Les Objets sont-ils ?

le 23 mars 2002

Les Objets sont-ils ?

“ Nous vous proposons de faire se rencontrer deux modes spécifiques du spectacle vivant que nous appellerons, faute de mieux, le théâtre clownesque et le théâtre d'image ” Stéphanie Richard et Jean-François Maurier

Les objets sont-ils, qu’est-ce à dire ?
L'histoire
Scénario
Intentions de mise en scène
Réflexions mûries
Le crik
La presse

Nous nous proposons de faire se rencontrer deux modes spécifiques du spectacle vivant que nous appellerons, faute de mieux, le théâtre clownesque et le théâtre d’images. Point d’œcuménisme béat de notre part ; nous partons de la constatation qu’à y regarder de plus près, plusieurs éléments contribuent à rapprocher ces deux formes de manière insistante.

Le rapport au texte tout d’abord, car il est clair que dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas le texte qui génère la théâtralité. Le rapport à l’objet ensuite, que clowns et manipulateurs utilisent et poétisent, le clown ayant un rapport plutôt chaotique à l’objet quand le manipulateur s’efface et le magnifie.

Enfin et surtout parce que clowns et manipulateurs possédant la faculté de s’échapper des carcans du quotidien ainsi que celle de musarder hors des sentiers battus du théâtre, il y a de part et d’autre un goût prononcé pour la poésie, l’humour, la rêverie, l’absurde, l’incongru, le déraisonnable, le franc délire et la déconnade, que nous comptons bien entretenir.

Stéphanie Richard, Jean-François Maurier

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D'un côté, Nous. Nous sommes ce que l'on appelerait des Clowns de théâtre. Nous sommes cinq, nous venons faire une conférence sur les objets.
De l'autre, donc, les Objets. Choisis avec soin ils sont simples ou compliqués, rigoureux ou imprévisibles, sages ou indisciplinés mais ils doivent nous plaire.
Et réciproquement. Nous sommes là pour poser des questions saugrenues et pertinentes, sur eux, sur nous, sur eux sans nous, sur nous avec eux. Par exemple : " de l'homme ou de l'objet qui a le dernier mot ?"
Notre volonté : musarder hors des sentiers battus car il y a de part et d'autre un goût prononcé pour la poésie, l'humour, la rêverie, l'absurde, l'incongru, le déraisonnable, le franc délire et le pas sérieux. Notre entreprise est ambitieuse mais belle : ensemble il s'agit ni plus ni mons que d'inventer et magnifier l'inutile.

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L’espace imaginé par Jean-Pierre Larroche est composé d’une structure métallique autoporteuse à géométrie variable. Sous la structure se trouve une longue table de conférence recouverte d’un gazon vert, montée sur un châssis de landau, donc très instable. Cette structure est biscornue.

Séquence 1
Entrée du 1er personnage, nous l’appellerons 1. C’est un homme. Comme tous les autres personnages par la suite, il porte sur le visage un nez bleu et à la main un dossier. Il apparaît immédiatement que 1 éprouve un problème à structurer son langage, sa pensée et ses gestes. De son discours confus et intranscriptible, il ressort qu’il s’excuse du retard de ses collègues et remercie le public d’être parmi lui.

Séquence 2
Entrée du 2e personnage. 2 est une femme coiffée d’une casquette à rabats qui la rapproche de l’épagneul breton. Fréquemment d’ailleurs au cours du spectacle, sous le poids d’une grande émotion, contrariété ou joie, 2 émettra un aboiement bref et puissant qui surprendra ses partenaires..2 entame immédiatement sa conférence. Elle nous parle du 1er objet auquel elle-même a été confrontée, à savoir la " teuteute ". 2 est une intellectuelle, 2 est une poète, 2 disjoncte facilement.

