Max

du 20 septembre au 9 octobre 2022
1h30

Max

Jérémy Lopez se glisse dans les habits de Max Linder et livre une prestation magistrale. Un seul-en-scène saisissant, au cœur des méandres de la folie.

Grandeur et décadence d'une étoile oubliée d'Hollywood. Sous la plume de Stéphane Olivié Bisson, Jérémy Lopez se glisse dans les habits de Max Linder et livre une prestation magistrale. Un seul-en-scène saisissant, au cœur des méandres de la folie.

  • Le destin fabuleux et brisé d'une étoile oubliée

1905, studios Pathé, l’acteur de théâtre Max découvre le cinéma, art naissant. Révélation et frénésie, il tourne cinq cents films, s’exporte à Hollywood, devient l’égal voire le « professeur » de Charlie Chaplin. Jaquette, chapeau de soie, haut de forme, souliers vernis et gants de noce, dits aussi « de beurre frais », il invente l’élégance comique du dandy, parfait et désopilant gentleman. Seul en scène, depuis son pays des morts, Max Linder s’adresse à Maud, sa fille de seize mois. Il lui raconte tout : ses grandeurs et ses démons, ses films – dont près d’une centaine subsistent aujourd’hui – ses amours, sa carrière américaine, et ses ténèbres. 1925, on découvre les corps de Max et de sa compagne à l’hôtel Baltimore, avenue Kléber. Jérémy Lopez, sociétaire de la Comédie-Française, incarne en chapeau claque et guêtres blanches le destin fabuleux et brisé d’une étoile oubliée, figure phare, précurseur et génie du cinéma.

  • Note d'intention

Max ou l’histoire d’un fait divers qui a glacé le monde entier un matin de Toussaint 1925 : le suicide de Max Linder, la plus grande star du monde ! La toute première star d’un art naissant : le cinéma.

Ce texte Max est pour moi tout à la fois un conte, allègre et espiègle, une fable noire d’une enfance entre deux eaux qui se prolonge bien au-delà de l’enfance, mais aussi un chant funèbre cent fois recommencé. Ce qu’on entend là, par la bouche d’un seul, égaré au milieu d’un vaste espace, perdu entre la scène déserte et cet immense écran à l’abandon, c’est l’adresse d’un mort à sa femme, morte le même jour que lui, et à la toute petite fille de seize mois qu’ils ont laissé derrière eux.

Max est doublement un fantôme puisqu’en dehors des murs de ce cinéma à Paris qui porte son nom, il ne reste presque plus rien de lui. Au lendemain de son suicide, il a payé sa mort deux fois. La plupart de ses films ont été détruits, envoyés au pilon, ou enterrés honteusement par la famille sous la vigne dans le Bordelais puis largement oubliés. Il ne   figure pas même un nom ni un prénom sur sa pierre tombale au cimetière de Saint-Loubès, son village natal. C’est cette silhouette de Max, d’homme autant que de fantôme, qui  s’épuise à démêler les fils de sa vie et de son geste qui m’a bouleversé d’abord, passionné ensuite, et enfin infiniment  troublé. Ce  fantôme chez moi en appelle un autre dont je  porte le nom et ces deux-là m’ont convoqué tout entier... Simplement, pour enfin se faire entendre. Puisqu’il est dit qu’à la mort d’un acteur il ne reste rien, que du sable...

Je suis heureux que Jérémy Lopez, dont j’admire le funambulisme qui sied aux héros, ait exprimé si fort son désir de se glisser dans le costume de Max. Jérémy se tiendra seul sur la scène, en frac, en chapeau haut de forme  et  guêtres  blanches. Seul, silhouette minuscule dépassée en taille par un haut, large et vieil écran blanc usé  dressé  pour personne, désespérément en attente d’un rai de lumière pour revivre, peut-être. Il se jouera pour lui-même et devant nous la lointaine comédie que fut sa vie, pour la millième fois sans doute. Son adresse à cette  femme qu’il a entrainée dans l’ombre et à cette petite fille qu’il n’a aperçue que quelques semaines ne trouvera pas d’écho, comme à chaque tentative.

Max s’agite devant ce théâtre d’ombres, celui d’une œuvre enfouie, jetée sciemment par d’autres dans l’oubli. Ce manège d’images passées, trouées, mitées, ces bobines gâtées par le temps, projetées comme les débris d’un naufrage rejetés par les vagues contre l’écran comme sur une grêve. C’est tout cela que Max s’épuise à tenter de saisir, pour y situer enfin quelque chose de tangible, un appui bien réel, une voix, une main peut-être....

Quel meilleur lieu qu’une scène de théâtre pour tenter de réparer poétiquement, à plusieurs, un si douloureux et injuste oubli ?

Stéphane Olivié Bisson

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Spectacle terminé depuis le dimanche 9 octobre 2022

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