Le signal du promeneur

Le Signal du promeneur traite d’un art introuvable et nécessaire : celui de s’orienter, quand on a vingt ans, dans la jungle du monde. Surprises garanties !
  • Cinq hommes en rupture

Voici le point de départ du collectif belge : « Soyons frères parce que nous sommes perdus ». Cinq porteurs de lanternes et de questions se sont rassemblés pour agir ensemble. À la recherche de clarté sur des problématiques de notre société néolibérale, le Raoul Collectif se promène au rythme d’une libre pensée.

Chemin faisant, il nous raconte et incarne cinq biographies d’hommes en rupture. Ces figures échappées d’un modèle anesthésiant ou sorties du cadre pour mieux se retrouver, nourrissent une réflexion sur ce qui pousse des individus au passage à l’acte. Écriture, meurtre, fuite… Éclatée en fragments aux multiples formes, la composition chorale des « Raoul » cultive le doute et les contradictions.

Quel est le signal d’une fracture ? Le Signal du promeneur invite le spectateur à sa propre méditation sur des airs libres et joyeux.
  • Entretien avec le Raoul Collectif - mars 2012

Christophe Pineau : Votre choix de fonctionner en collectif, avec toutes les difficultés que cela implique, relève-t-il d'une prise de position politique ?
Le Raoul Collectif : La réponse est oui, mais ce n'est ni stratégique ni militant à l'origine. C'est tout simplement une expérience que nous voulions mener en commun, de façon plutôt intuitive, afin de pouvoir créer en toute liberté sans nécessité d'un chef.
On s'est réuni autour de matières et c'est le projet qui a créé le collectif. A posteriori, il y a évidemment une portée politique, dont nous avons aujourd'hui conscience. Et puis notre socle fondateur, le sujet même du projet, est éminemment politique : qu'est-ce qui pousse un homme à rompre totalement avec son milieu, voire avec la société toute entière ?

C. P. : Vous vous retrouvez autour d'une table que vous appelez l'œuf ou la poule pour travailler sur vos projets. Pouvez-vous préciser ce que cela implique et ce qui vous différencie d'autres ?
R. C. : L'œuf et la poule signalent le passage de la table au plateau. Il est bien difficile de dire, qui de la table ou du plateau, est à l'origine des choses. Nous avons travaillé pendant un an et demi pour nous mettre d'accord, en faisant beaucoup d'aller-retour entre les deux. La table nous permet de préciser nos intentions, nos enjeux. C'est aussi notre mémoire de comédiens. Elle est en fait constamment présente pour nous sur le plateau.

C. P. : De longues marches en groupe dans les Ardennes et les Cévennes ont été une phase importante pour l'élaboration de votre spectacle. Pouvez-vous nous préciser les apports artistiques de cette démarche originale ?
R. C. : Lorsque nous nous sommes réunis pour créer notre projet, nous sommes venus spontanément avec des figures de promeneurs. Pour travailler, nous sommes à la recherche d'une qualité de temps, ensemble. Nous voulons nous rapprocher de la nature pour être au plus proche de notre matière première, pour la ressentir. Parfois, nous menons ces expériences seuls. Ces temps partagés ou rapportés de nos « voyages », créent entre nous des liens forts. L'acte même de marcher d'un point à un autre dans la nature nécessite un effort physique qui nous amène au silence, à une certaine solitude, à un voyage intérieur, même en groupe.
Pour nous, ces expériences sont fondamentales pour donner naissance à un projet qui se veut intensément vivant. C'est ainsi que nous avons réussi à donner autant d'authenticité à certaines scènes du Signal du promeneur.

C. P. : Le thème de la marche est central dans votre proposition. Pouvez-vous nous expliquer comment il relie les différentes figures qui vous ont intrigués et ont inspiré votre spectacle ?
R. C. : La marche est l'un des thèmes centraux du spectacle. Par exemple, Jean-Claude Romand, l'une des figures, a concrètement passé de longues après-midi dans la forêt du Jura, afin, suppose-t-on, de pouvoir retrouver une identité que seule la forêt pourrait lui murmurer. Un autre thème important, qui peut être lié à la marche, est la solitude.
Le lien entre les figures, ce n'est pas la marche mais les promeneurs, des hommes qui ont beaucoup marché. Ils arrivent de très loin, avec de nombreux témoignages dans leurs besaces, et se dirigent vers une grande clairière pour réfléchir au monde. Ils rapportent des histoires d'hommes en rupture et leurs visions des dysfonctionnements du monde. Ces cinq porteurs de lanternes font une halte, comme on arrête le monde pour mieux le voir, et tentent de comprendre. Ce sont eux qui structurent le spectacle.