Séquence 3
Entrée de 3. 3 est une femme tout en longueur. Elle se déplace en ondulations, mi-danse mi-n’importe quoi, semble afficher en permanence une joie et une bonne humeur un tantinet plaquées. Sera pourtant capable de brusques coups de colère et de retours tout aussi brusques à la béatitude. 3 n’est pas très loin du ridicule. D’emblée, elle prend les choses en main d’une manière énergique et joviale.

Séquence 4
Entrée intempestive de 4. 4 est un homme, ses mouvements sont saccadés, sa démarche nerveuse, il déborde d’énergie, il nous fatigue déjà. Sa parole est limitée, son mode d’expression est le bruitage, l’onomatopée et une pantomime relativement imagée. A la seule vue du gazon, 4 entreprend, en un tour de main, l’évocation de nos campagnes profondes, ce qui donne approximativement : " brrr, meuh, bêêê, pioupiou, ouah ouah ! " 2 aboie, 1 s’excuse.

Séquence 5
Sortie de 5 de dessous la table. 5 est une femme. Elle semble avoir en permanence un train de retard sur les autres et la plus grande difficulté à appréhender les événements. C’est pourtant elle qui, tout au long du spectacle, introduira par ses questionnements insolites les recherches de l’équipe. Elle sort, le nez dans le gazon, y voit d’ailleurs du cresson et claironne en brûlant la politesse à ses partenaires : " les objets ! "

Séquence 6
Changement brusque d’éclairage, départ en bande-son d’un chœur résolument grandiloquent, play-back des personnages, descente des cintres d’une cocotte-minute très star. Cette séquence est pensée comme une sorte de générique, une entrée dans le vif du sujet.

Séquence 7
Retour à la lumière précédente. Chacun se présente au public. Nous avons donc Bruce, docteur en choses ; Berthe, ragouilleuse de bougnasse ; Liliane, présidente de l’association française des Femmes dépendantes aux objets tout le temps, enfin souvent ; Marie-Louise, gaveuse en cruches de terre du Lot ; et l’heureux propriétaire de la quincaillerie Bouchard & fils à Pouillon-sur-Blèze, dans le Calvados.
Puis 5 pose la première question : " Qu’est-ce qu’un objet ? ", ce qui la plonge ainsi que ses partenaires dans des abîmes de perplexité. Le débat s’engage néanmoins. Il est envisagé comme une chorégraphie sonore, où se mélangent prises de bec, démonstrations dans le vide, désaccords, station debout, silences pesants, station assise, inclinaison suspecte de la table, le tout allant vers un crescendo de confusion.

Séquence 8
Berthe interrompt brutalement le débat en posant une cocotte devant elle. Marie-Louise l’ouvre, une épaisse fumée s’en échappe. Pendant ce temps, les autres vont chercher divers contenants qu’ils déposent sur la table.
Tous ensemble, concentrés, ils se penchent, et d’un geste délicat, chacun tire un fil qu’il dévide en silence. Des objets sortent (outils et plomberie), qui viennent tour à tour se suspendre au-dessus de la table en tournant sur eux-mêmes. On s’aperçoit qu’ils forment les lettres du mot objet. Les cinq entament doucement une musique de manège forain, puis ils sortent

Séquences suivantes
Seront traitées avec grâce, acuité et rigueur, ces différentes questions : Objets et structure narrative,quel parcours ?
Y a-t-il un objet plus qu’un autre ?
Les objets sont-ils de l’art ?
L’objet libère-t-il la femme ?
L’objet s’émeut-il ?
De l’homme ou de l’objet qui a le dernier mot ?
L’objet est-il un paradigme relatif ?
Pourquoi les objets sont-ils si durs parfois ?
De l’objet à nous, n’y a-t-il qu’un pas ou plus ?
Peut-on dire que l’on est seul avec un objet ?
Objets, que feriez-vous sans nous ?

