Les Cahiers Brûlés

du 18 au 30 avril 2000

Les Cahiers Brûlés

CLASSIQUE Terminé

Cela commence ce jour de 1938 où la jeune Lidia T. se rend chez la grande poétesse Anna Akhmatova. Elle l'a connue dans son enfance par son père, le poète Korneï Tchoukovski. Elle connaît tous les poèmes d'Akhmatova par cœur, elle est très émue et aimerait paraître au meilleur d'elle-même.

Présentation
Note d'intention
Le mot des comédiennes

Présentation

Les "Cahiers Brûlés" ont déjà une histoire. Deux lectures ont été faites, au théâtre de la Tempête puis au théâtre du Chaudron au mois de juin 1998. Suite à ces lectures le Théâtre du Chaudron nous a proposé de présenter une étape de travail pour cinq représentations en décembre de la même année.

Le chantier de ces lectures comme celui de la présentation ont produit des réflexions, non seulement de perspectives pour l’objet à venir, mais sur le statut de chaque étape, ce qui donna l’impression publique favorable d’avoir eu droit a plus qu’une lecture, alors qu’il s’agissait d’une lecture réalisée, à plus qu’une présentation, alors qu’il s’agissait d’une étape. En quoi la lecture ne suffisait-elle pas ? En quoi n’épuisait-elle pas le projet ?

Il est sensible que nombre d’esquisses théâtrales sont plus satisfaisantes que leur réalisation achevée. Souvent la raison d’une telle perte tient à la manière additionnelle de traiter le théâtre. Pour achever, on ajoute. Ce n’est pas la pensée effective qui, bouleversant les enjeux de base, ordonnent l’ étape ultérieure, mais le souci d’en finir.

La tension existant entre le caractère achevé de chaque étape et le maintient de la perspective exige de redéfinir les enjeux ultérieurs.

Ce dont il s’agit dans ces "Cahiers Brûlés" c’est de la parole empêchée. Quel destin pour ces bouts de papiers qui, à peine griffonnés et confiés à la mémoire fragile de l’autre, se font flamme et se consument jusqu’à la cendre ? Le point le plus incandescent que peuvent manifester les "Cahiers Brûlés" ne se trouve ni dans la valeur intrinsèque des entretiens, pas plus que dans l’aspect biographique qui les traverse, mais dans la mise en jeu de ceci : dans ce que l’on fait taire, au delà de la restitution, il y a une perte. Il faudra vivre au foyer de cette blessure vive, parce qu’à défaut de le faire, la vie se défait et la mélancolie gagne. Et c’est précisément la poésie qui occupera cette place. Pour nous, à la puissance seconde, le théâtre.

Il se dégagera de la représentation une certaine simplicité. Cette simplicité sera de parti pris. Plusieurs raisons à cela.

Tout d’abord pour Akhmatova comme pour Lidia, faire de la souffrance son malheur, même quand il n’y a nul espoir à attendre, c’est risquer de sombrer et de ne plus pouvoir se redresser. Belle urgence pourtant que celle de maintenir son éphémère verticalité. De même pour les deux comédiennes, tomber dans le pathos serait se perdre.

Il sera nécessaire de se garder d’une représentation d’entretiens où le vraisemblable trouverait son confort dans l’évidence d’une situation convenue, parce qu’alors s’évanouirait tout ce qui fait le nerf de cette suite de chants qui manifeste le poème. Pas tel ou tel poème d’Akhmatova, mais le poème qu’est le spectacle en proie à l’absence réelle d’Akhmatova.

Ici le statut de la fiction ne sera pas de restituer dans le détail la crédibilité d’une époque passée, non seulement rien de "la vie quotidienne au temps d’Akhmatova ou de Tchoukovskaïa", mais rien non plus d’une permanence du souci de la représentation. C’est à ce prix que lorsque Isabelle Lafon se lèvera au chant premier pour offrir à Lidia désespérée le poème en langue russe, quelque chose d’Akhmatova se révélera, avant de s’évanouir lentement et que se poursuive la simplicité du jeu.

