Pièce d’actualité n°19 : El Nueve

Aubervilliers (93)
du 15 au 26 mars 2023

Pièce d’actualité n°19 : El Nueve

Fondé en 1977, El Nueve a enflammé durant près de dix ans les nuits de Mexico, comme Monika Gintersdorfer va enflammer La Commune.

  • L’occupation du théâtre pendant une semaine entière

¿ Conoces El Nueve ? Ce bar musical mexicain dont la légende n’a cessé de grandir ? Fondé en 1977 par Henri Donnadieu et Manolo Fernández, ce lieu a enflammé durant près de dix ans les nuits de Mexico.

Tour à tour refuge de la communauté LGBT, centre culturel underground, boite de nuit, lieu de prévention et d’information contre les ravages du sida, point de chute des noceurs, scène incandescente de la contre-culture artistique, il a soulevé les enthousiasmes les plus vifs… et suscité quelques descentes de police !

Aujourd’hui, c’est à La Commune que Monika Gintersdorfer espère bien ressusciter l’esprit libre et novateur de ce lieu mythique. Avec la reprise d’une ou deux de ses performances emblématiques, avec l’occupation du théâtre pendant une semaine entière où elle organisera projections, concerts, elle promet de mettre le feu dans tous les recoins de La Commune et peut-être même au-delà…

  • Entretien avec Henri Donnadieu (extraits)

Je suis arrivé à Mexico depuis la Nouvelle Calédonie le 1er décembre 1976. J’avais l’habitude d’y venir en vacances depuis Nouméa une ou deux fois par an, et quand j’ai décidé de quitter la Nouvelle Calédonie, je suis venu m’établir à Mexico. J’y avais un ami, Manolo Fernandez, qui est venu me chercher à l’aéroport. Manolo avait un restaurant qui était très reconnu mais avait fermé trois ou quatre ans auparavant. Deux semaines plus tard, lors d’une fête, j’ai rencontré des amis de Manolo, et nous leur avons fait part de notre envie de rouvrir le restaurant. Les amis nous ont dit : « Mais pourquoi vous n’ouvrez pas un lieu gay ? » Moi ça m’a paru… fantastique.

Mais Manolo, qui faisait partie de la jet set mexicaine, n’était pas emballé… mais j’ai fini par le convaincre. Ces deux amis, Manolo et moi, le 23 janvier 1977, c’est-à-dire 7 semaines après mon arrivée à Mexico, nous avons ouvert « Le 9 ». Le 9 de Mexico était plein du lundi au dimanche, tous les soirs, jusqu’à se fermeture le 6 décembre 1989. C’était le rendez-vous du tout Mexico, d’un « mexing-pot », de gens extraordinaires… Il y avait des homosexuels, bien sûr, des travestis, des drags, des hétérosexuels, des lesbiennes… C’était un endroit extraordinaire où, nuit après nuit, opérait ce que j’appelle la magie de la nuit, c’est-à-dire que tout le monde vivait en même temps… c’était vraiment fantastique, et je dois reconnaitre que, depuis que le 9 a fermé fin 1989, ce phénomène ne s’est jamais plus reproduit à Mexico.

Le 9 a marqué les années 80. Mexico sortait d’une décennie avec beaucoup de répression de la part des autorités, contre la jeunesse pour les événements de 68 et 70, contre les homosexuels. Les années 80, grâce au 9, ont permis l’ouverture à une nouvelle génération, de se sentir libre et de pouvoir s’exprimer. Aujourd’hui, tout le monde reconnait que le 9 a été très très important et a été un lieu phare des années 80. A l’époque, j’étais très en relation avec la ville de New York parce que j’appartenais au groupe d’Andy Warhol. J’avais un petit appartement, un petit studio sur Colombus Avenue et j’allais très souvent à New York, j’étais vraiment dans le cercle très rapproché d’Andy Warhol. Grâce à lui, j’ai connu Charles Ludman, directeur de théâtre à Broadway, qui avait une compagnie de théâtre, la Ridiculous Company. Et cela m’a donné l’idée de créer ma propre compagnie, travestie, à Mexico, que j’ai décidé d’appeler la Kitch Company. Tous les mercredis, je présentais un nouveau sketch que j’avais écrit moi-même, que je dirigeais, avec mes acteurs travestis de la Kitch Company et c’était un énorme succès.