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Dans ce type de projet, mise en scène et écriture sont imbriquées. Nous sommes ici nos propres auteurs, nous écrivons debout.Il n’empêche que les questions de mise en scène, sur les choix dramaturgiques, les intentions de jeu, les personnages, le rythme, se posent.
D’abord la question des clowns et, à travers eux, celle du rire. Si nous avons choisi de placer des clowns au centre du projet, c’est parce qu’ils nous semblent les plus à même de poser un regard neuf sur le monde des objets, et parce que nous aimons le rire qu’ils proposent, un rire que, osons le dire, nous voulons subtil et intelligent. A ces clowns, il sera donc demandé beaucoup. D’être capable d’inventions, de ruptures brutales, de propositions absurdes, de conclusions inattendues. Capables de mener un train d’enfer sans pour autant nous étourdir. Capables de s’effacer derrière les objets.  Il leur faudra être des poètes en action.

La question de la dramaturgie ensuite. Il s’agit d’une histoire somme toute très simple : 5 personnages viennent faire une conférence sur les objets, ils s’interrogent à haute voix et répondent à leur manière. C’est évidemment dans la manière de poser les questions et d’y répondre que se crée le décalage. Sont abordés les problèmes de la définition même des objets, des hiérarchies subjectives que nous installons entre eux, des liens conflictuels ou affectifs que nous entretenons avec eux, de leur rapport avec la littérature, avec les arts plastiques, avec la musique. Problèmes de leur utilité, de leur autonomie, de leur vie secrète, de leurs sentiments supposés. Il y a aussi des moments totalement gratuits et saugrenus.

Certaines séquences sont fortement inspirées d’expériences artistiques antérieures, jeux surréalistes, sculptures à la Tinguely, combats à la Grok, associations poétiques à la Tati. A la fin du spectacle, nous laisserons les objets se débrouiller tout seuls et nous leur abandonnerons le plateau. L’image finale est une mise en mouvement autonome d’une machine fabriquée à partir des objets du spectacle. Nous avons tenu à ce que les objets qui participent à notre aventure viennent d’univers très différents. Ils peuvent être très rudimentaires ou sophistiqués, inutiles, voire hors d’usage ou indéfinissables, le principal c’est qu’ils nous inspirent. Les Objets sont-ils ? est un OTNI (objet théâtral non identifié) revendiqué.

Jean-François Maurier

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Parlons un peu de nos clowns. Que les choses soient bien claires : Il n’y aura ni tarte à la crème, ni virtuosité acrobatique, musicale ou autre, Il n’y aura même pas de nez. Aucun mépris de notre part cependant.
Ce qui nous intéresse, c‘est la faculté génétique du clown à ne rien considérer comme acquis, à tout regarder d’un œil neuf, c’est sa façon de survoler sa maladresse et puis ses doutes, sa perplexité.
Il est le personnage de la situation : poser des questions, c’est sa raison d’être. Le rire qu’il propose est plein de ses incertitudes, c’est pour ça qu’il nous touche. Autour d’eux, il y a des objets. Comme eux, ils sont imprévisibles, là est tout l’intérêt de leur rencontre. Il y aura forcément des équilibres douteux, des suspensions douloureuses, des catastrophes plus ou moins souhaitées, des fils qui s’emmêlent et des miracles. Ne cherchons pas à les éliminer. Préservons à notre entreprise un esprit joyeux, incertain et chaotique. Faire de ce spectacle une machine parfaitement réglée n’aurait pas de sens. Si nous devons être des virtuoses, tentons d’être des virtuoses du désordre.

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Le Club de Reflexion et d'Investigations Klounesques
Le CRIK a été fondé en 1992 à l'occasion de la mise en chantier de notre premier spectacle Vie d'artiste, fantaisie clownesque sur le monde du Théâtre créée à la maison du Théâtre et de la Danse d'Epinay sur Seine et où Jean-François Maurier anime un atelier de recherche sur le clown depuis cette époque. Le Crik, est indifférement le Club de Recherche et d'Investigation sur le Klown, ou encore la Cercle Républicain d'Intervention Klounesque, de toutes manières c'est du sérieux.

