Les belles endormies du bord de scène

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Chaillot - Théâtre national de la Danse

Paris 16e

du 12 novembre au 18 décembre 1999

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Les belles endormies du bord de scène

CLASSIQUE Terminé

De : Companie d'EDVIN(e)
Mise en scène : Éric Ruf, Pierre Lamandé
Avec : Céline Carrère, Valérie Decarpentrie, Marie Hélène Forestier, Katja Hunsinger, Glysleïn Lefever, Katia Lewkowicz, Sandrine Rigaut, Marie-Hélène Roig, Cathy Verney, Laure Werckmann, Cyril Anrep, Laurent Bellambe, Julien Chavrial, David Clavel, Jean Noël Cnokaert, Rodolphe Dana, Benjamin Goubé, Samuel Jouy, Pierre Lamandé, Nadir Legrand, Cédric Prévost, Sébastien Siroux, Jacques Tresse

En 1901, croyons nous, une noyée fut repêchée, une parmi tant d'autres, quelque part dans la Seine. L'autopsie ne révéla rien de particulier.
Une noyade. La fille était jeune, personne ne réclama le corps. Une inconnue.
De ces fait, l'histoire a retenu trois prénoms d’hommes : Joseph, Pierre et Etienne.
Le premier, aide du médecin légiste, appela le second, sculpteur, qui fît un moulage en plâtre du visage de la jeune fille. Etrange visage apaisant, les paupières roses et qui sourit. Du troisième on ne sait rien sinon qu'il était là et qu'il fut ému.

Jeune à en mourir. La mort et le sourire.

Nous rêvions d'écrire une pièce d'eau pour beaucoup de femmes et quelques hommes pêcheurs de corps.
Une politesse à rendre aux jeunes filles de la compagnie. Douze sœurs irréductiblement mélancoliques
- comme on dirait : une famille d'irréductibles mélancoliques
- comme on dit : un village d'irréductibles gaulois.

Douze forces vives, douze jeunesses retenues et inexploitées
- comme on dit: les belles endormies
- comme on dirait: les belles de nuit.

Douze filles en exil d'elles-mêmes, des fleurs. Douze belles mélancoliques. Elles sont noiraudes bien sûr, sombres bien sûr, et bien sûr l'intérieur de leurs cuisses a la douceur incomparée de deux ailes d'oiseaux se frottant l'une à l'autre.
On les appelle les douze mélancoliques
- comme on dit: ma douce mélancolie ou mon âme, ma chère âme ou les douze sœurs
- comme on dit: les douceurs.

On dit aussi que du caveau de famille, où elles se sont réunies mois après mois, la pierre, à embrasser, est douce comme une joue.

La Compagnie d'EDVIN(e)