Marc-Henri Boisse

Note d'intention

Cela commence le jour où la jeune Lidia T. se rend chez la grande poétesse Anna Akhmatova. Elle l’a connue dans son enfance par son père, le poète Korneï Tchoukovski. Elle connaît tous les poèmes d’Akhmatova par cœur, elle est très émue et aimerait paraître au meilleur d’elle-même. Mais bien sûr, comme on peut s’y attendre, tous les avantages qu’elle pousse en avant la trahissent et se dérobent. Les deux femmes parlent de choses et d’autres et peu à peu…

Cela commence le jour où la jeune Lidia T. se rend pour une affaire d’importance chez la grande poétesse Anna Akhmatova. Comme souvent, lorsqu’il est question de traiter un sujet grave, on parle de choses et d’autres avant d’aborder le véritable motif de notre visite et peu à peu…

Cela commence le jour où la jeune Lidia Tchoukovskaïa ne supportant plus de rester sans nouvelles de son mari arrêté depuis peu, se rend chez la grande poétesse Anna Akhmatova. La jeune femme sait que cette dernière a vu son fils subir le même sort et qu’une lettre de sa main adressée à Staline a pu libérer le jeune homme. Elle vient pour demander conseil. Elle est très émue et peu à peu…

Marc-Henri Boisse

Imaginez un monde où vivrait une espèce d’êtres
Pour qui cette chose bizarre
Que l’on nomme poésie
Serait aussi nécessaire à la vie que
L’air à l’oiseau
Imaginez un monde où vivrait une espèce d’êtres
Qui passerait la plupart de son temps à tenter
De dompter le mystère du poème pour le
Plier à l'ordre de ses raisons
Qui l’extirperait du cœur de qui le porte
Pour dissoudre la voix de son chant
Qui scellerait la parole qui l’anime
Avant même qu’il n’ait pu trouver oreille
Pour l’entendre
Imaginez cela
Et vous serez au seuil de ces Cahiers brûlés.

Marc-Henri Boisse
avril 2000.

De dessous quelles ruines je parle,
De dessous quels décombres je crie, (...)
Et je claquerai les portes éternelles pour toujours.
Et quand même on reconnaîtra ma voix.
Et quand même de nouveau on la croira.

Anna Akhmatova
1959

Le mot des comédiennes

Lidia Tchoukovskaïa rencontre Anna Akhmatova, "grande dame de la poésie russe", pour "affaire". Anna a écrit à Staline pour qu’il fasse libérer son fils déporté dans les camps. Le mari de Lidia a été arrêté, elle est sans nouvelles, elle voudrait savoir le contenu de la lettre pour écrire, elle aussi, à Staline. Et de cette "affaire" vont naître des entretiens qui vont s’étendre sur plus de vingt années entre Anna, personnalité tumultueuse et fragile, hautaine et terriblement vivante, et Lidia, qui est là, lumineuse, fine, patiente. Leurs conversations sont intenses, fragmentées, essentielles.

Lidia Tchoukovskaïa est investie d’une mission délicate, apprendre par cœur les poèmes d’Anna Akhmatova, toute trace écrite étant trop compromettante. Le rite est le suivant : Anna dit son poème, qu’elle a écrit sur un bout de papier, Lidia l’apprend, puis elles brûlent le papier au dessus du cendrier. La poésie et l’écriture se mêlent de façon nécessaire aux paroles échangées entre ces deux femmes.

Anna Akhmatova a son fils dans les camps, elle est pratiquement tout le temps interdite de publication, mais elle reste avec sa peur, possédée d’une autre urgence : continuer à écrire comme si c’était ça le plus pressé. Elles traversent ensemble des événements éprouvants, mais Anna Akhmatova semble indiquer qu’il y a plus urgent que l’urgence : il y a les petites histoires qui résistent et qui se glissent dans l’Histoire et cela donne le souffle pour continuer...

Isabelle Lafon

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Informations pratiques

Cartoucherie - Théâtre de la Tempête

Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Cartoucherie
  • Métro : Château de Vincennes à 1 km
  • Bus : Cartoucherie à 174 m, Plaine de la Faluère à 366 m
  • Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.

    En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
    Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.

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Plan d’accès

Cartoucherie - Théâtre de la Tempête
Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 30 avril 2000

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Spectacle terminé depuis le dimanche 30 avril 2000