Ce qui motive notre démarche est moins le désir de reproduire plus ou moins fidèlement des archétypes de Clowns ou de situations Clownesques liés au monde de la piste que de se servir du Clown et de ses univers pour faire du Théâtre.
Si on tient pour acquis, et c'est à peu près notre seule certitude, que le Clown n'est pas un comédien de verbe, c'est donc aussi la volonté de faire un Théâtre où le texte ne serait pas le support primordial de l'acte Théâtral qui nous guide. A partir de trois fois rien, de projets dérisoires, d'enjeux absurdes et pourtant évident, de quelques objets bricolés ou détournés, d'une chansonette, faire naitre de l'émotion du rire, de la pensée, voilà notre ambition et notre plaisir. Avec le désir qu'il soit partagé.

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Côté Off
Les objets sont-ils ? est un spectacle du CRIK, le Club de réflexions et d'investigations klownesques. Un label qui, au vu du résultat, n'est pas usurpé car les cinq protagonistes se posent un peu là en fait d'investigations cocasses et de recherches saugrenues. D'abord, ils nous refont le truc un peu connu de la conférence déjantée façon Nada ou Roland Schön mais, outre qu'ils le font très bien, ils ont tôt fait de déborder le principe initial et de nous embarquer dans une exploration ébouriffante, vraiment très drôle, du monde des objets qu'on prétend injustement inanimés. Ces cinq-là, on dirait des gamins dans une brocante, joueurs naïfs et bricoleurs rusés, qui font un monde d'un rien et poésie de tout. Cela procède en quelque sorte de la contrainte oulipienne : étant donné trois broutilles, cinq ficelles et une question (par exemple : les objets sont-ils de gauche ?) qu'est-ce que ça raconte ? Détournements, extrapolations, connotations, lubies subites, tous les filons de l'imagination et de la fantaisie sont ici exploités, finement. S'il y a dans ce foisonnement loufoque, bourré d'astuces visuelles et de surprises verbales, tels moments plus brouillons et quelques répétitions, on n'en fera pas une maladie. Dans leur joute ludique avec l'objet récalcitrant, les acteurs-créateurs touchent juste le plus souvent et offrent même plusieurs séquences poético-burlesques de très haut vol, combat à mains nues contre carton et scotch par exemple. Jean Francis Maurier le metteur en scène parle à propos de ses complices de " virtuoses du désordre ". Il a raison, c'est mérité, d'autant qu'il sait, à n'en pas douter, qu'il n'y a pas au théâtre de plus beau désordre que celui qu'un art rigoureux organise.

11 Juillet 2001 - CULTURES L'Humanité

Cinq individus étranges, nez de clown en guise de nœud papillon ou de légion d'honneur, se battent avec des objets dans un duel hautement surréaliste. Leurs sketches ahurissants sous forme de conférences pompeuses débouchent sur des gags visuels, des jeux de mots à tous les degrés, avec des références politiques, sociales, et une avalanche d'allusions rapides qui déclenchent des fous rires irrépressibles. Un tuyau et des ressorts s'affrontent pour répondre à la question : "Objet et structure narrative, quel parcours ?". Des fers à repasser, poêles à frire, poupées, nounours remplacent les mots dans la conférence sur la libération de la femme. Si le jeune public rate certains gags, ce n'est pas grave, il y en a des tas dans ce tourbillon désinvolte et élégant où souffle l'esprit des plus grands humoristes. A découvrir d'urgence.