C. P. : Comment scéniquement se rassemblent et s'assemblent ces « drôles » d'histoires ?
R. C. : Cinq histoires principales nous ont particulièrement inspirés. Elles sont très intéressantes d'un point de vue dramatique. Les cinq promeneurs vont donc les rapporter, mais ces figures ne seront évidemment pas incarnées. On ne citera d'ailleurs jamais leurs noms. S'il n'y a pas de fil narratif, ni de volonté de les rassembler en une seule histoire, il y a la volonté de les mettre en écho pour donner naissance à une parole humaine forte. D'autres histoires volées à droite, à gauche, vont se coller à ce que nous aimons appeler notre « terreau dramaturgique ». Ce spectacle forme une sorte de tissu, résultat d'un long labeur.

C. P. : Pouvez-vous préciser la manière dont vous mélangez la singularité de chacun et la force de la chorale ?
R. C. : Sur le plateau, l'aspect choral est traité de manière directe, car les cinq promeneurs chantent effectivement ensemble. C'est leur manière de se retrouver, ils tentent d'unir leurs voix. Avec le collectif, nous avons toujours chanté ensemble et d'une certaine manière nous travaillons pour pouvoir continuer à chanter, à nous retrouver, à créer. La joie d'un spectacle collectif nécessite néanmoins l'assentiment de chacun, à chaque proposition (ce qui prend beaucoup de temps !).
La choralité d'un projet fouille obstinément cette question : comment faire un spectacle ensemble ? Et au-delà, comment faire pour parvenir ensemble à quelque chose dans cette société ? Pour changer le monde ? Nous sommes totalement conscients de notre part d'utopie, en cherchant obstinément une possibilité de réponse. Mais nous croyons malgré tout que nos cinq singularités réunies fondent notre force.

C. P. : Quelle recette miracle avez-vous trouvée pour mêler, tant dans le propos que dans la forme, rigueur et chaos et faire naître une réjouissante bouffée de vie ?
R. C. : Il n'y a pas de recettes miracles, à part le temps qui fait œuvre. Tout réside dans une attitude d'écoute entre nous et une lutte permanente pour chacun contre la prise de pouvoir. C'est ce respect mutuel et le partage qui font que nous nous surprenons tous les soirs et que nous continuons. Mais on peut toujours se planter ! Nous croyons en tous cas que si l'attitude est juste, le geste reste plus fort. C'est politique !
En effet, dans notre travail, nous mêlons étroitement rigueur et chaos. Nous les maintenons dans un équilibre instable, afin de transmettre une réjouissante pulsion de vie ou d'énergie. Car c'est dans le chaos que se trouve la vie et c'est d'elle que naît le rire. Nous le convoquons pour faire émerger de nouvelles forces d'existence. Sur scène, notre jeu est libre, il n'y a pas de travail de composition d'acteur, car étant donné que nous avons écrit le texte, il était plus facile de se l'approprier. Mais attention, il faut de la rigueur : sans règles, pas de chaos ! On essaie de ne pas en avoir peur... Et c'est théâtralement jouissif !

  • La presse

« Une création collective réjouissante portée par cinq jeunes hommes dans le vent qui s'interrogent sur notre époque et notre société actuelle par le prisme de cinq histoires hors des sentiers battus. » Marie Plantin, Première, 20 août 2012

« Autant le dire d’emblée, ce spectacle a le succès qu’il mérite. […] Le Signal du promeneur respire l’énergie et les questionnements d’une jeunesse ancrée dans aujourd’hui et dont la création est le reflet non seulement divertissant mais aussi dramatiquement urgent d’une réflexion active vivifiante et hautement stimulante. […] Cette traversée des tabous et malaises sociaux se fait avec une dose d’humour et un sens de l’absurde délectables. L’engagement de ce collectif est magnifique, leur travail admirable. On sort de cette expérience théâtrale chamboulé et reconnaissant. » Marie Plantin, Pariscope, 20 août 2012

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Spectacle terminé depuis le samedi 12 mai 2012

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