Accueil du public
La décentralisation théâtrale en France
Gabriel Garran : 1960-1984
Alfredo Arias : 1985-1990
Brigitte Jaques : 1991-1997
Didier Bezace : 1997-....
Le Théâtre de la Commune est un lieu qui dispose de trois espaces de représentations : la grande salle (362 places), la petite salle (166 places) et le bar (80 places).
Un bar et un restaurant vous accueillent dés 19h les soirs de spectacles et jusqu'à 1 heure 30 après la fin de la représentation. Le Théâtre vous propose une restauration légère entre 12 et 24 euros.
Une librairie est également ouverte les jours de représentations : 1h30 avant et 30 minutes après les spectacles.
Un vestiaire gratuit est à votre disposition.
Le retrait des places s'effectue 30 minutes avant le début du spectacle.
Le Théâtre de la Commune met à votre disposition une navette retour gratuite du mardi au samedi - dans la limite des places disponibles. Elle dessert les stations Porte de la Villette, Stalingrad, Gare de l'Est et Châtelet.
Créé en 1965 par Gabriel Garran, le Théâtre de la Commune devient sous sa direction, Centre Dramatique National en 1971. Gabriel Garran y développe de nombreuses manifestations convaincu que " l'épanouissement de l'homme passe par l'accession à la culture " . En 1985, Alfredo Arias et le Groupe TSE lui succèdent. L'Argentine investit les lieux et la passion est le mot d'ordre.
Brigitte Jaques et François Regnault prennent, à leur tour, la direction en 1991 et le Théâtre de la Commune s'appelle dorénavant Théâtre de la Commune-Pandora, du nom de leur compagnie. Brigitte Jaques choisit d'alterner des oeuvres spectaculaires et des oeuvres plus secrètes, les classiques et les contemporains. En 1997, Didier Bezace quitte le Théâtre de l'Aquarium qu'il avait contribué à créer pour prendre la direction du Théâtre de la Commune et y impose une identité forte : travail de découverte, recherche et création dans un souci constant du rapport au spectateur. Chaque saison se déroule sous l'emblème d'une thématique et incite le spectateur à venir au théâtre, non comme en consommateur d'un spectacle, mais en voyageur et acteur d'un parcours de théâtre et de pensée.
- La décentralisation théâtrale en France
Une direction générale des Arts et Lettres
Les premières traces d'une préoccupation culturelle au sein des ministères datent de 1945 ; il s'agit alors d'une direction générale des Arts et Lettres au sein du Ministère de l'Education Nationale. Jacques Jaufard qui en est le responsable confie à Jeanne Laurent la sous-direction des Spectacles et de la Musique. C'est elle qui, jusqu'en 1952, entamera une première décentralisation théâtrale avec la création de cinq Centres Dramatiques Nationaux dans les villes de province où des compagnies se sont implantées depuis 1942.
Le C.D.N. de l'Est, dirigé par Roland Pietri et implanté à Colmar, est le premier à voir le jour en janvier 1947 ; six mois plus tard la Comédie de Saint-Etienne dirigée par Jean Dasté, devient C.D.N. En 1949, c'est au tour du Grenier de Toulouse, co-dirigé par Charles Dullin et Maurice Sarrazin et du Centre Dramatique de l'Ouest, à Rennes, dirigé par Hubert Gignoux, Georges Goubert et Guy Parigot, de devenir centres dramatiques. Enfin, en 1952, la Comédie de Provence installée à Aix-en-Provence, dirigée par Gaston Baty, est le dernier C.D.N. à s'ouvrir sous l'égide de Jeanne Laurent. Entre-temps, en 1951, Jean Vilar qui dirige toujours le Festival d'Avignon, prend la direction du Théâtre National Populaire - Chaillot.
En 1947, Pierre Bourdan est nommé à la direction du tout nouveau Ministère de la Jeunesse, des Arts et Lettres. Cette tentative d'un ministère indépendant échoue rapidement, et quelques mois après, la direction générale des Arts et Lettres réintègre l'Education Nationale.
