- Un chamboule tout sauvage et salutaire !
Un jeu de massacre jubilatoire ! Un chamboule tout sauvage et salutaire ! Un rire énorme, féroce qui se moque de l’hypocrisie, démonte le système, bouleverse nos certitudes ! Et par-dessus tout, une sensualité indomptée, un érotisme lancinant, une volupté enivrante. C’est à tout cela que nous convie Célestine, jeune parisienne embauchée comme domestique chez des notables.
Une confession terrible, cocasse et qui nous touche au cœur ! Un des plus grands textes du génie Octave Mirbeau !
« Ce récit aussi brutal que sensuel, Lisa Martino l’empoigne avec aplomb et gourmandise. Elle aiguise la cruauté suave d’Octave Mirbeau et offre à cette critique sociale en règle l’aura fascinante d’une plante vénéneuse. Sous la houlette de Nicolas Briançon, elle transforme cette plongée dans les eaux troubles de l’âme humaine en cavalcade paradoxale, qui fait froid dans le dos autant qu’elle témoigne d’une volonté irrépressible de survie. » Télérama TTT
Voilà longtemps que je rêve autour du Journal d’une femme de chambre. Sans doute l’œuvre la plus connue et pourtant la plus mystérieuse d’Octave Mirbeau. Il y a dans ce texte sans concession, lucide, terrifiant et pourtant très drôle, une vérité, une modernité encore scandaleuse. Une analyse sans concession qui raconte nos paradoxes et nos folies.
Ce que nous montre Célestine, au-delà de l’hypocrisie d’une société qui cache sa crasse sous les tapis, c’est notre humanité, dans sa solitude et ses paradoxes. Jeu de massacre, le texte n’épargne personne. Aucune strate de la société. Des pauvres aux riches, personne ne sort grandi de ce brûlot !
Alors bien sûr d’abord, il y a la sensualité de Célestine, son attrait morbide pour Joseph, mais dans ce texte, maitres et domestiques se renvoient leur perversion et leur laideur dans une structure vertigineuse. Pas de gentils, nous sommes tous coupables ! Porter ce texte au théâtre, c’est lui rendre son parfum de scandale, de révolte, sa drôlerie noire et cynique. J’aimerais que le spectateur soit comme un intime, à qui l’on avoue l’inavouable. Dans la chambre même de Célestine, au plus proche.
Pourtant, si étouffante et morbide que soit l'atmosphère, si décourageante que soit la perspective d'une humanité vouée au pourrissement et au néant, l'écriture se mue en thérapie. Ce qui devrait être source d'écœurement se révèle tonique et jubilatoire ; de l'exhibition de nos tares naît un amusement contagieux ; du fond du désespoir s'affirme la volonté d'un mieux-être qui aide à supporter moins douloureusement une existence absurde.
Très étrangement dans sa noirceur, dans son dégout, dans sa terrifiante lucidité, le roman d’une femme de chambre nous pousse à chercher une sérénité, un équilibre, et sans doute un épanouissement salutaire. Plonger en enfer, pour comprendre qu’il existe un paradis.
Un voyage nécessaire.
Nicolas Briançon
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