Henriette Bichonnier - Télérama

Humour, originalité et succès au programme !
Bourré d'idées, rempli de surprises, en permanence amusant, ce spectacle fin et intelligent est une grande réussite. Au départ une idée simple : le rapport de l'homme aux objets. A partir de ce vaste programme, Jean-François Maurier et Stephanie Richard ont conçu des petites histoires magiques, mettant les objets en scène. Les questions " sérieuses " (les objets sont-ils de gauche ? Les objets ont-ils libérés la femme ?…etc.) donnent lieu à des réponses pleines de fantaisie, véritables petits contes irrésistibles, d'une drôlerie incroyable.
Les auteurs ont voulu laisser place à la créativité d'acteurs clowns époustouflants. Cathy Deruet, Philippe Kieffer, Delphine Lehericey, Stéphanie Richard et Fred Yorel jouent chacun un personnage aux caractéristiques saugrenues et particulières. On retrouve ainsi Berthe Lancaster, " ragouilleuse de bougnasse ", Marie-Louise, " gaveuse en cruches de terre du Lot ", l'heureux propriétaire de la quincaillerie Bouchard & fils à Pouillon-sur-Blèze, Liliane, présidente de l'association française des Femmes dépendantes aux objets tout le temps, Bruce, docteur en choses !
Au milieu de ce délire, fait comme l'écrit Jean-François Maurier, " de jeux surréalistes, de sculptures à la Tanguy, de combats à la Grok, d'associations poétiques à la Tati ", nous évoluons comme dans un rêve merveilleux sans cesser de nous amuser délicieusement, tels des enfants. Une bien belle soirée !

Philippe Escalier - Adventice

AVIGNON(OFF). Ping-pong verbal d'un club decinq azimutés, sur le thème de l'objet.
Cela pourrait être une confrérie d'angoissés, une association sportive du dimanche, un groupe d'anciens alcooliques, un club de fétichistes bizarres, une fondation de bricoleurs. C'est un peu tout ça en même temps. Cela porte un nom: le Crik, pour Club de réflexions et d'investigations klounesques. Ils sont cinq, pour le moment, se réunissent tous les jours devant une tribune à gazon, une table recouverte de pelouse, afin de se poser des questions sur notre monde, et plus particulièrement sur sa tendance traditionnelle et moderne à la réification. "Qu'est ce qu'un objet?", "Les objets sont-ils tous frères?", "Les objets sont-ils de gauche?", "L'objet libère-t-il la femme?", "Peut-on dire que l'on est seul avec un objet?", "Objet et structure narrative, quel parcours?", " Les objets sont-ils de l'art?"... Silence, réflexion, effort, grimace. La table penche et le Crik pense. Les réponses prennent la forme de communications autant scientifiques que loufoques, de conférence logiques d'une provenance garantie pure absurdie. Au fur et à mesure des discours, les objets s'accumulent dans ce capharnaüm vieillot et ingénieux, comme si l'univers tenait entier
avec des bouts de ficelle,de carton, du gros rouleau de papier collant marron.
Pour Bruce, le plus pantin, un objet ça fait d'abord du bruit; pour Berthe, la coincée à chapka,ça ressemble avant tout à une tétine (elle dit sa,"teuteute"); pour Liliane, la plus proche de la gogol sautillante, c'est n'importe quoi; pour Marie-Louise, c'est plutôt abstrait; pour monsieur Bouchard, le plus de Funès, c'est insaisissable.
Violence et dérision. Si l'on rit souvent devant Les objets sont-ils?, c'est que chaque cas pathologique ainsi décliné transmet à un autre ses obsessions avouées, ses gestes codés, ses comportements encombrants et ses traumas tabous, comme une passe à dix où le ballon serait remplacé par une patate chaude. A tout moment, ça peut taper dur, sans souci de correction, sur les handicaps, les différences, autant que sur l'habitus du commun des mortels. Rien ne s'apprivoise, ni gestes, ni rictus, ni mécanismes, ni procédés. Personne n'est à l'abri d'un rire qui prend les objets de front pour traquer nos comportements face à eux, donc nos absences.
Car oublier les objets, c'est s'exposer au pire retour les garçons et les filles du Crik nous remettent le nez dedans, avec la violence et la dérision qu'il faut. Il y a des moments un peu faciles, où certains se re1achent et tentent de séduire trop vite mais, la plupart du temps, le défi est relevé: avec un entêtement consternant et régressif, chacun va au bout de ses peurs et de ses amours pour des objets aussi divers que variés. Ceux-ci n'ont qu'un adversaire de taille, les mots qui les dénomment, les surnomment, parfois les dégomment. Ce n'est pas la moindre réussite de ce spectacle de jongler aussi bien avec les objets qu'avec les mots, de placer du non-sens sur ce qui devrait évidemment faire sens.

