment. N'espérez ni Shakespeare, ni Racine - car, même si l'on peut noter quelques petites envolées lyriques fort sympathiques, vous seriez déçus. N'espérez pas du modernisme total : La base même du texte date de 80 ans. Ne soupçonnez pas, non plus, le théâtre expérimental, car même si cette pièce peut paraître anachronique, ou étrange, je n'ai eu aucune propension à des formes nouvelles, ni même à une " révolution "...

Non. Ami lecteur, si vous voulez profiter de ce spectacle, et nous suivre dans cette petite saynète que nous vous présentons, il faudra être indulgent, et jouer le jeu, vous asseoir et observer, durant une heure, comme à travers un bocal à poissons rouge, les tracasseries, peurs, amours et haines de quatre personnages. Il vous faudra, comme au champ de course, parier sur le bon cheval, celui qui va gagner, celui qui va survivre ( notez que vous pouvez également parier sur celui qui va mourir ), laisser de côté toute votre ( éventuelle ) culture et toutes vos références... il vous faudra, peut-être, tenter de vous identifier aux personnages et essayer de deviner la fin, comme dans un bon roman policier. 

Le texte est simple ( mais pas simpliste ! ), notre troupe est jeune ( mais pleine de volonté ! ), le genre que nous avons choisi, un pari risqué, mais j'assure au spectateur que nous avons fait de notre mieux.

En espérant que la pièce vous plaise, ami lecteur, 

Angel Wyvern

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Nicolas Chelay, alias Angel Wyvern, est né le 25 octobre 1983 à Suresnes, d'un père dessinateur et photographe, d'une mère couturière; Suivant ses parents, il est d'abord mannequin enfant, puis à la suite d'un revirement total des activités familiales, passe une dizaine d'années dans le magasin de fête de ses parents, plongé dans les livres, entre costumes et maquillage; 

A dix-sept ans, il décide de quitter le cycle scolaire, pour assouvir sa passion théâtrale, et rentre au Cours Florent; Auteur amateur, puis comédien ( encore plus amateur ), le jeune homme décide bientôt de devenir metteur en scène - il vient alors à peine d'avoir sa majorité, son expérience est faible, ses fonds réduits, ses appuis pratiquement inexistants, et sa volonté ne semble avoir d'égal que sa grande naïveté face au travail à accomplir... 

Ainsi est né le Théâtre du Sang 

Huit mois de travail ( Dont quatre intensifs ) ont été nécessaires pour mener à bien le projet qu'il s'était fixé : Produire et mettre en scène son premier spectacle. Parti de rien, le Théâtre du Sang a vu ses objectifs grandir au fur et à mesure de l'avancement du projet... texte, choix et direction des acteurs, décor, costumes, musique, effets spéciaux, ont pris peu à peu forme grâce à tous ceux sans qui, par leur motivation et leur esprit d'équipe, durant ces longs mois, ont donné le meilleur d'eux-mêmes. 

La logistique et le travail fourni par toute l'équipe est impressionnant ; C'est donc humblement que je les remercie. Sans eux, rien n'aurait été possible ( et du reste, beaucoup reste encore à faire pour nos futurs projets ! )

Angel Wyvern

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Issus du mouvement dit " gothique ", et revendicatifs d'une culture " sombre ", d'inspiration Shakespearienne, Kafkaïenne, romantique, et baignant dans le milieu dit " ésotérique ", nous nous sommes tout naturellement penchés, en premier lieu, sur certaines oeuvres majeures de la culture théâtrale, telles " Huis Clos " de Sartre, ou " Erzebeth " de Claude Prin, avant de trouver, au beau milieu d'un recueil de pièces d'un genre aujourd'hui quasiment disparu, le texte qui allait devenir notre premier projet; De son titre original " Devant la mort ", le concept et la psychologie de la pièce co-écrite par Alfred Savoir, et Léopold Marchand, nous a pour ainsi dire littéralement " bluffés " ; Ré-actualisée, dépoussiérée et affinée pour les besoins de notre troupe, c'est dans une peau et un éclairage totalement différents de ce qui avait été fait auparavant, que nous vous la présentons aujourd'hui.

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Sélection d’avis du public

Rage Le 10 mars 2002 à 11h29

C'est un spectacle formidable. Je l'ai vu deux fois et j'y retourne. Belle mise en scène et troupe remarquable.

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Rage Le 10 mars 2002 à 11h29

C'est un spectacle formidable. Je l'ai vu deux fois et j'y retourne. Belle mise en scène et troupe remarquable.

Informations pratiques

Providence

73, rue Rébéval 75019 Paris

  • Métro : Pyrénées à 266 m
  • Bus : Julien Lacroix à 148 m, Pyrénées - Belleville à 182 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Providence
73, rue Rébéval 75019 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 13 avril 2002

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Spectacle terminé depuis le samedi 13 avril 2002