Le journal d'une autre

Paris 19e
du 9 au 27 juin 2009
1h45

Le journal d'une autre

En 1938, Lydia Tchoukovskaïa rend visite pour la première fois à Anna Akhmatova. C’est une visite pour "affaire". Les discussions sur la poésie, la littérature, la politique ou la survie, le partage des révoltes et des deuils, des anecdotes ou des sachets de thé, le mélange du trivial et du sublime forment le contenu de ces Entretiens.
  • Parler, c'est continuer

En 1938, Lydia Tchoukovskaïa rend visite pour la première fois à Anna Akhmatova. C’est une visite pour "affaire". Ce qui, dans le langage codé qu’elle utilise pour rédiger ses notes, signifie qu’elles vont échanger des renseignements sur leurs démarches pour faire libérer le mari de Lydia et le fils d’Anna, arrêtés depuis peu. Plus que tout, l’activité clandestine - qui consiste pour Lydia à apprendre par cœur les poèmes qu’Anna écrit avant de les brûler - les attache l’une à l’autre.

Les discussions sur la poésie, la littérature, la politique ou la survie, le partage des révoltes et des deuils, des anecdotes ou des sachets de thé, le mélange du trivial et du sublime forment le contenu de ces Entretiens.

Comment aborder ce qu'elles tissent ensemble ? Le rapport des deux actrices doit s'inventer comme le rapport entre ces deux femmes s'est inventé, au fur et à mesure de leur nécessité. C'est peut-être ici que le théâtre prend tout son sens. Dans cette proximité, cette clandestinité, cette parole qui continue malgré tout... Parler, c'est continuer.

De dessous quelles ruines je parle,
De dessous quels décombres je crie, (...)
Et je claquerai les portes éternelles
Pour toujours.
Et quand même on reconnaîtra ma voix.
Et quand même de nouveau on la croira.
Anna Akhmatova

D’après Entretiens avec Anna Akhmatova de Lydia Tchoukovskaïa.
Adaptation mise en scène, jeu : Valérie Blanchon et Isabelle Lafon.

  • Les protagonistes

Anna Akhmatova Anna Andreevna (1889-1966) :
Grande poètesse russe, passe la majeure partie de sa vie a Saint-Petersbourg (Leningrad). Ses premiers poèmes publiés à l’âge de 22 ans rencontrent un succès immédiat. Interdite officieusement en 1925, elle est mise à l’index jusqu’en 1940, période de la guerre et d’un court retour en grâce ; ses poèmes sont affichés sur les murs de Stalingrad assiégée. En 1946, attaquée par Jdanov, elle est exclue de l’union des écrivains soviétiques, donc interdite d’édition et de diffusion, mais ses poèmes circulent clandestinement et sa renommée ne faiblit pas. Apres le rapport Krouchtchev en 1956 elle est de nouveau publiée, mais le poème Requiem dédié à son mari, son fils et à toutes les victimes du stalinisme, n’est toujours pas publié dans son pays.

Anna Akhmatova s’est mariée trois fois. Son premier mari, Nikolaï Goumilev, poète et cofondateur du mouvement acméiste avec Anna et Ossip Mandelstam, est fusillé en 1921, il a 36 ans. Son troisième mari, Nikolaï Pounine, est déporté et meurt en camp durant les purges. Quant à son fils, Lev Goumilev, il est arrêté à trois reprises et passera plus de dix années en déportation. A soixante-quinze ans elle fut autorisée, pour la première fois depuis la révolution, à se rendre à l’étranger.

Lydia Tchoukovskaïa Lydia Korneeva (1907- 1996) :
Fille du célèbre écrivain et critique Korneï Tchoukovski. Femme de lettres, écrivain, critique spécialisée dans la littérature pour enfants. En 1938 son mari est arrêté et fusillé immédiatement. Tenue dans l’ignorance de sa mort, Lydia ne l’apprendra que des années plus tard. Elle-même échappe à l’arrestation en quittant Leningrad, puis elle restera sans travail. En 1939 elle écrit Sophia Petrovna, un roman traitant d’une citoyenne soviétique exemplaire dont la vie bascule à l’arrestation de son fils. Ce texte secret, écrit au péril de sa vie pendant les purges, restera un document unique sur l’année 1937. Sophia Petrovna et son roman La Plongée tiré de ses souvenirs de guerre n’ont été édités en Russie qu’à la fin des années 80. Ses lettres ouvertes aux journaux soviétiques, pour la défense d’intellectuels comme Soljénitsine et Sakharov, jamais publiées, mais diffusées en sous-main, lui ont valu une grande popularité et son exclusion de l’Union des écrivains soviétiques.

Pour donner à voir ce qui est tu dans le récit (ce qui est censuré, ce qui est codé, ce qui est embelli, rêvé, imaginé par la narratrice) il nous faut aussi imaginer, déduire, émettre des hypothèses. Cette notion d’essai, d’hypothèse, est à la fois notre processus de travail et le cadre final du spectacle. La question : “Comment prendre la parole d’une autre ?” restera ouverte dans la représentation. Pour cela, nous procéderons par glissement du temps présent au temps du livre, de “elle” à “je”, de la citation à l’appropriation… etc. La partition scénique du spectacle sera onc composée du texte de Lydia Tchoukovskaïa, et des traces de nos essais et hypothèses pour comprendre et incarner ces femmes.

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Spectacle terminé depuis le samedi 27 juin 2009

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