Antoine De Baecque (envoyé spécial à Avignon) - Libération

Les Objets sont-ils ?
Réunissez cinq clowns-comédiens aux personnalités hétérogènes, placez-les sur une scène encombrée d’échafaudages et d’ustensiles étranges, demandez-leur d’examiner pour vous cette chose banale et néanmoins désarmante qu’est un objet. Laissez réagir pendant plusieurs séquences, en faisant confiance aux talents occultes de l’imagination et à l’art de la mise en scène. Le résultat, désopilant, est une création inclassable, débordant d’humour et d’invention, quelque part entre le spectacle de clown et le théâtre d’images.
L’un des aspects les plus redoutables du travail théâtral, c’est l’apprentissage des objets, que l’on appelle avec une désinvolture fautive les accessoires, et de leur inaltérable présence. « Les objets sont contre nous », s’inquiète Claire dans Les Bonnes de Genet, et tel doit être le cas dans bien des cauchemars de comédiens, les veilles de première. Sur la scène du Théâtre de Proposition, c’est une véritable invasion, capable de dérouter le plus blasé des quincailliers. Les objets pleuvent, s’entassent, se bousculent, se multiplient, à croire qu’ils se reproduisent entre eux – pourquoi pas, d’ailleurs ? Et pourtant, les cinq comédiens-clowns s’en jouent avec une facilité déconcertante, et réussissent même à faire jouer l’inerte, à projeter l’ « accessoire » sur le devant de la scène, comme cette Cocotte-Minute descendant du ciel sous le feu des projecteurs, gracieuse et starisée. Nous n’hésiterons donc pas à parler de prouesse théâtrale.
« Objets, que feriez-vous sans nous ? », lance l’un des personnages, dans un ultime pied de nez, avant de disparaître pour laisser la place à un étrange ballet de chapeaux, serpillières et peluches pris de frénésie. Mais qu’on ne s’y trompe pas : c’est justement le tour de force de la mise en scène et du jeu des acteurs que de parvenir à nous faire croire que les personnages sont débordés par les objets, et que ce sont en fait ces derniers qui mènent le bal. Ainsi, la séquence « l’objet libère-t-il la femme ? », une tranche de vie de mères au foyer débordées, revisitée par un chorégraphe sans nul doute bon pour l’asile, devient une scène muette d’un grand burlesque.
Tout y passe de la place des objets au théâtre (et donc dans la vie) : l’objet-obstacle (la robe étriquée qui suffit à faire d’une belle femme une grande dégingandée), l’objet-prétexte, l’objet-symbole, l’objet-clin d’œil (les meubles Seventies aux coloris, hum, douteux), auxquels se joignent une foule d’objets non-identifiables. L’irrésistible séquence consacrée à la question « objets et structure narrative, quel parcours ? » reprend ainsi à son compte une vieille leçon de mise en scène : d’une manière ou d’une autre, ce sont toujours les objets qui tissent le lien d’une histoire. Parmi ce flot ininterrompu d’objets, certains ont une identité fortement marquée. D’autres, un peu moins, tel ce pot de caviar qui ne sait plus vraiment s’il est… de droite ou de gauche ! Le décor lui-même, loin de se cantonner à un rôle d’arrière-plan immobile et rassurant, se présente comme un milieu bancal, incertain, menaçant, mais également comme une intarissable source de surprises et d’inspiration.
Tout cela fait de « Les Objets sont-ils ? » un spectacle d’une grande poésie visuelle (vous ne regarderez plus jamais un carton comme avant) et verbale, tant il multiplie en s’amusant les points de vue sur notre rapport à la matérialité du monde qui nous entoure, et sur le décalage irréductible entre nos mots et les objets que nous essayons vainement de nous approprier par le langage. Les personnages, livrés à eux-mêmes et bien embêtés par les questions qui leur sont posées, semblent improviser leurs réponses au fur et à mesure, et leurs gestes en disent bien plus long que leurs phrases maladroites, côtoyant sans cesse l’absurde et l’hilarant.
Quand vient l’inévitable séance-diapos, les personnages improvisent un discours sur les objets de leurs premières années, sans parvenir vraiment à suivre la cadence, surtout quand le projecteur lui-même (un objet, donc…) fait des siennes. Finalement, ce n’est que lorsque l’un d’eux regarde ces objets avec un regard puéril et naïf, et en parle sans honte avec les mots de l’enfance, que tout prend sens. Et, en sortant, on s’imagine, rêveur, gamin devant un tel enchaînement de miracles. Et alors, ce qu’on avait oublié pendant tout ce temps revient à l’esprit : « Les Objets sont-ils ? » est un spectacle destiné (entre autres) aux enfants…

