Le joueur d'échecs

Paris 6e
du 22 novembre 2000 au 8 septembre 2001

Le joueur d'échecs

Qui est cet inconnu capable d’en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu’antipathique ? Peut-on croire, comme il l’affirme, qu’il n’a pas joué depuis plus de vingt ans ? Voilà un mystère que les passagers oisifs de ce paquebot

Le spectacle
Note de mise en scène

Qui est cet inconnu capable d’en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu’antipathique ? Peut-on croire, comme il l’affirme, qu’il n’a pas joué depuis plus de vingt ans ? Voilà un mystère que les passagers oisifs de ce paquebot de luxe aimeraient bien percer.

Le narrateur y parviendra. Les circonstances dans lesquelles l’inconnu a acquis cette science sont terribles. Elles nous reportent aux expérimentations nazies sur les effets de l’isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, entre deux interrogatoires, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges.

Une fable inquiétante, fantastique, qui, comme le dit le personnage avec une ironie douloureuse, " pourrait servir d’illustration à la charmante époque où nous vivons. "

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Un fabuleux récit que ce " Joueur d’échecs " ? Mieux que cela. Un plaidoyer, une preuve de la nécessité de l’écrit, de la transmission, de la pensée elle même, de l’art, de la culture, dans toutes leurs formes d’expression : de l’humain.

Stéfan Zweig nous décrit en voyeur attentif et désespéré par la victoire du fascisme allemand de 1942, " les monomaniaques de tout poil ", et il s’attarde à la lisière de la folie de cet homme qui s’accroche, là, dans cet isolement monstrueux à faire fonctionner son cerveau, à " être " de toutes ses forces. Il y a du tragique, de l’émotion, bien sûr, dans cette chambre d’hôtel prison, mais aussi de l’humour, de la tendresse et de la drôlerie dans la précision si bien dessinée, sans être jamais caricaturale de tous ces personnages annexes. Ils animent ce grand paquebot et font ainsi toute la richesse de ce récit enchâssé. Stéfan Zweig y excelle. Présent en narrateur, il poursuit son enquête et nous transmet alors une force de vie insensée.

Qui mieux que Gilles Janeyrand, comédien riche, rare d’une comique tendre, d’étrangeté passagère, de désespérance du fond de l’œil, de force créatrice, de générosité, aurait pu nous embarquer dans ce récit à la première personne, et se fondre en passant, dans tous ces personnages ? Nous faire rire et compatir… Pourvu que cette situation d’isolement total ne nous arrive jamais…

Spectacle de désespoir ? Sûrement pas. Comme tout être désespéré Zweig nous communique avant tout son amour de la vie, cette foi totale envers les capacités humaines. Il n’a pas eu la force de tout recommencer, là-bas, dans son ultime exil… voilà tout… Son monde raffiné et cultivé s’écroulait, supplanté par un monde brutal et vociférant. Fatigué, dans sa soixantaine, il n’a pas eu la force de continuer le combat…

Dans ce dernier récit, publié après sa mort, j’ai cru comprendre qu’il nous demandait d’être vigilant, en éveil permanent : l’expression humaine est toujours quelque part, ou peut-être à tout moment menacée. Et malheureusement aujourd’hui, cette menace est des plus d’actualité, toute proche de nous. Nous sommes tous concernés. Le fascisme ne cesse de resurgir et d’être cautionné par tant de gens inconscients. Nous sommes de plus en plus stressés et acculés à l’action ; prendre le temps d’un livre ou d’un loisir " oisif " devient un luxe, coupables de ne pas être productifs que nous sommes. Malgré les moyens technologiques de plus en plus performants, la communication réelle, de vécu à vécu, s’amenuise. L’isolement nous guette et nous fait tous peur, Et surtout nous voulons tous rire à travers nos larmes et nos douleurs comme des enfants qui attrapent un plaisir, une joie au milieu des plus grands chagrins. Trouver la petite distance qui nous, même qui puisse nous permettre d’avancer, de continuer. Garder notre curiosité quoi qu’il advienne.

Il nous a suffit de suivre Stéfan Zweig dans sa finesse et son raffinement, sa légèreté apparent, raconter, pour réussir à transmettre et témoigner. Le plaisir du public d’adolescents, d’adultes, " cultivés " ou " populaires " venu pour cette première série de représentations à Paris durant deux mois, nous le prouve. Chacun s’est retrouvé, s’est ému, a ri, proche de Gilles et a retrouvé ou découvert Stéfan Zweig.

Alors plutôt spectacle de vigilance et d’éveil…

Nani Noël

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Spectacle terminé depuis le samedi 8 septembre 2001

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