A Lyon puis à Villeurbanne avec Roger Planchon, à Strasbourg avec la création de l'Ecole Supérieure d'Art Dramatique, dirigée par Suria Magito puis Pierre Lefèvre, à Paris avec le lancement du premier Festival International d'Art Dramatique, des actions théâtrales se mettent en place. A Amiens, à Lille, à Poitiers et à Avignon, des associations des Amis du Théâtre Populaire (ATP) organisent des spectacles, dans ces villes alors dépourvues de structures permanentes. Malgré le licenciement de Jeanne Laurent en 1952, de nombreuses manifestations s'organisent en province. Elles ne bénéficient cependant plus d'aucune reconnaissance ni de soutien financier du ministère.
La création du Ministère
En 1958, Charles de Gaulle, premier Président de la Cinquième République et Georges Pompidou, son Premier Ministre, chargent André Malraux de fonder un Ministère des Affaires Culturelles. L'inauguration aura lieu le 3 février 1959 ; il reste alors à élaborer ce nouveau ministère. Le décret du 24 juillet 1959 fixe ainsi ses missions : " le ministère chargé des Affaires Culturelles a pour mission de rendre accessibles les œuvres capitales de l'humanité, et d'abord en France, au plus grand nombre possible de français ; d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel et de favoriser la création des œuvres de l'art et de l'esprit qui l'enrichissent " . Pour réaliser ces deux objectifs, André Malraux axera sa politique autour des Maisons de la Culture, seules susceptibles de concilier les deux projets. Suivant la piste de Jeanne Laurent vers une décentralisation théâtrale, il tenta de développer ces Maisons de la Culture dans tous les départements.
A la tête de ces " cathédrales du XXème siècle " , on trouvera essentiellement des responsables de troupe, hommes et femmes de théâtre. De 1959 à 1966, les M.C. sont imaginées, préfigurées et pour les premières, mises en place ; la première au Havre en juin 1961, puis à Bourges, Caen, au T.E.P., à Rennes, Saint-Etienne, Amiens, Thonon les Bains, Firminy.
Le IVème plan de 1962 à1965 prévoit la création d'une vingtaine de Maisons de la Culture mais le Ministère des Finances ne débloquera pas les fonds nécessaires, ce qui sera à l'origine du départ de M. Moinot de la direction du théâtre, de la musique et de l'action culturelle. Il sera remplacé par M. Biasini qui favorisera lui aussi le théâtre en appliquant une politique d'aide dans quatre secteurs principaux : la décentralisation dramatique (les M.C. en sont un bon exemple), les théâtres nationaux, les compagnies théâtrales, le théâtre privé (création du Fonds de soutien au théâtre privé).
En 1966, un service de la musique au sein de la direction générale est créé et la direction du théâtre, de la musique et de l'action culturelle devient la direction du théâtre et des maisons de la culture, dont Francis Raison prend la direction.
Eté 1968
En 1967, lors d'un colloque en Avignon auquel participent directeurs d'institutions théâtrales et responsables municipaux, des revendications se font entendre en un mot d'ordre : " le pouvoir aux créateurs " .
Plus tard, en mai 1968, l'Odéon est envahi par le Living Theater de Julian Beck ; alors qu'à Lyon, 23 directeurs de théâtres populaires et de Maisons de la Culture se déclarent " solidaires des étudiants et des travailleurs en lutte et décident de se constituer en comité permanent " . Ils revendiquent une modification du statut des M.C., une augmentation du budget du Ministère, une meilleure répartition des budgets entre Paris et Province et une réforme de l'enseignement artistique... A partir de juin, les négociations s'engagent, mais si le ministère reconnaît le comité permanent et fonde une commission consultative composée de membres du gouvernement et de délégués du comité, les espoirs disparaissent vite et les fruits de cette aventure seront bien minces.
