« Le capital est du travail mort, qui ne s’anime qu’en suçant tel un vampire du travail vivant, et qui est d’autant plus vivant qu’il en suce davantage. »
- Le fonctionnement du pouvoir
On avait senti qu’ils s’intéressaient au fonctionnement du pouvoir : après Le père tralalère et Notre terreur, Sylvain Creuzevault et ses camarades investissent avec leurs armes de théâtre – improvisation, écriture au plateau, élaboration collective – un continent de pensée révolutionnaire. Chant inaugural des consciences prolétaires et des combats socialistes, méthode critique échevelée pour les uns, pour d’autres bon pour les poubelles de l’histoire, Le Capital, texte douloureusement élaboré et inachevé, édité en 1867, est pour la plupart d’entre nous un monument inconnu...
En faire théâtre, ce n’est pas “peindre en rose le personnage du capitaliste et du propriétaire foncier, ni celui de l’archaïque ouvrier, ni Jacques Bonhomme le paysan, ni les pétro-subjectivités urbaines, ni les métaphysiciens de réseaux, ni les endettés du monde entier...” Ils n’interviennent dans cette “Difficile comédie” que comme les grimaces des structures cachées de notre monde – celles qui rendent difficile d’apercevoir les visages... Avis aux spectateurs : “Il ne s’agira pas de rêves, ni d’utopie ; et de théâtre politique, c’est comme de rapport sexuel, il n’y en aura plus ! Ce sera de la comédie, pure, dure”.
- Dans le cadre du Festival d'Automne à Paris
Sylvain Creuzevault est devenu une référence pour tout collectif d’artistes désireux d’inventer une manière conviviale, politique et offensive de travailler le théâtre aujourd’hui. Ce statut privilégié est né, en partie, du succès de ses précédentes créations, au rang desquelles Notre terreur, présentée en 2010 à La Scène Watteau, qui réussissait le coup de force d’empoigner un pan entier de l’Histoire de France avec un mélange inédit de plaisir ludique, de hargne politique et de décontraction bon enfant.
Il présente aujourd’hui Le Capital et son Singe d’après Le Capital de Karl Marx. Ce gigantesque monument de l’histoire des idées, dont l’adaptation aurait déstabilisé plus d’un metteur en scène, a inspiré à Sylvain Creuzevault une « comédie, pure, dure ». Pas de visée moralisante ou de dissertation sur le « théâtre politique ». Pas question non plus d’héroïser la figure de l’ancien ouvrier ou celle du propriétaire foncier… Non : leur perspective, selon les mots du metteur en scène, « consiste non pas à aimer les hommes mais ce qui les dévore ». Eve Beauvallet, extrait du programme du Festival d’Automne à Paris 2014
« Le capital (constant) du metteur en scène, c’est sa troupe virtuose jouant le naturel, sur le fil de l’impro, puis capable de transformer un paragraphe de Marx ou d’Engels en tirade shakespearienne. » Les Échos
« Faire du Capital de Marx une comédie sans temps mort, qui ravive l'esprit de révolution : c'est le pari réussi du metteur Sylvain Creuzevault. Il remise les beaux discours et mise tout sur la pratique, le jeu avec sa part belle d'improvisation collective. » Cédric Enjalbert, Philosophie Magazine, 9 septembre 2014
« Certes, Creuzevault n’est ni le seul, ni le premier à vouloir inventer autre chose, à emprunter des chemins de traverse pour que les théâtres servent " à stocker les munitions " afin de lever des barricades. Ce qui fait sa singularité, ce sont les choix des textes qui alimentent sa démarche et de son auteur en l’occurrence Karl Marx. […] Creuzevault […] remet du politique dans le théâtre à l’heure où le théâtre de la politique est désespérant. L’ombre tutélaire de Marx plane sur tout le spectacle, surgit là où on ne s’y attend guère. C’est là que l’idée du collectif prend tout son sens. Dans cette manière de penser et de faire du théâtre où l’individualisme fait figure de valeur sûre. » Marie-José Sirach, L’Humanité, 8 septembre 2014
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