Par David Fauquemberg - pour TheatreOnline

L’objet de votre demande
Vous avez remarqué, les objets, il y en a vraiment partout. Mais, au fait, qu’est-ce qu’un objets ? Ce n’est certainement pas une chose, trop abstraite, trop vague. Un objet, c’est du solide. Est-on seul
avec un objet ? Y a-t-il un objet plus qu’un autre ? Comment s’en passer ? Doit-on s’en passer ? ces questions - et bien d’autres - méritent d’être posées. Elles le sont lors de ce spectacle tout public qui tient autant du théâtre d’ob-
jets (comme son nom l’indique) que du théâtre clownesque. Pour les cinq comédiens qui investissent la scène constituée d’une étrange structure branlante, prometteuse de chaos, il ne s’agit pas de de cisque mais avant tout de théâtre.
Mais le clown n’est-il pas le naïf, celui qui pose un regard étonné sur le monde. Celui qui peut tout demandé ? Proche de l’enfant en quelque sorte. Cela commence comme une conférence (afin de pousser l’absurde jusqu’à ses derniers retranchements). On ne sait pas comment cela finit. D’ailleurs, est-ce que cela finit ?

Paris Mômes

Venez assister à la conférence "les objets sont-ils ?" Votre relation à l'objet va en être changé, vous ne le regarderez plus tout à fait de la même manière ensuite. L'objet est tour à tour abordé sous les angles de la poésie, la rêverie, l'absurde, la déraison, le délire, la déconnade ... ils sont drôles et cons à la fois ! Différents thèmes sont traités parmi lesquels : Les objets sont-ils plus qu'un
autre ? De l'homme ou de l'objet qui a le dernier mot ? Les objets sont ils de gauche ? Des questions les plus décalées les unes que les autres. Entre autre, nous avons aimé la scène de "L'objet libère-t'-il la femme ?" (vous vous reconnaîtrez Mesdames), et il est possible pour Vous, Messieurs, que votre dernier cadeau ait "libéré" votre femme. Autres scènes, la séance photo et "Objets et structure narrative quel parcours" ?. Merci encore aux 5 comédiens qui sont : Bruce, docteur en choses, Berthe ragouilleuse de bougnasse, Liliane, présidente de l'association française des Femmes dépendantes aux objets tout le temps, Marie-Louise, gaveuse en cruches de terre du Lot, et l'heureux propriétaires de la quincaillerie Bouchard & Fils à Pouillon-sur-Blèze dans le Calvados. Un sujet très original traité de manière comique et clownesque avec infiniment de talent. Allez vite les voir vous ne le regretterez pas.

« L’idée est bonne, les comédiens très efficaces, le décor astucieux en diable. Et il y a toujours quelque chose de très réjouissant quand les interrogations philosophiques et métaphysiques sont gentiment moquées. » Le Figaroscope - Jean-Luc Jeener.

(Françoise et Michel) - Point-Théâtre

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Spectacle terminé depuis le samedi 23 mars 2002

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