Eté 1968, en Avignon, Jean Vilar qui a déjà ouvert son festival en 1966 à Béjart, Planchon, Lavelli, Bourseiller et Jean-Luc Godart, accueille le Living Theater dont les mœurs choquent, alors que La Paillasse aux seins nus de Gérard Gélas est interdit.
Après 1968, crise des Maisons de la Culture
Le sort des M.C. après 1968 est relativement hétérogène. Si Amiens ne connaît aucune crise, et si à Reims, Rennes et Saint-Etienne, les travaux s'achèvent en 1970, ailleurs, des M.C. sont transformées en théâtres municipaux comme à Caen et à Thonon, en Maisons des Jeunes et de la Culture, comme à Firminy. Quant à Chalon-sur-Saône et Nevers, leurs M.C. disparaissent.
Le renouveau de la politique de décentralisation théâtrale
En 1973, il existe encore 9 M.C.
Après cette expérience, le ministère n'encouragera plus que l'édification d'établissements plus modestes, polyvalents. Les M.C. en préfiguration se transformeront en Centres d'action culturelle (C.A.C.), au côté desquels les Centres de développement culturel commencent à se développer.
En 1991, le directeur du théâtre, Bernard Faivre d'Arcier, coiffe du nom de " Scènes Nationales " ces trois types d'institutions vouées aux accueils et à la diffusion. Elles centrent leurs activités sur le spectacle vivant : théâtre, danse, musique, sans oublier les arts plastiques et l'audiovisuel. Il en existe actuellement une trentaine.
Parallèlement, les trente C.D.N., sans compter de nouvelles institutions plus modestes tels que sont les Centres dramatiques régionaux, créés à partir de 1985, forment les principales pièces de l'œuvre de la décentralisation théâtrale sur tout le territoire (même si des disparités subsistent). Sociétés privées, sans but lucratif, elles ont pour mission la création de spectacles dramatiques.
La création du Théâtre de la Commune d'Aubervilliers
En 1960, Jack Ralite, maire-adjoint à l'éducation et à la culture d'Aubervilliers, a pour projet la création d'un théâtre dans sa commune, comme " lieu de plaisir et de culture partagée en commun " . Il s'entend donc rapidement avec Gabriel Garran, homme de théâtre, animateur et militant culturel cherchant à s'implanter dans une municipalité pour y exercer une " activité en profondeur " .
Jack Ralite obtient carte blanche d'André Karman, maire de la ville, et travaille auprès de Gabriel Garran pour accélérer les procédures et constituer les dossiers nécessaires à la mise en place d'un théâtre.
Le groupe Firmin Gémier, à l'intérieur de l'Ecole d'art dramatique créée en 1960, est la première pierre de l'action théâtrale posée à Aubervilliers par Gabriel Garran.
Dès 1960, l'organisation d'un festival est envisagée ; il s'agit de créer un " événement-théâtre " , d'abord sans bâtiment et en l'absence de toute tradition. Le gymnase municipal accueillera donc les quatre éditions du festival, de 1961 à 1964. En 1961, La tragédie optimiste de Vichniewski est la première pièce montée par Gabriel Garran pour ce festival. Puis au cours des années 1962 à 1964, L'étoile devient rouge de O'Casey, Charles XII de Strindberg et Coriolan de Shakespeare sont successivement mises en scène par l'initiateur du projet.
En 1965, après plusieurs demandes du statut de M.C. rejetées, Gabriel Garran obtient de la municipalité la concession pour trois ans de ce que sera le futur théâtre d'Aubervilliers. La salle des fêtes est choisie pour accueillir la salle de spectacle qui ouvrira ses portes le 25 janvier 1965, date inaugurale du Théâtre de la Commune d'Aubervilliers.
