- Réaction organique contre tous les esclandres
Née d’un mot, scandale, elle en est l’expression à la fois gestuelle et sonore. Ce sont les souffles, puis les halètements, et enfin les cris des six danseurs qui forment la trame musicale crescendo de cette réaction organique, instinctive, contre tous les esclandres. Logique, lorsque l’on sait que selon l’étymologie, scandale est apparenté à scander. Les mots d’amour ou onomatopées de révolte deviennent les supports d’une chorégraphie proche de la transe. Celle qui s’empare d’une jeunesse à la fois libre et prisonnière, celle qui « laisse l’énergie des corps faire trébucher le cours des choses ». Non pour le pire, mais pour le meilleur !
« Par quel bout attraper le nouveau spectacle imprévisible et détonant du chorégraphe Pierre Rigal ? Intitulé Scandale, il progresse par bonds entre rituel contemporain, concert de danse, raout entre amis, cavalant de plus en plus vite vers un sommet qu’il se retient d’atteindre histoire de ménager encore quelques revirements intempestifs. » Rosita Boisseau, Le Monde, 17 janvier
Comme une odeur de scandale.
La musique qui rythme Scandale est claire, simple et directe. C’est celle de l’air qui entre et sort dans les poumons de cette farandole de danseurs. Le souffle comme source vitale du mouvement se répand dans l’espace vide. La respiration s’intensifie peu à peu emportant avec elle ces corps qui se laissent innocemment attraper. Plus tard, les halètements, les saccades, les scansions, les sifflets, les chants, les cris et les hurlements s’emparent de ces organismes lancés dans une transe irrépressible. Et ce, jusqu’à ce que le silence ne choisisse de les soulager et de les arracher à ce maelström de voix perdues… Comme un répit avant que tout cela ne recommence.
Libre et prisonnière à la fois, la jeunesse scande des mots d’amour incompréhensibles, des onomatopées de révolte ou des lamentations d’espérance. Elle ne sait plus que faire de ces tourbillons du langage et de sa propre parole. Elle préfère s’en faire un rythme, une musique pour danser, pour entrer dans la démence et laisser l’énergie des corps faire trébucher le cours des choses. Pour que les esclandres et les scandales soient absorbés et renversés par le temps. Pour le meilleur et non le pire.
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