Il y avait une peinture murale éphémère toutes les semaines. Les neuf peintres qui y ont contribué étaient très connus à Mexico, c’était un peu le gratin de la peinture à l’époque, des grands noms : Ricardo Garcia Mora, Diego Matthai, le créateur des Torres de Satélite, l’architecte Mathias Goeritz, et un grand directeur, des plus fameux au Mexique à l’époque, Juan Jose Gurrola. Une nuit, David Hockney est venu au 9, et quand il a vu Gurrola peindre, il s’est mis à peindre le mur éphémère avec lui. Pour moi c’était extraordinaire qu’un peintre comme David Hockney vienne au 9 et se mette à peindre !

Le 9 présentait la musique la plus avant-gardiste du pays durant les années 80. Moi-même, j’allais acheter des disques à Berlin, Londres, New York, Paris, Los Angeles… Ce qui s’écoutait au 9 s’écoutait partout un an après. Mais il venait de naître le phénomène du rock en espagnol, des groupes de rock de la movida espagnole [...] J’ai ouvert le 9 à tous ces nouveaux groupes. Le premier qui a joué au 9 était Las Insólitas Imágenes de Aurora qui par la suite est devenu un groupe très très célèbre au Mexique et dans toute l’Amérique latine, sous le nom des Caifanes.

[...] Certains groupes ont plu plus que d’autres et répétaient très souvent au 9 : le premier c’est la Maldita Vecindad, qui est vraiment né au 9 et est devenu un groupe très fameux. Le second c’est Café Tacuba qui a commencé aussi au 9 et qui est aujourd’hui l’un des groupes les plus connus en Amérique latine et particulièrement au Mexique.

La Commune Pièce d’actualité n°19 : El Nueve 5

Tout Mexico, tous les acteurs connus ou qui commençaient leur carrière… c’était l’endroit où il fallait être vu ! On a eu aussi de grands intellectuels. Le plus grand intellectuel de Mexico de l’époque, qui était aussi un grand ami à moi, Carlos Monsivais, c’était son endroit. Il adorait le 9. Un jour, il a publié dans une revue que j’avais le public le plus extraordinaire qu’on pouvait avoir à Mexico. Mais je ne faisais pas exprès, je ne convoquais pas les gens, ils venaient d’eux mêmes ! Tous les artistes, tous les politiques, beaucoup de gens qui venaient de l’étranger, des écrivains cubains qui étaient en exil, il fallait venir au 9 ! David Hockney qui avait une exposition au musée Tamayo de Mexico est venu au 9 car c’était l’endroit où il fallait être. Mais en même temps, le 9 était aussi ouvert aux classes populaires. [...] Les dimanches, c’était dédié à tous les jeunes qui habitaient dans la périphérie de Mexico. Au lieu d’ouvrir le 9 à 21h ou 22h le soir, on ouvrait à 17h, et venaient des hordes de jeunes, par le métro. Et je fermais un peu avant le dernier métro, un peu avant minuit. [...] Le dimanche il n’y avait pas d’entrée payante, c’était l’occasion pour eux d’écouter la musique et c’était plein à craquer. C’était incroyable.

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Informations pratiques

Théâtre de la Commune

2, rue Edouard Poisson 93304 Aubervilliers

Bar Grand Paris Librairie/boutique Restaurant Seine-Saint-Denis Vestiaire
  • Métro : Mairie d'Aubervilliers à 395 m
  • Bus : André Karman à 73 m, Mairie d'Aubervilliers à 297 m, Paul Bert à 357 m
  • Voiture : par la Porte d'Aubervilliers ou de La Villette - puis direction Aubervilliers centre

    Navette retour : le Théâtre de la Commune met à votre disposition une navette retour gratuite du mardi au samedi - dans la limite des places disponibles. Elle dessert les stations Porte de la Villette, Stalingrad, Gare de l'Est et Châtelet.

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Plan d’accès

Théâtre de la Commune
2, rue Edouard Poisson 93304 Aubervilliers
Spectacle terminé depuis le dimanche 26 mars 2023

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