En novembre 1966 enfin, la ville d'Aubervilliers reçoit du Ministère de la Culture une mission de préfiguration de Maison de la Culture. Avec la première subvention conséquente du Ministère, commence un véritable nomadisme culturel dans tout le département et notamment à Aulnay-sous-Bois et à Bobigny ; Bobigny où sera finalement décidée l'implantation de la M.C. 93 en 1971, alors que le T.C.A. devenait la même année un Centre Dramatique National.
La deuxième frange de travaux est alors décidée prévoyant une deuxième salle, avec une scène frontale, 300 places, facilement modifiable. Appelée " La coquille théâtrale " , elle était alors destinée à un théâtre de recherche. Des loges sont construites en sous-sol ainsi qu'une salle de cinéma de 150 places ; le magasin de décors et les coulisses sont étendus à l'extérieur du bâtiment d'origine ; la façade, côté square, est totalement modifiée. Le théâtre qui ouvre ses portes en 1975 après quatorze mois de travaux, n'est plus qu'un vague parent de l'ancien.
Haut de page
- Gabriel Garran : 1960-1984
Dès 1951, Gabriel Garran crée et intègre de nombreux groupes de théâtre tels que l'Union des Jeunesses Républicaines de France en 1951, le groupe Romain Rolland en 1952, la troupe du 14 juillet en 1954 ou le Théâtre de Lutèce en 1956. Comme Jean Vilar au T.N.P. et au Festival d'Avignon, Jean Dasté, Roger Planchon ou Jo Tréhard, Gabriel Garran, animé par les idées généreuses de la libération, est convaincu que " l'épanouissement de l'homme passe par l'accession à la culture " .
En 1960, cherchant à donner un sens social à sa démarche théâtrale, il propose à de nombreuses municipalités à la périphérie de Paris, le projet d'implanter un théâtre. C'est donc avec le soutien de Jack Ralite, alors maire-adjoint à l'éducation et à la culture, que Gabriel Garran entame ses activités théâtrales à Aubervilliers en 1960.
Il est à la tête des cours de théâtre donnés par l'Ecole dramatique de théâtre et du groupe Firmin Gémier, dont les objectifs sont la recherche d'un répertoire et d'une esthétique propres au groupe. Parallèlement et en l'absence de lieu de théâtre à Aubervilliers, Gabriel Garran travaille avec Noël Napo et René Allio à l'élaboration d'un festival pour lequel il fera durant quatre années consécutives de 1961 à 1964, les mises en scène dans le nouveau gymnase municipal.
Le 25 janvier 1965, Gabriel Garran inaugure le T.C.A., installé dans la salle des fêtes. La municipalité lui ayant confié la concession du lieu pour trois ans, mais ne recevant que de faibles subventions du Ministère, Gabriel Garran accumule les dettes qui s'élèvent rapidement à quelques millions de francs, malgré la multiplication des manifestations.
Avec la mission de préfiguration de la Maison de la Culture en novembre 1966, les finances de Gabriel Garran s'améliorent. Il multiplie les initiatives et les manifestations dans tout le département : montages poétiques, spectacles légers, variétés, privilégiant les initiatives tournées vers l'enfance. Un bureau de diffusion, conseils, études, destiné aux autres responsables culturels du département, est installé à Bobigny.
En 1971, le T.C.A. devient un Centre Dramatique National et Gabriel Garran reste à Aubervilliers. La direction de la Maison de la Culture qui ouvre ses portes à Bobigny, est confiée à Olivier Stern.
Gabriel Garran reste à Aubervilliers jusqu'au 31 décembre 1984. Il développe de nombreuses manifestations tournées vers le jeune public ; expositions consacrées à l'enfance, débats à la suite de représentations, rencontres avec les comédiens, création en 1967, des Ateliers du jeudi (il s'agit d'initiation à la pratique théâtrale et à l'expression artistique). Cette démarche vers les enfants se déroule dans un premier temps dans l'enceinte du théâtre puis se déplace dans les écoles avec la mise en place du tiers temps pédagogique. Le T.C.A. organise même des formations pour les enseignants. En 24 ans, 130 spectacles " jeune public " seront ainsi proposés.
