Metteur en scène de théâtre et d'opéra (elle créera Carmen pour le Châtelet en 2007), Sandrine Anglade a eu le désir de renouer avec l'esprit du genre, qui offre une totale liberté d'expression et d'improvisation.
Après un important travail de recherches, elle s'est entourée d'une troupe d'acteurs, musiciens, chanteurs, danseurs et circassiens. Dans un esprit de compagnonnage, ils ont travaillé un an pour s'emparer de cette farce qui donne à voir une société de faux-semblants.
Seize artistes jouent d'instruments, chantent, dansent, cabriolent... Ils créent avec talent et audace des passerelles entre les arts, dans une succession de pantalonnades fantasmatiques.
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- Note d'intention de mise en scène
Une sorte de Misanthrope à l'envers : dans Monsieur de Pourceaugnac, sous le trait de la farce cynique, se donne à voir la société de faux-semblants dénoncée par Alceste.
Tous les personnages qui jouent à construire une "pièce" autour du pauvre limousin qui est plus un mélancolique qu'un vrai naïf, s'aventurent dans une course folle, où la dextérité du langage (dialecte, syntaxe, lexique scientifique…) s'exacerbe dans la musique qui ne prend jamais la forme d' "intermèdes".
Le texte parlé, le chant, la musique, et la danse s'enchevêtrent toujours et participent de l' "inquiétante étrangeté" de la pièce. Mécanique infernale, toujours drôle et grinçante, à l'image d'un rêve ou d'un cauchemar.
Au-delà du prétexte à rire du bourgeois limousin débarquant à Paris, la pièce renvoie à un enjeu qui peut paraître simple : transformer un homme, Monsieur de Pourceaugnac en personnage d'une pièce qu'il ne connaît pas. Or ce sous-texte réveille une série de questions éminemment théâtrales.
Mise en scène et en musique par Eraste, cette machination n'est qu'un jeu de faux-semblants, de miroirs, qui vise à réduire Monsieur de Pourceaugnac à l'hébétude puis au silence. Lui qui se disait être avocat en perd aussi ses mots. Cette mue langagière joue alors comme dévoilement, et révélation d'un autre soi-même.
Du personnage à la personne, l'histoire de Monsieur de Pourceaugnac est une métaphore de l'acteur et met en son coeur, à travers le rire et la farce cynique, la question de l'identité.
Sandrine Anglade, mars 2006
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Le projet est fondamentalement un projet de troupe, autour d’une forme, "la comédie-ballet", théâtre-musique, théâtre-danse, qui ne veut en rien tendre vers une reconstitution historique.
Même si le spectacle se fonde sur des recherches théâtrales, musicologiques et chorégraphiques rigoureuses, les interprètes souhaitent l’inscrire dans notre temps, user de nos réflexions et de nos perceptions d’aujourd’hui (dramaturgiques, scénographiques, musicales).
Leur envie est de renouer avec l’esprit d’extrême ouverture, de liberté, la part d’improvisation (musicale et théâtrale) qui prévalaient au temps de Molière et Lully à ce type de spectacle.
C’est le travail d’une troupe, d’un compagnonnage artistique qui les intéresse d’interroger, afin de rendre perméables et partenaires des mondes souvent isolés aujourd’hui dans leur pratique : celui des acteurs, des musiciens, des chanteurs, des danseurs et des circassiens. Créer ensemble un "objet", une forme singulière.
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