Le cinéma, d'où vient Gabriel Garran, tient également une place importante au T.C.A. avec, dès février 1965, des projections le lundi avec, en alternance, une Carte blanche à... et Les lundis de la cinémathèque. L'obtention du label " Cinéma Art et Essai " puis la construction du cinéma " Le Studio " dans les sous-sols du T.C.A. en 1975 permettent, par diverses rencontres, de resserrer les liens entre " le créateur et le peuple " .
En matière de programmation, Gabriel Garran privilégie tout particulièrement les créations dont il réalisera pour moitié les mises en scène. Ses choix se tournent vers des œuvres qui soient " témoins de leur temps et aient valeur de commentaire sur notre monde " : Andorra de Frisch, Mort d'un commis voyageur d'Arthur Miller, Les Chiens de Tone Brulin, Les visions de Simone Machard de Bertolt Brecht, pour ne citer que quelques-unes de la trentaine de pièces qu'il mettra en scène au T.C.A... Il accueille également Patrice Chéreau, Ariane Mnouchkine, Manfred Karge et Matthias Langhoff, Marcel Maréchal, Philippe Adrien... En tout, 83 œuvres théâtrales dont 65 créations inédites sont ainsi présentées devant deux millions de spectateurs. Cette ouverture a permis au public de confronter les idées et de découvrir différentes formes de théâtre.
L'association entre Gabriel Garran et le Théâtre de la Commune, marquée par un appui rare de la municipalité, s'achève en 1984.
Haut de page
- Alfredo Arias : 1985-1990
En 1984, la tutelle ministérielle ne renouvelle pas la place de directeur attribuée à Gabriel Garran depuis presque 25 ans. C'est Alfredo Arias, metteur en scène argentin du Groupe TSE, qui lui succède le 1er janvier 1985. Il restera au T.C.A. alors appelé " Aubervilliers - Groupe TSE " jusqu'au 31 décembre 1990.
Le Groupe TSE avec qui il vient de poser ses valises pour quelques années à Aubervilliers est composé essentiellement d'argentins (Zobeida, Facundo Bo, Marilù Marini) ; par ailleurs, il travaillera également beaucoup avec Alain Salomon. C'est avec eux qu'il parcourt la France et une bonne partie du monde, présentant ses spectacles : Peines de cœur d'une chatte anglaise, Les jumeaux vénitiens, Trio, Sortilèges, La femme assise, Luxe, Comédie Policière, L'histoire du théâtre, ...
Durant ces six années de direction, et malgré, pour Alfredo Arias, un manque d'expérience des institutions et d'un lieu fixe, la vie du théâtre est marquée par un fonctionnement administratif efficace et une équipe très restreinte. Alfredo Arias amène à Aubervilliers son groupe artistique, son public, et à nouveau leur rencontre est un succès ; la fréquentation des salles en témoigne. Le public n'est plus aussi local qu'au début de l'aventure, il est d'avantage parisien mais, pour Alfredo Arias, seuls le plaisir et la passion comptent, " car s'il n'était qu'un seul mot pour définir ce qui a animé (son) travail, ce serait bien celui-là, et cette passion, (il) avait envie de la communiquer " .
Dans la grande salle qu'il fait chemiser de bois, il montera Boulevard du mélodrame de Juan Pineiro (1985), La Tempête de Shakespeare (1986), La Locandiera de Carlo Goldoni (1987), L'Oiseau Bleu de Maurice Maëterlinck (1988), Famille d'Artistes de Kado Kostzer (1988), Les escaliers du Sacré-Cœur de Copi (1990). Dans la petite salle, il mettra en scène Le jeu de l'amour et du hasard de Marivaux (1987) et Loretta Strong de Copi (1990). Il fera également la mise en scène de La Ronde d'Arthur Schnitzler (1987) à l'Odéon.
Au total, 24 spectacles ont été présentés devant 190 000 spectateurs.
Son contrat prend fin en décembre 1990.
Haut de page
- Brigitte Jaques : 1991-1997
Après une année de transition, Brigitte Jaques est nommée directrice du Théâtre de la Commune avec François Regnault, avec qui elle a fondé la Compagnie Pandora en 1975. Le théâtre prend alors le nom de Théâtre de la CommunePandora.
Comédienne d'Antoine Vitez, elle réalise sa première mise en scène en 1974, L'éveil du printemps de Wedekind. Elle est également enseignante à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre. Avec François Regnault et sa compagnie Pandora, elle monta des textes de Synge, Sallenave, Klossowski, Britten, Dickens, François Regnault, Corneille, Jouvet, Bernanos, Heiner Müller, Claudel, présentant ces travaux à Beaubourg, à l'Opéra Comique, au Théâtre d'Ivry, à Strasbourg, à l'Odéon, à Chaillot, au Théâtre de la Ville...
C'est avec La Nuit de l'iguane de Tennessee Williams qu'elle met en scène en 1991, que Brigitte Jaques inaugure sa programmation en invitant à Aubervilliers la Comédie-Française, avec qui elle avait créé ce spectacle.
Plusieurs axes définissent les objectifs qu'elle se fixe avec François Regnault, pour les spectacles présentés à Aubervilliers :
- une politique de création, conformément à ce qu'on attend d'un C.D.N., ce qui suppose la découverte et la présentation de pièces modernes.
- la présentation d'un certain nombre de pièces classiques, présentées dans une perspective neuve et s'adressant notamment au public scolaire.
Le souhait plus particulier de Brigitte Jaques était en effet d'alterner des œuvres spectaculaires et des œuvres plus secrètes, les classiques et les contemporains. " Arracher (les auteurs classiques) aux bibliothèques et les mettre sur notre théâtre, (...) à côté des jeunes auteurs sur notre scène moderne, où l'aventure théâtrale continue " . Ainsi, elle a mis en scène La Place royale et La mort de Pompée de Corneille (1992), Mme Klein de Wright (1993), Le Jeu du Narcisse de Wajcman et Dupin (1993), Angels in America de Tony Kushner (1996) et Sertorius de Corneille (1996).
- l'accueil de jeunes compagnies bénéficiant ainsi des avantages de l'Institution.
- la présentation, une fois l'an, d'un spectacle s'adressant au " Jeune Public " .
En 1993, elle crée l'Atelier Pandora où une vingtaine de participants travaille sous sa direction sur l'alexandrin. Elle animera également un atelier au lycée Le Corbusier.
Confrontée à d'importants problèmes financiers, Brigitte Jaques limitera en 1995 sa programmation à quelques spectacles : une production et trois accueils de spectacles. Angels in America et Sertorius furent ses deux dernières créations au Théâtre de la CommunePandora.
Au total, le Théâtre de la Commune Pandora, dirigé par Brigitte Jaques, présentera 30 œuvres dramatiques dont quatre mises en scène des textes de Corneille plusieurs fois reprises, ainsi que des spectacles pour jeune public. Parmi les metteurs en scène invités, on peut compter : Olivier Perrier, Eric Vigner, Emmanuelle Stochl, Aurélien Recoing, Claude Stratz, Michel Vuillermoz, Emmanuel Demarcy-Mota, Christian Schiaretti...
Son contrat prend fin en juin 1997.
Haut de page
Le 1er juillet 1997, Didier Bezace devient le nouveau directeur du Théâtre de la Commune d'Aubervilliers.
L'histoire de Didier Bezace est étroitement liée à celle du Théâtre de l'Aquarium qu'il a habité pendant plus de 25 ans. La compagnie qu'il a contribué à fonder avec Jean-Louis Benoît et d'autres, s'installa au début des années 70 à la Cartoucherie de Vincennes où Didier Bezace construit un travail entre recherche et répertoire, découvrant parfois des auteurs et des textes peu connus.
Avec La femme changée en renard de Garnett, Les heures blanches de Camon, Conversations entre Marguerite et le président et plus récemment Le Piège de Emmanuel Bove et Péreira prétend d'Antonio Tabucchi, il adapte des textes qui n'étaient pas destinés à la scène et les transforme en œuvres théâtrales.
" La littérature romanesque aborde les problèmes de la vie d'une autre manière. Avec les textes entre littérature et théâtre, je me balade sur un terrain plus fragile. Cette recherche me passionne, mais il faut avoir des projets, vouloir raconter des choses aux gens. Si un grand auteur rentre dans ce projet, il faut le faire, et si c'est un auteur peu connu, il faut le faire aussi. "
Comme dans La Noce chez les petits-bourgeois suivi de Grand'peur et Misère du IIIème Reich de Bertolt Brecht, Le Piège de Emmanuel Bove et Pereira prétend de Antonio Tabucchi, Didier Bezace aime les pièces où " l'ambiguïté, le silence, le mensonge et le doute jouent avec les âmes " .
Aujourd'hui à la tête d'un Centre Dramatique National, Didier Bezace continue au Théâtre de la Commune " ce qui a fait (son) identité : travail de découverte, recherche, création " . Pour sa première saison à Aubervilliers, il a choisi d'axer la programmation autour de trois thématiques : C'est pas facile, ça va aller et Ailleurs, autrement ça va aller, le premier cycle évoquait les gens ordinaires devant des événements extraordinaires, la responsabilité des petites gens devant l'Histoire ; ça va aller parlait de la vie ordinaire des gens d'aujourd'hui ; enfin, Ailleurs, autrement nous emmenait plus loin, dans un espace propre aux artistes qui le créent...
Le théâtre, dit Didier Bezace, est un lieu où l'on se regarde, avec ironie, plaisir, émotion, se débattre dans ses histoires. Ces cycles forment une trame à l'intérieur de laquelle les spectateurs sont invités à explorer les différentes pièces, au rythme qui leur convient, comme un voyage dans l'univers qui se dessine au fil des spectacles.
L'identité forte qui s'affirme dès la première saison au Théâtre de la Commune par ces cycles, vient de la résonance des textes entre eux, renforcée par la présence d'une même équipe artistique. D'autre part, elle est renforcée à travers ces parcours, par la recherche d'une relation nouvelle avec les spectateurs ; un nouveau lien avec le public, où chaque spectacle doit faire ses preuves. Des parcours de spectacles (deux ou trois sur une journée ou un week-end), des débats, des rencontres, des projections de films, accompagnent la programmation et incitent le spectateur à venir au théâtre, non comme en consommateur d'un spectacle, mais en voyageur et acteur d'un parcours de théâtre et de pensée.
La deuxième saison s'articulait autour de la thématique " Masculin, Féminin " ; la troisième autour du bonheur : " C'est mieux que rien ; quelques questions sur le bonheur " .
Des créations, un travail important sur le théâtre contemporain, une volonté de donner aux spectacles leur " chance " en les programmant sur des durées de plus en plus longues, une recherche d'un public de plus en plus étendu, la volonté de retrouver avec la ville et ses habitants une relation forte, tels sont les points forts développés par le projet de Didier Bezace.
Enfin, plusieurs tranches de travaux pris en charge en majeure partie par l'Etat, la Région et le Département, avec une maîtrise d'œuvre de la Ville d'Aubervilliers, permettent de rénover le théâtre, dans un souci de sécurité et d'un accueil plus convivial du public (entrée du théâtre rue Edouard Poisson, rénovation des gradins et des loges de la petite salle dès 1997, rénovation de la grande salle en 1998/99...).
Aubervilliers, le 5 juillet 1999
document établi d'après le rapport de stage de Manon Letourneur
Haut de page
0 avis